Bémols

La nouvelle APN issue des législatives du 10 mai sera installée aujourd'hui. Le point d'orgue de cette cérémonie sera, à coup sûr, l'élection de son président. Même si, théoriquement, les candidatures sont multiples, il ne fait aucun doute que c'est le FLN qui succédera à lui-même, par le jeu de la majorité dont il est détenteur. Et il ne fait presque aucun doute non plus que c'est Rachid Harraoubia, le ministre de l'enseignement supérieur sortant, qui héritera du perchoir. Equilibres régionaux et autres calculs politiques non dits obligent.
Si cette élection, précédée par des tractations au sommet, passe comme une lettre à la poste, l'ambiance politique générale qui sert de toile de fond à cette cérémonie ne sera pas sans quelques bémols. À commencer d'abord par la décision du 'groupe des 16' d'aller au bout de sa démarche en installant son parlement parallèle aujourd'hui. Cette initiative est d'une portée politique non négligeable, du moins sur le plan de la symbolique, même si certains membres du groupe commencent déjà à rétropédaler.
Mais qu'à cela ne tienne, car cette initiative mise en relation avec le concert des contestations qui ont suivi la proclamation officielle des résultats constitue, au départ, une sorte d'hypothèque sur cette assemblée qui démarre ainsi avec un déficit de légitimité dont les élus auraient à c'ur de rattraper.
La question est de savoir si le caractère mosaïque de cette assemblée, la présence en son sein d'un tiers de députées femmes, en plus du fait que 90% sont des nouveaux, sont autant de paramètres qui feraient contrepoids au déficit de confiance initiale.
A priori, on peut répondre par l'affirmative. Reste que la crédibilité va se mesurer surtout à la capacité des nouveaux députés à faire usage à bon escient des nombreux pouvoirs dont ils disposent, même si nous sommes toujours dans un régime de type présidentiel. Ils sont d'autant plus attendus au tournant sur ce plan qu'ils seront appelés prochainement à prendre part au chantier de la révision constitutionnelle.
O. O.