Algérie

BENABDESLAM, MERBAH ET GOURAYA LORS D'UNE TABLE RONDE : «Le règne de Bouteflika est le plus sombre depuis l'indépendance»



Le règne du président en exercice, long de près de 15 ans, est, exception faite de la parenthèse décennale marquée du sceau du terrorisme islamiste, la plus sombre à're de la période post-indépendance du pays. Le constat n'est pas des chefs des traditionnels partis de l'opposition mais de trois patrons de nouveaux partis nés dans la dynamique des réformes politiques initiées par le président de la République. Et il a été décliné avant-hier en soirée, lors d'une de ces conférences nocturnes que le FAN (Front de l'Algérie nouvelle) organise en son siège national pour maintenir un minimum d'activité politique durant le mois de Ramadhan. Et c'est le président du parti hète de cette table ronde à laquelle ont également pris part les présidents du RPR (Rassemblement patriotique républicain) et du FJDC (Front des jeunes démocrates pour la citoyenneté), qui annoncera la couleur. Djamal Benabdeslam sera le plus virulent en qualifiant les trois mandats de Abdelaziz Bouteflika, notamment le dernier, de «catastrophiques». Avec, précisera-t-il, l'option de pourrissement adoptée comme mode de gestion des affaires du pays, en sus d'un manque manifeste de volonté et d'une vision stratégique chez les décideurs. Et ce, a contrario des prédécesseurs de l'actuel locataire du palais d'El Mouradia auquel le président du FAN reproche d'avoir dévoyé la politique de la réconciliation nationale incomplète à ses yeux pour avoir délibérément laissé en rade bien des aspects. Et de citer les cas des Patriotes, des membres des GLD, des gardes communaux, des radiés des rangs de l'ANP, les anciens de 1963, les victimes des divers soulèvements dont une prise en charge effective aurait définitivement cousu les plaies à jamais béantes. Un tableau sombre que complétera le patron du RPR, Abdelkader Merbah, pour qui la plus édifiante des caractéristiques de l'ère Bouteflika est, sans conteste, l'informel des institutions du pays au point où, selon lui, on ne sait qui prend les décisions. Facette à laquelle il faudra adjoindre les menaces sérieuses qui planent à nos frontières, faute d'une capacité d'anticiper et d'accompagner ce qui se passe chez nos voisins, en plus d'une menace tout aussi pesante au front intérieur avec le phénomène du crime organisé et ces guerres de gangs qui rythment le quotidien de nos villes et quartiers et un terrorisme administratif allant crescendo. Le président du FJDC (Front des jeunes démocrates pour la citoyenneté) achèvera le constat en désignant du doigt les partis désertés par leurs militants, stigmatisant certains intellectuels qui ne cherchent qu'après leurs étroits intérêts au moment où bien d'autres ont soit émigré sous d'autres cieux ou se sont tout simplement résignés en évitant de se mettre sous les feux de la rampe. De quoi convaincre Ahmed Gouraya de l'absence de tout espoir de changement, du moins, dans les cinq ou dix ans à venir. Car pour lui, «pour changer le système, il faut des institutions politiques qui font actuellement cruellement défaut», arguera-t-il.


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