Dimanche et lundi, Béni-Saf ressemblait à
une ville morte. A l'exception des salons de photographie (et l'on sait
pourquoi !), presque la totalité des commerces étaient restés fermés. Pire
encore, même les boulangeries. Si la plupart des gens avaient tout prévu pour
les deux jours de la fête, il se trouve qu'il a toujours quelque chose à
acheter, à commencer par le pain. Le pain qui, chez nous, est non seulement un
produit indispensable, mais en plus a tendance à se manger frais et en
quantité. Le matin, chez le boulanger, souvent on ne sait même pas combien de
pains on doit prendre. Un jour, on achète une demi-douzaine de baguettes, et le
soir, il peut en rester une ou deux ; comme on peut en acheter le double et il
faudrait plus tard retourner chez l'épicier du coin.
Ce
dimanche, comme le lundi d'ailleurs, même l'épicier du coin en avait besoin
pour sa propre table. Et comme chez une grande majorité de familles, le plat
préféré, lors du premier jour de l'Aïd, est le couscous, il faudrait s'approvisionner
en pain pour la table du dîner. Plus encore, chez certaines, même le couscous
est accompagné de pain (et oui !). Mais la plupart des gens étaient rentrés
bredouilles cette matinée, le pain étant introuvable. Et je ne vous dirai rien
sur la chaîne humaine qui s'était formée devant une boulangerie (paraît-il la
seule) qui avait ouvert ses portes dans le quartier Est de la ville.
Les
vendeurs de pain traditionnel (ou de maison), quant à eux, n'avaient plus
trouvé d'intérêt à stationner sur les trottoirs, car ils se sont déjà frottés
les mains pendant le mois sacré. Une simple khobza était vendue à 30 dinars. Il
faut dire aussi que cette tension sur le pain avait commencé la veille, quand
une bonne partie des boulangeries avait déjà libéré leurs employés. Là, il est
presque inutile de signaler que dans la plupart des cas, cette main-d'oeuvre
qualifiée vient d'ailleurs et que le retour parmi les siens dure souvent une
semaine. Mardi matin, bon nombre de boulangeries étaient encore fermées.
A
cet effet, il appartient aux pouvoirs publics d'exiger des propriétaires de
boulangeries de s'organiser autour d'un calendrier strict des congés
(hebdomadaire, annuel ou exceptionnel) afin d'éviter à l'avenir ce genre de
désagrément à la population, qu'on appelle souvent clientèle. Cette dernière
qui, il est utile de le noter, n'avait pourtant rien dit sur ces petits pains
d'à peine 250 grammes, fardés au jaune d'oeuf, qu'elle payait à 10 dinars
l'unité et sous l'étiquette de brioche...
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Posté Le : 23/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohamed Bensafi
Source : www.lequotidien-oran.com