Les dix années passées loin des feux de la rampe ont visiblement mûri l'homme. En annonçant hier, à l'hôtel Hilton, à Alger, devant une armée de journalistes, sa candidature à la prochaine élection présidentielle, Ali Benflis ne s'est pas contenté d'exposer son projet, mais s'est livré à un examen de la situation sociopolitique du pays. Une espèce d'état des lieux qui charrie les relents d'un procès en règle d'Abdelaziz Bouteflika qu'il ne cite pas au demeurant. "Le pays ne manque pas de loi, il y en a suffisamment, mais il a manqué la volonté politique de les appliquer dans toute leur rigueur et leur équité (...)", affirme d'emblée Ali Benflis.Mais c'est surtout sur le thème de la corruption, un fléau qui a gangrené la sphère politico-économique du pays ces dernières années, que l'ex-chef de gouvernement a axé l'essentiel de son intervention, un thème porteur par les temps qui courent. "Peut-on raisonnablement avoir une ambition pour son pays et pour son peuple et s'accommoder de la persistance de la corruption et de sa généralisation qui a connu ces dix dernières années des niveaux jamais atteints depuis l'Indépendance de l'Algérie '" s'interroge-t-il. "Nous apprenons par la presse, nous entendons et nous voyons autour de nous que la corruption quotidienne s'est généralisée et n'a épargné aucun service de base du pays. Le problème n'est donc pas seulement la corruption administrative mais également la corruption politique, celle qui garantit l'impunité, altère l'indépendance de la justice et porte préjudice aux finances publiques. Elle a touché ces dernières années à l'équilibre même de la société et a atteint un stade préoccupant qui menace les fondements de l'Etat. Ceux qui exercent une fonction publique doivent autant par principe que par obligation servir d'exemple", dit-il, sur un ton solennel. Benflis n'omet pas de faire un clin d'?il à l'histoire pour relever que les libertés ne sont pas encore consacrées."Nous sommes pourtant encore loin des exigences en la matière, contenues dans la Déclaration du 1er Novembre et les résolutions du Congrès de la Soummam qui ont consacré les libertés fondamentales." Il y a aussi la nécessité de bâtir des institutions fortes. "L'Algérie a un besoin urgent d'institutions fortes et représentatives autour desquelles doit s'articuler la vie de notre pays", soutient-t-il avant d'ajouter plus loin : "L'Algérie mérite d'être mieux servie (...)." Autre plaie relevée par l'ex-candidat malheureux à l'élection de 2004 : "Nous devons sortir de cette crise de confiance entre les Algériens et leurs institutions car nous n'avons pas d'autre choix, elles sont les seules garantes des droits des citoyens : le clanisme, le clientélisme, le népotisme, le régionalisme ou encore l'affairisme ne peuvent garantir définitivement les droits des citoyens. Nous devons les combattre avec la force de notre unité et la rigueur de la loi." Même la diplomatie n'a pas échappé à son constat. "Notre diplomatie doit également pouvoir s'appuyer sur les synergies entre nos exigences de sécurité nationale, une économie performante, une concertation permanente avec la classe politique et la société civile et un audiovisuel extérieur de qualité." Soit ce qui a le plus manqué durant le règne de Bouteflika.D'autant qu'il soutient que "l'ère de l'homme providentiel est révolue", même si Benflis estime "que juger l'action des hommes est toujours un processus complexe".K. KNomAdresse email
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Posté Le : 20/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim Kebir
Source : www.liberte-algerie.com