Algérie

Bénédiction ou malédiction !'



Bénédiction ou malédiction !'
Les cours mondiaux du pétrole poursuivent leur dramatique plongée. De dégringolade en dégringolade, le baril de brut est passé, hier, en dessous de la barre fatidique de 59 dollars. Spécialistes des marchés boursiers, responsables des institutions financières multilatérales et leaders politiques annoncent des temps moroses pour l'économie mondiale, sur fond d'instabilité politique. Fidèle à sa doctrine d'austérité, le FMI incite les pays producteurs à maîtriser sans délais leurs dépenses publiques dans une allusion à une réduction drastique des transferts sociaux. La banque centrale d'Angleterre, de son côté, met en garde contre une vague de protestations et d'instabilité susceptiblent de détourner les investisseurs de ce secteur stratégique de l'énergie. Une éventualité qui, à moyen terme, se solderait par une hausse vertigineuse des cours en raison de la baisse attendue de la production, ajoute-t-on de même source. Bref, tous les pronostics se veulent alarmistes. Le gouverneur de la Banque centrale d'Algérie, n'échappant pas à ce pessimisme contagieux, met en garde contre la persistance de cette chute avec ses effets prévisibles sur la balance des paiements extérieurs. Le premier banquier du pays souligne que les réserves de change accumulées ces dernières années, ce veau d'or dont on parle tant, ne tiendraient pas longtemps le choc.Tous ces messieurs expriment de fortes inquiétudes et annoncent fermement des temps durs. Sans le dire directement et franchement, ils s'adressent, tous, aux citoyens des pays producteurs qui seraient «gâtés» par l'embellie de la dernière décennie. Façon de leur dire «préparez-vous à serrer la ceinture et à retrousser vos manches». C'est ce qu'on appelle communément la période des vaches maigres synonyme de rigueur et de privations. Nous autres Algériens, qui avons la fâcheuse habitude de tout réclamer à l'Etat, sommes aux premières lignes. Au cours des quinze dernières années, nos concitoyens protestent plus qu'ils ne travaillent. Grèves, marches, rassemblements, fermetures d'axes routiers et affrontements avec la police rythment la chronique locale. Salariés, chômeurs, pré-employés, pauvres et riches propriétaires participent à ce mécontentement généralisé. On sollicite, toujours à l'endroit de l'Etat, des logements sociaux, des lots de terrain, du travail peu contraignant et bien rémunéré, des hausses de salaires, des rappels, des crédits sans intérêts, des allègements fiscaux, des effacements de dettes, des crédits à la consommation, des subventions et des aides diverses. Tant bien que mal, l'Etat distribue les revenus du pétrole pour calmer l'atmosphère et investit dans l'infrastructure de base, indispensable à la relance effective de l'économie productive.Au jour d'aujourd'hui, on n'a pas encore réussi à asseoir les bases réelles d'une véritable économie de substitution aux hydrocarbures. La rente pétrolière s'amincit et le gouvernement annonce, même à demi-mot, qu'il va falloir changer pour s'adapter. Les gens, habitués à la facilité, peuvent-ils aujourd'hui prendre leurs désirs en patience ' Sommes-nous prêts à retrousser sérieusement les manches ' Que fera l'Etat pour expliquer tout cela aux incessants cortèges de mécontents ' On est face à la gêne d'un père de famille qui a toujours gâté ses rejetons et qui, au moment de l'épreuve, peine à leur expliquer le vrai remède contre la pauvreté. Il y a, en effet, un travail titanesque à faire pour revaloriser le travail dans l'esprit de tout un chacun. C'est une mission qui incombe à la société toute entière. Il ne serait pas aisé d'effacer, comme ça, d'un coup, des décennies d'infantilisme abêtissant.Aujourd'hui, on risque de se faire prendre pour un attardé, un masochiste, de dire qu'on ne réussit pas vraiment sans souffrir. C'est là toute la complexité du problème. Si on arrive à faire admettre aux gens qu'ils doivent bosser dur (à l'école, à l'université, à l'usine ou au chantier) pour concrétiser leurs rêves, la chute des cours du pétrole serait, alors, une bénédiction pour l'Algérie.K. A.




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