Quelques minutes avant le coup d'envoi, Benchikha a dû parer au plus
pressé avec le forfait inattendu de Ziani,sur qui reposait, en grande partie,
l'animation du jeu et a décidé de titulariser Ghezzal. Cet évènement, auquel
personne ne s'attendait, a-t-il contrarié les desseins du coach du onze
marocain, Gerets ? Car tous les indices recueillis au cours de cette semaine
indiquaient clairement que ce derby maghrébin allait être une bataille tactique
entre les deux équipes. Benchikha et Gerets ont élaboré bien des plans, et ce
en fonction des forces et des lacunes de l'adversaire. Dans cette recherche de
la meilleure tactique possible, c'est la zone médiane qui se taillait la part
du lion. Si une bataille devait avoir lieu, ce serait au milieu à partir d'un
concept répandu dans le monde du football. Que de fois n'attend-t-on pas
entendu, avant chaque grand choc à suspense, «que l'équipe qui remportera la
bataille du milieu gagnera le match». A partir de cette idée bien ancrée, les
deux entraîneurs avaient prévu leur schéma tactique de base. Gerets n'avait pas
fait mystère de sa ferme intention d'opter pour un strict 4-5-1, c'est-à-dire
un dispositif où la prudence est de mise. De son côté, Benchikha avait prévu,
il y a deux jours, de mettre en place un 4-3-2-1 en apparence d'aspect
défensif, mais qui, en fonction de l'animation et de la possession du ballon,
pouvait vite se transformer en 4-3-3. Toute stratégie dépend de l'application
des joueurs. Or, jusqu'à la dernière minute, des doutes subsistaient des deux
côtés.
Dans le camp algérien, et après le forfait de Bougherra, Bouzid a été
préféré à Medjani pour remplacer le stoppeur des Rangers. Finalement, et
probablement en fonction des informations ayant trait à la composition du onze
rentrant marocain, Benchikha a décidé de confier à Lemouchia le rôle de «libéro
avancé» devant le quatuor défensif algérien. Ghezzal a donc formé le trio
chargé de l'animation du jeu. On aura eu donc un triangle renversé dont le
Sétifien était la «pointe».
Cependant, ce système, en apparence, a laissé les possibilités à Yebda et
Lacen d'appuyer leurs actions en collaboration avec Boudebouz. Par ailleurs, il
convenait d'exercer un marquage strict sur le buteur Chamakh. Bouzid s'est
parfaitement acquitté de cette tâche. Il fallait également contrarier du mieux
possible ses coéquipiers Khardja, Boussoufa et Taârabt, chargés de lui donner
des ballons exploitables. On en revient donc à cette fameuse bataille du milieu
qui a déterminé le verdict de ce derby maghrébin.
Ce fut un débat physique et âpre, où les duels furent nombreux, ceci dit
sans omettre de signaler les bonnes phases de jeu collectif plus rares du côté
algérien, car le but inscrit par Yebda sur un penalty justifié, dès la
cinquième minute, a contribué à changer les données dans les deux camps. En
effet, dès le coup d'envoi, les Marocains s'apprêtaient à « absorber » le
pressing des Verts avant d'aller tenter leurs chances dans le périmètre
algérien. L'erreur des hommes de Gerets, c'est d'avoir cherché à tout prix la
tête de Chamakh qui est excellent dans le jeu aérien. Mais c'était sans compter
sur l'intransigeance de Bouzid, qui l'a mis sous l'éteignoir tout au long de la
rencontre. Nous avons eu des frayeurs en seconde période où les Marocains ont
réellement dominé des Fennecs, sans doute fatigués. En dépit de ce constat, les
Algériens, à partir d'une défense rendue encore plus inédite par la sortie du
capitaine Antar Yahia et remplacé par Medjani, se sont également procuré des
opportunités lorsqu'ils se sont décidés à rompre le terrible isolement de
Djebbour, qui a sans aucun doute peu touché le ballon, mais qui a contribué à
gêner les défenseurs marocains.
Certes, sur le plan footballistique, ce ne fut pas un grand match mais,
une fois encore, l'enjeu était trop important pour faire plaisir aux férus de
beau football. En conclusion, disons que l'équipe nationale d'Algérie,
grandement perturbée par la cascade de forfaits, a su répondre présent face à
un onze marocain finalement moins fort que ne le laissait supposer la présence
de plusieurs stars évoluant dans de grands clubs européens.
Benchikha a gagné la première bataille. D'ici le 3 juin, date du match
retour, ce dernier aura le temps de disposer de tous ses cadres et, peut-être,
de trouver une bonne parade à Casablanca.
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Posté Le : 28/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Adjal Lahouari
Source : www.lequotidien-oran.com