Algérie

Benflis propose des mesures d'apaisement


Ali Benflis préconise des mesures d'apaisement avant d'enclencher un processus démocratique à même de mener le bateau Algérie à bon port.M. Kebci - Alger (Le Soir) - Pour l'ex-chef du gouvernement qui s'exprimait, hier mercredi, au forum de Liberté, l'une des mesures les plus urgentes pour apaiser les esprits à un moment d'une sensibilité extrême pour notre pays, le renoncement du sérail à l'option du 5e mandat. Mais pas que cette mesure puisqu'il préconise également le renvoi du gouvernement actuel, le gel de la Haute commission indépendante de surveillance des élections de même que celui du Conseil constitutionnel, autant d'institutions qui se sont muées en véritables comités de soutien à l'option du 5e mandat pour le président sortant. Au choix, nous sommes face à la croisée des chemins, face à un tournant ou face à un point de bascule. Ceci avant de redonner la parole au peuple qui vient de décider de la magistrale façon qui soit, de prendre son destin en main, à travers des élections libres et transparentes qu'une véritable instance indépendante d'organisations chapeautera de bout en bout. Pour lui, «l'ère du tutorat politique est révolue et le dernier mot devra revenir au peuple».
Le président du parti des avant-gardes des libertés réitère encore une fois ses doutes quant à la paternité de la lettre de candidature du président-candidat, la mettant sur le compte des «forces extraconstitutionnelles qui se sont accaparées des centres de décision».
A propos des manifestations populaires récusant le 5e mandat et réclamant le départ du système en place, Benflis les qualifie de «véritable révolution résolument civique et pacifique menée, selon lui, par la majorité silencieuse qui a été privée de sa citoyenneté». Une majorité qui, chaque jour qui passe, exprime ses certitudes, ses ambitions et ses rêves, brisant des chaînes que l'on croyait indestructibles, ôtant des bâillons que l'on croyait là à jamais et elle s'affranchissait de tutelles pesantes que l'on croyait inamovibles». Pour lui, cette révolution est celle des «mentalités» en ce sens que notre peuple a «brisé les murs du silence, de la peur et de l'acceptation des faits accomplis». «C'est la majorité silencieuse qui a pris la parole sans attendre qu'on la lui donne. C'est la majorité longtemps écrasée qui veut se faire entendre face à la minorité écrasante. C'est la majorité que le système politique en place tenait pour non citoyenne et indigne des droits et libertés qui réclame aujourd'hui que sa citoyenneté pleine et entière soit restaurée, que ses droits soient reconnus et que ses libertés soient respectées», affirme Benflis.
Mais pas que cela puisque l'ancien chef du gouvernement dit relever aussi une «révolution dans les revendications» puisque, explique-t-il encore, le peuple n'est pas massivement dans les rues pour de la semoule ou du pain, de l'huile ou du sucre, il est dans la rue pour un nouveau contrat social, pour un nouveau pacte national, en somme, pour un nouveau projet politique dont il serait le gardien intransigeant et vigilant». Aussi, cette révolution se révèle dans les objectifs fixés, mettant en avant le fait que «ce que nos concitoyens et concitoyennes écrivent sur les réseaux sociaux, les banderoles derrière lesquelles ils défilent et les slogans qu'ils chantent valent plus que tous les programmes politiques réunis. Dans ces objectifs, l'appel du retrait de la candidature fictive à un cinquième mandat présidentiel tout aussi fictif que son devancier ne représentait que le sommet de l'iceberg. La base de l'iceberg était beaucoup plus grande et représentait beaucoup plus. Et c'est ainsi que toute une nouvelle terminologie politique s'est instaurée dans notre lexique politique national».
Ce qui fait dire à l'ancien chef de gouvernement que nous sommes aujourd'hui face à un processus «d'autodétermination du peuple, de réappropriation de sa souveraineté et de son statut d'attributeur unique et exclusif de légitimité et de représentativité».
M. K.