Algérie

Benachenhou appelle à la reconquête du marché intérieur POUR RELANCER LA MACHINE PRODUCTIVE



Pour relancer l'investissement productif, l'ancien ministre des Finances propose la refonte du système des prix et de subvention.
L'ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou, a indiqué, hier, que l'Algérie doit réunir certaines conditions pour rejoindre le peloton des pays émergents.
«L'Algérie n'est pas un pays émergent, mais pour qu'elle le soit, elle doit investir dans la production. Les conditions sont nombreuses, entre autres, une croissance importante, une économie diversifiée et une exportation dynamique dans le monde»,a-t-il expliqué au Forum du quotidien El Moudjahid.
M.Benachenhou a plaidé pour la reconquête du marché intérieur comme moyen de substitution à la dépendance de l'économie algérienne aux hydrocarbures.
Cette reconquête passe, selon lui, par l'investissement productif dans les secteurs de l'agroalimentaire et de l'industrie. Le constat que le conférencier fait du secteur de l'agriculture est sans appel: «De toutes les agricultures des pays de la Méditerranée, nous avons le rendement le plus faible quoique les conditions climatiques sont pratiquement les mêmes. Qui peut expliquer cela'», s'est-il demandé.
Pour l'ancien ministre, ce qui fait défaut est l'investissement productif. Selon lui, 2% seulement des investissements sont porteurs. Il cite les secteurs de la téléphonie mobile et des travaux publics. «La préparation de l'après-pétrole nécessite une stratégie de développement de l'investissement productif ainsi que de rendre plus efficace les investissements non productifs», a-t-il expliqué.
Cela est d'autant plus nécessaire que l'Algérie vit une crise au plan quantitatif de la production de l'or noir et du gaz. «La crise de la quantité de pétrole est compensée par la hausse des prix, mais concernant le gaz, la crise concerne, aussi bien le prix, que le volume de la production», a-t-il déploré.
A côté de ces éléments, l'ancien ministre énumère d'autres facteurs qui bloquent le développement de l'économie nationale. Il s'agit du déséquilibre de la structure d'investissement, le problème de l'investissement porteur, le secteur de l'informel et le système de subvention.
Dans ce contexte, le conférencier a plaidé pour la refonte, en profondeur, du système des prix et des subventions.
«Ce système ne tient pas la route. Sans sa refonte, la relance de l'investissement productif est un mythe», a-t-il expliqué.
On sait qu'aujourd'hui, pour acheter la paix sociale, le pouvoir algérien soutient les prix de plusieurs produits de base, tels que le sucre, l'huile, le lait, l'eau, l'électricité et le gaz.
Abdelatif Benachenhou estime que ce système de subvention peut être revu sans porter atteinte à la paix sociale. «La protection de la paix sociale est compatible avec la refonte du système des prix et de subvention pour relancer la production productive», a-t-il indiqué en citant le cas de Sonelgaz.
Selon lui, plus le groupe investit, plus il enregistre des pertes.
«Au nom de quoi 10% des clients de Sonelgaz consomment plus de 40% de sa production», s'est-il encore demandé.
L'ancien ministre des Finances plaide aussi pour faire participer le secteur public à la politique de réindustrialisation en améliorant sa gouvernance. Pour le secteur privé, il faut qu'il y ait un contrat de croissance avec lui, a-t-il ajouté.
Interrogé sur l'impact du démantèlement tarifaire sur l'économie nationale, le conférencier a précisé que «c'est l'informel qui fait mal à l'économie et non le démantèlement tarifaire qui n'est pas quelque chose de brutale».
Le conférencier est revenu également sur le Fonds de régulation des recettes créé lorsqu'il était ministre avec l'obsession, a-t-il dit, «de ne pas tendre la main à l'étranger». «Ce Fonds visait à protéger le pouvoir d'achat international de l'Algérie», a-t-il expliqué, ajoutant que ce fonds qui dispose actuellement de 56 milliards d'euros est alimenté à hauteur de 4 milliards de dollars par an.
«Il n'est pas acceptable d'avoir 56 milliards d'euros dans ce Fonds et investir seulement 2% du PIB dans l'investissement productif», a-t-il déploré.


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