Algérie

Benchicou rend justice à émilie Busquant : le drapeau algérien avait une mère


Benchicou rend justice à émilie Busquant : le drapeau algérien avait une mère
Le journaliste et polémiste Mohamed Benchicou continue de briser les tabous et de titiller l’imaginaire algérien.
Avec La parfumeuse, il décide de réparer une injustice de l’histoire, en rendant sa place à la compagne de Messali Hadj, Emilie Busquant.
L’histoire officielle prend des raccourcis imbéciles pour arriver rapidement à une impasse. Les manuels scolaires parlent d’une unanimité fantasmée, les historiens, rémunérés par un parti-Etat, inventent des personnages secondaires pour en faire des héros nationaux, frisant le ridicule avec des épopées dignes de comiques.

A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance, Mohamed Benchicou, lui, a décidé de dépoussiérer le capharnaüm. La faute originelle à
l’indépendance ? Il y en avait plusieurs, dictature, absence de liberté d’expression, le pouvoir confisqué par les militaires, etc. mais la source de nos malheurs est l’isolement de la femme, priée de retourner à ses fourneaux dès l’indépendance acquise.
«Toutes les femmes, qui ont peu ou prou fait quelque chose, de la Kahina jusqu’à Djamila Boupacha, ont été effacées. Réhabiliter leur combat, c’est offrir aux femmes une légitimité historique». Réhabiliter le combat des femmes. Mohamed Benchicou, dans un livre à la fois historique et romancé, La Parfumeuse, la vie occulte de Mme Messali Hadj, s’est intéressé à Emilie Busquant, épouse de Messali Hadj.

Double provocation : une femme et son mari, fondateur du nationalisme algérien, transformé en traître par une prestidigitation rocambolesque. Emilie qui ? Emilie Busquant, la créatrice du drapeau algérien. Octobre 1923 : une Lorraine, vendeuse dans un rayon «Parfumerie et objets pour dames», rencontre un ouvrier nord-africain. Emilie avait 22 ans, Messali 24. S’ensuit une histoire qui se confond avec l’histoire. C’est la rencontre entre le prolétariat, le nationalisme et l’amour. Dans l’ordre et le désordre.

Six ans plus tard, à Tlemcen, elle coud le premier drapeau algérien, comme il existe aujourd’hui. «Ce drapeau, elle l’avait voulu aux couleurs de cette organisation nationaliste révolutionnaire à laquelle elle avait déjà pensé chez Gégène, un parti qui soit à cheval sur la révolution française, la Commune et l’Islam : le rouge des insurgés de 1789 et du sang des communards, du Maghreb aussi, le vert et le croissant de l’Islam». C’est ce drapeau qui recouvrira son cercueil un an avant le 1er Novembre 1954. Un demi-siècle plus tard, Mohamed Benchicou fait œuvre utile. En rendant à Emilie Busquant sa place dans l’histoire, il nous a rendu à tous un peu de notre dignité.
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