'Plus jamais ça !". Sur scène, cet écriteau sonne comme un serment d'un peuple qui a enduré des injustices depuis des millénaires. Vêtu d'un bleu de Chine Shanghai, le comédien raconte la mémoire meurtrie de son peuple. Un peuple, historiquement amazigh, qui a fait face à des invasions successives, depuis les Phéniciens jusqu'à la colonisation française.
Mais l'aspiration à la liberté de cette terre des hommes libres était plus forte. D'où cette sentence du grand-père qui représente ici les ancêtres : 'La France est entrée par la force, elle ne sortira que par la force des armes". 'Nous étions des enfants qui parlaient en berbère, priaient en arabe et chantaient en français", déclare l'auteur sur scène, comme pour mettre en exergue la dilution de l'identité première de l'Afrique du Nord.
Le personnage du monologue raconte les étapes qui ont suivi la guerre de Libération nationale, une fois l'Indépendance arrachée. Il tournera en dérision la chape de plomb du parti unique qui a dilapidé les espoirs d'une jeune nation, pourtant promise à de meilleures perspectives par la Révolution de 1954. Tous les événements d'après-guerre y passent.
'Nous avons crié en tamazight, on nous a accusés de racisme", dit-il, comme pour rappeler la répression du printemps berbère d'Avril 1980. La révolte du 5 Octobre 1988, l'ascension du courant islamiste, l'assassinat du président Boudiaf 'tué de cent balles assassines après cent jours de pouvoir", la décennie noire et son lot de victimes, les événements du printemps noir de 2001, tout y passe sous la moulinette du personnage tutoyant le passé pour parler aux ancêtres qui, comme le dit Kateb Yacine, redoublent toujours de férocité. Le récit du monologue n'a pas omis d'aborder, avec ironie et parfois un pincement au c'ur, l'actualité politique et socioéconomique avec le phénomène de la harga, l'envol des prix du pétrole, le printemps arabe, etc.
Il a tourné en dérision les chefs d'Etat qui s'accrochent au pouvoir au crépuscule de leur vie dans un monde où l'alternance au pouvoir est devenue la norme. Mais le personnage se console par cette assurance écrite quelque part dans les pages de l'histoire : 'Mes ancêtres sont une conscience et une douleur qui ne dorment pas !" Dans un décor dépouillé, Slimane Benaïssa a réussi son passage à Montréal, où il a présenté son dernier monologue El-Moudja Wellat, une 'uvre qui s'inspire de Babur Ghraq. Benaïssa était l'invité de la fondation Club Avenir qui a organisé son 9e gala annuel pour récompenser des membres de la communauté qui se seront distingués par l'excellence dans divers domaines d'activité.
La cérémonie s'est déroulée samedi soir, en présence de l'ambassadeur d'Algérie à Ottawa, Smaïl Benamara, et de la nouvelle ministre québécoise de l'Immigration et des Communautés culturelles, Diane De Courcy. Par ailleurs, le chanteur Ali Amrane a donné un spectacle le même jour à Montréal devant un public nombreux.
Y. A.
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Posté Le : 05/11/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : YAHIA ARKAT
Source : www.liberte-algerie.com