Algérie

Benchenouf Thameur (Si Kamel) et Malika : deux authentiques révolutionnaires Contributions : les autres articles



Benchenouf Thameur (Si Kamel) et Malika : deux authentiques révolutionnaires                                    Contributions : les autres articles
Benchenouf Thameur a été de ceux qui ont porté le combat contre l'oppresseur français en métropole. Avec son épouse Malika, ils se sont investis totalement dans la lutte.
Connu sous le nom de guerre «Kamel», Thameur est né en 1927 à Bou Saâda au sein d'une des plus anciennes familles de la ville. Il grandit dans le petit quartier de Haret El Chorfa, où son instruction commença tout naturellement à l'école coranique, parallèlement à l'école primaire de la ville pour y apprendre la langue française. Très jeune, il activait au sein des Scouts musulmans algériens (SMA), avant de rejoindre, à 19 ans, le PPA, puis le MTLD.
A 20 ans, en 1947, il se rend en France où il se retrouve parmi les travailleurs émigrés. Il épouse les idées de gauche et asseoit sa formation syndicale. Le déclenchement de la lutte armée, en 1954, le surprend en France. Il rejoint sans hésiter les rangs du FLN et devient membre à part entière de ce qui sera la Fédération de France du FLN. Il sera parmi les premiers militants qui ont constitué les premières cellules du FLN dès 1955, à Paris. Il franchira toutes les étapes de la hiérarchie de l'organisation, pour devenir chef de la zone Paris rive droite. Vu ses qualités de courage, de dynamisme et d'engagement, Kamel est muté par le FLN à Lyon, à la tête de la Wilaya III, qu'il est chargé de reprendre en main après sa déstabilisation, suite aux arrestations de plusieurs de ses cadres.
En deux mois, Kamel a pu mettre sur pied toute la structure de la Wilaya qui s'est progressivement élargie. Kamel était en contact direct avec les responsables de la zone, dont la famille Boukhalat Messaoud, notamment Mustapha et la fille Hafiad Malika, qui ont activé sans fléchir de 1956 à 1958 sous la houlette de cheikh Gherbi Mohamed et Mazari Saïd, responsables de l'organisation à Lyon. Kamel recevait les chefs de la fédération, Ladlani Kadour et Omar Boudaoud, pour les réunions chez la famille Boukhalat. Les deux années d'activités militantes ont permis à Kamel et ses camarades de redresser la situation organique.
Durant cette période, Kamel effectuera un bref séjour à Tunis, au siège du GPRA, où il visitera quelques bases de l'ALN. Il quitta Lyon fin août 1960 pour l'Allemagne, mais il dut vite revenir, après l'arrestation des cadres de cette Wilaya. Puis, ce fut à son tour d'être arrêté en février 1961 avec quelques cadres, suite à une dénonciation. Le père Boukhalat et Hafiad Malika sont eux-mêmes arrêtés. Le père est transféré au camp de Larzac, Malika, torturée, croupira en prison pendant 15 jours.
Relâchée, elle reprend ses activités au sein du FLN sous la direction du chef de la Wilaya III, Benallouache Abdellah. Kamel, incarcéré à la prison de Saint-Paul, à Lyon, ne restera pas les bras croisés, et crée un comité de détention, organisant des cours d'alphabétisation, de formation politique, etc. Il est libéré le 13 avril 1962. A l'indépendance, Kamel est désigné par le bureau politique comme membre de l'Amicale des Algériens en Europe, chargé de l'organique. Parallèlement, Kamel avait installé à Alger la Commission de reconnaissance et de recensement des militants de la Fédération de France. Kamel a occupé le poste de chef de bureau du parti à Chlef, puis fut président de l'APC de Bou Saâda après les élections du 14 février 1971.
En qualité de maire de Bou Saâda et malgré une grave maladie, il mena son mandat avec la patience qui était la sienne et s'attacha avec toute la force de son âme à l'émancipation et l'amélioration du niveau de vie de cette ville, marquant à jamais la mémoire collective des Boussaâdis. Il a été rappelé à Dieu le 26 décembre 1972 à Paris, et enterré dans sa ville natale où il y a laissé 4 enfants.
Malika, révoltée et révolutionnaire
On la surnommait «El Afrita», et on sait ce que ce vocable veut dire dans l'imaginaire collectif.Intrépide, déterminée, courageuse comme pas possible, telle était Malika Hafiad, née le 6 juin 1941 à La Casbah d'Alger. Ses qualités, elle les tient de sa famille révolutionnaire dont le père, ami intime de Ferhat Abbas, avait déjà été arrêté en 1948 pour atteinte à l'ordre français et défendu à l'époque par Me Boumendjel. Son père monte en France en 1949, à Roubaix, dans le Nord, vivier de Messalistes. Sa famille le rejoint une année après. Il descend sur Paris et vit dans la douleur la scission PPA-MTLD et applaudit à l'avènement de la lutte armée qu'«il m'a expliquée en me ramenant des tracts que je mettais dans des boîtes aux lettres». «Mon père était condamné par le MNA, ma famille descend à Paris où elle est recueillie par une famille algérienne. A 15 ans, j'ai été arrêtée pour activités subversives. Kamel était déjà responsable. Il avait été affecté à Lyon en 1959 pour réactiver le réseau FLN démantelé. J'ai été, en plus de mon rôle d'agent de liaison, très active en récupérant des armes et des cachets du FLN. J'ai traversé la frontière suisse en moto avec mon frère, avec à bord des armes légères et des archives.»
Malika parle avec émotion de son riche passé de militante engagée. Elle sera à l'origine de la grève des femmes à Lyon. «Faire une grève au c'ur du territoire ennemi est quelque chose de colossal», assure-t-elle. Malika est arrêtée en 1961 avec Kamel à Lyon, en même temps que 80 personnes. «Nous avons subi les affres des prisons, les brimades, les vexations et le mépris de nos geôliers et du commandant Chabot. Mais la voix de la justice a triomphé lorsque plus de 400 femmes, que j'ai dirigées à l'âge de 20 ans, ont manifesté devant la prison de Saint-Paul de Lyon, peu avant l'indépendance. L'écho de cette manifestation a été extraordinaire. Cet épisode de la Révolution ne peut être occulté», soutient-elle, appuyée par l'un des illustres dirigeants de la Fédération de France du FLN, Mohamed Ghafir, dit «Moh Clichy», qui s'attache depuis des mois à «dépoussiérer» l'histoire'


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