En Algérie, les réseaux sociaux sont comme le cholestérol, il y a du bon et du mauvais. La polémique (encore une) soulevée à la suite des déclarations de Djamel Belmadi au sujet de l'état de la pelouse du stade Tchaker a éclaté comme un ?uf pourri sur le web. C'est le mauvais Facebook algérien qui se mêle de tout et engage des milliers d'internautes dans l'insulte, l'intimidation et le harcèlement, la désinformation et la pollution de tout ce qui est sujet à débat, des enjeux de la société.Un sélectionneur national qui critique l'état d'une pelouse, quoi de plus normal ' Mais la fachosphère algérienne, qui fait feu de tout bois, s'en empare et en fait une affaire (politique) nationale. De fil en aiguille, Djamel Belmadi devient l'homme qui vient de France et qui sert l'ennemi historique dans ses desseins contre l'Algérie, un suppôt du néocolonialisme... Exit donc l'homme qui offre du bonheur aux millions d'Algériens depuis qu'il est à la tête de l'EN, exit la Coupe d'Afrique et le retour de l'Algérie dans le gotha des nations du football... tout est oublié !
L'opinion bascule, dominée par une armée d'anonymes qui ont quelque chose à dire sur tout et n'importe quoi, qui n'aiment rien et, surtout, ne reconnaissent pas la réussite, abhorrent l'autonomie de la pensée et le droit de dire ce qu'on pense quand il s'agit de critiquer l'Etat algérien, ou même un petit service de l'Etat algérien, comme l'OPOW de Blida. Tout est politisé par le complotiste de base qui fait écho aux man?uvres du pouvoir. La dictature de la pensée unique, celle alimentée par la culture du «tout va bien» et l'opportunisme de l'offre de service, est décuplée par cette engeance qui trouve son point d'orgue sur des plateaux télé toujours prompts à reproduire les plus basses des polémiques dans un nivellement par le bas de l'opinion. On atteint le ridicule et ça tire vers le bas à coups d'analyses caricaturales et d'opinions ubuesques livrées par une armada de pseudo-experts et de personnalités sans consistance, en quête de notoriété. C'est le nouveau royaume des idiots tel que théorisé par Norbert Bolz.
Comme l'a exprimé le philosophe allemand et spécialiste des médias, ces nouvelles formes de communication conduisent au règne de l'opinion, de l'exhibitionnisme, de la précipitation et à la fin de la raison. L'épisode Belmadi prolonge les événements qui ont marqué l'été algérien, avec leurs lots de drames et de bellicisme véhiculés par les réseaux sociaux. Ce qui pouvait être une libération psychologique et sociale en Algérie est en train de déplacer le centre de gravité de l'opinion publique nationale vers le règne de la doxa et les effets de mode, vers la radicalisation. Cette facette du web algérien (et son prolongement sur les plateaux télé) est un terreau du fascisme contre lequel il sera difficile de lutter, même pour ceux qui croient en tirer profit.
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Posté Le : 05/09/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nouredine Nesrouche
Source : www.elwatan.com