Béjaia - Beni Maouche

Béni Maouche (Béjaïa) La figue sèche cédée à 2.500 DA



Béni Maouche (Béjaïa) La figue sèche cédée à 2.500 DA
Publié le 18.10.2023 dans le Quotidien l’Expression
Par Arezki Slimani

La production estimée cette année à 44.463 quintaux a baissé de moitié, comparée à l’an dernier.
La fête de la figue sèche de Béni Maouche dans la wilaya de Béjaïa s'est achevée hier. Elle en était à sa 20e édition. Une session qui a connu une véritable réussite, en dépit de la cherté des principaux produits exposés, notamment la figue sèche, qui a été cédée, au début à 2 500 DA avant de voir son prix osciller entre 2 200 et 2 300 DA. La rareté de ce produit est due essentiellement aux conditions climatiques qui sont pour beaucoup dans cette flambée des prix.

Plus de 140 exposants venus de 13 wilayas du pays ont pris part à la la fête de la figue de Béni Maouche. Ce traditionnel rendez-vous économique et agricole avait élu domicile au complexe sportif de proximité de la localité Chérif Hamia. Placée sous le signe de «l'amélioration de la qualité et de la quantité du fruit», cette manifestation, initiée par l'Association des figuiculteurs de la commune, avec le soutien de la Chambre de l'agriculture de Béjaïa et la direction des services agricoles (DSA) de la wilaya, a connu un franc succès, y compris en matière de participation, puisque certains exposants étaient venus, entre autres, d'Oum El Bouaghi, Biskra, Adrar, Boumerdès, Bouira, Sidi Bel Abbès, Sétif et de Béjaïa. Diverses variétés et qualités de figues sèches ont été exposées et mises en vente. Il en est de même pour d'autres produits agricoles : miel, safran, huile d'olive, caroubes, couscous, pâtes, semoules d'orge et de blé, farine. D'autres produits faits maison et de manière artisanale: poivron rouge séché, les amandes, cacahuètes, pistaches, noisettes et petits pois. Bref, tout un éventail de produits du terroir que les présentateurs ont exposé à la vente, mettant en valeur leur art. Fèves, pois chiches, piment, oignons et tomates séchées sont si alléchants qu'on ne peut s'empêcher de les goûter et de finir par les acheter, en dépit des prix affichés, qui sont rebutants. Mais la qualité se paie et les dizaines de milliers de visiteurs sont rarement repartis les mains vides. «Les prix sont fixés selon la qualité du fruit», fait remarquer un exposant, pour expliquer cette rapide augmentation. Le coût de la figue sèche, produit principal de la fête, qui porte d'ailleurs (bien) son nom, varient entre 1 600 et 2 500 DA.

Cette exposition a été marquée par l'organisation de journées techniques par des experts, en plusieurs thèmes. Le professeur Khoudir Madani, directeur du Centre de recherche des technologies agroalimentaires (Crtaa) de Béjaïa s'est intéressé aux «techniques de séchage rapide, des matrices alimentaires (cas du ficus Carica)», faisant une comparaison entre les techniques classiques et modernes de séchage. Il en a développé les étapes, en mettant en exergue les avantages et les inconvénients de celles-ci. L'utilisation des nouvelles technologies par rapport à celles traditionnelles est avancée pour gagner du temps.

L'occasion a été saisie pour la signature d'une convention-cadre entre l'Association des figuiculteurs de la commune de Beni Maouche et le Crtaa. Elle s'articule autour de l'assistance à la formation des agriculteurs dans le processus de production et de séchage, de labellisation de la figue sèche pour garantir une meilleure qualité de la production, de la lutte contre les maladies. Yacine Meziane, ingénieur agronome en agroalimentaire et contrôle de qualité, directeur des études et des stages à l'Insfp d'Akbou, avait présenté une communication sur «les techniques de séchage, avec séchoir solaire indirect et à conversion forcée: réalisation et fonctionnement», développant les moyens et les méthodes à utiliser à cet effet. M.Mira avait, pour sa part, abordé, dans une conférence intitulée: «Les assurances multirisques figuiers». «De la plantation à la récolte: l'intérimaire technique et les défis sanitaires de la figue sèche de Béni Maouche était l'autre conférence animée par le docteur Salah Hadjout, du Crat de Constantine. Un atelier dédié aux femmes y a été animé par Farah Bouchafaâ, gérante d'une conserverie, sur la transformation de la figue. La communication sur les insectes ravageurs de figuiers, présentée par le docteur Aldjia Oudjiane, responsable à l'Inraa de Oued Ghir a été fortement suivie. «L'apport de la digitalisation et du numérique dans la prédiction de la maturation de la figue» animée par le professeur Anis Chikoune, n'a pas été en reste, ainsi que celle de Yacine Meziane, ingénieur agronome en agroalimentaire et contrôle de qualité, directeur des études et des stages à l'Insfp d'Akbou, Pour sa part, Mme Kacher, présidente de l'Association des femmes rurales de la wilaya de Béjaïa (Afud), avait abordé, la veille de la clôture, «la valorisation des produits du terroir des femmes rurales». La dernière journée a été consacrée à la thématique: «La filière figue en Algérie, sa situation et ses perspectives». Le professeur Ahcène Kaci, responsable à l'École supérieure nationale d'agronomie (Ensa) d'El Harrach avait passé en revue l'histoire de cette branche et les perspectives de son développement. Quant aux «contraintes et aux perspectives de la filière», elles ont fait l'objet d'une table ronde avec au bout des propositions, des recommandations, la stratégie à adopter et des solutions à préconiser afin d'éviter le déclin de la filière, qui fait face aux difficultés induites, notamment, par la sécheresse, les maladies et autres aléas, dont la salinité de plus en plus forte des sols, le rétrécissement des superficies cultivables, en raison des incendies et du vieillissement des vergers. Une situation qui a diminué la production de presque la moitié et a doublé les prix, en cinq ans. C'est ainsi que les chiffres annoncés lors de cette rencontre font état de la production de 44 463 quintaux de figues fraîches et sèches cette année, contre 72.000 à la même période de la saison dernière.

Arezki SLIMANI



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