Belle leçon de tolérance

Le programme inaugural du 6e Festival international de danse contemporaine, qui se déroule du 15 au 22 novembre 2014, au Théâtre national algérien, à Alger, était placé sous le signe de la tolérance.Cette année, le thème du Festival international de danse contemporaine porte sur le «partage». Effectivement, le spectacle pluriel regroupant cinq pays est une belle leçon de tolérance, artistiquement parlant. Puisque la performance du StopGap Dance Company, du Royaume-Uni, a donné cette leçon ô combien éloquente et bousculant «la bêtise humaine». Et pour cause ! StopGap Dance Company est une courageuse troupe composée d'artistes handicapés et de personnes valides.Une parfaite intégration à travers l'expression chorégraphique, des performances, la formation professionnelle, et la sensibilisation ou encore les publications, et ce, sous la direction artistique de Lucy Bennett. Et par-delà, modifier la perception et accepter la différence et inviter tout le monde à sortir et découvrir le potentiel créatif. StopGap Dance Company évolue comme un ensemble, un «team», une fratrie faisant voler en éclats le «misérabilisme» ordinaire. Une collaboration à hauteur d'homme? et de femme.Une parité artistique. Où seul le talent se distingue, car c'est la dimension humaine qui prend le dessus. Leur spectacle Artificial Things (Choses artificielles) décline cet esprit empreint d'humanisme, de force mais aussi de vulnérabilité, de réalisme et de poésie. Une prestation allégorique où collabore un sacré carré d'artistes : deux handicapés et deux valides Une bonne intelligence où l'immobile devient mobile.Il n'y a pas de fossé ! (gap en anglais) Dans une «mêlée» chorégraphique, chacun est le complément, le prolongement de l'autre. La différence devient la force de l'autre. Le fauteuil roulant, «parangon» du handicap, est en «roue libre». Car affranchi. Les danseurs, pour ne pas dire les «comédiens», exhiberont aussi un savoir-faire choral à la manière des «musicals» de Broadway à New York. Artificial Things est en fait une chose naturelle.Des Sherpas dans la salleD'ailleurs, la compagnie britannique sera relayée par le «Posse» algérien, Kamikaze Crew de Tizi Ouzou. Une formation de break-dancers et de B-Boys dans la pure tradition urbaine et hip-hop, avec la particularité et surtout le courage et la générosité d'intégrer dans leur groupe un danseur handicapé comme membre à part entière. Plus clairement, il est le pivot de projets, tels que La bombe, La bouteille Energy ou encore Les Morts-vivants.Une belle leçon de partage et de tolérance, encore une fois à souligner, à assimiler et à méditer. L'Italie a fait sensation avec une entrée en scène tonitruante. Une danseuse-alpiniste est descendue en rappel depuis le toit jusqu'au milieu d'un public médusé. Pour annoncer qu'elle était la première de «cordée». C'est la troupe Il Posto Danza Verticale. Elle fait dans la danse verticale. Une interaction entre la danse, la musique techoïde-live et l'architecture. Deux jeunes filles, Elena Annovi et Simona Forlani, «transalpines», contorsionnistes, exécutent des figures de style sur un mur. En «sherpas», elles esquissent des pas de danse aérienne.Car elles défient toute loi de la gravité. Une performance cinématique. La dimension de Il Posto Danze Verticale est signée par la chorégraphe Wanda Moretti et la contribution du brillant saxophoniste Marco Castelli, ayant dépassé le «mur» du son d'une manière horizontale. La troupe japonaise du «Le Lien 07» a présenté son ?uvre intitulée Tourbillon, où deux danseuses, Hysao Takagi et Shizuka Yamate, ont évolué dans une fresque levantine, filmique et surtout bucolique.Un compromis entre une carte postale de pétales de cerisier et un univers urbain froid, monotone et puis «autiste». Mais la fraîcheur, l'exubérance et l'insouciance de la jeune danseuse Shizuka Yamate donnera du souffle et de l'espoir. Un songe d'une grande «zénitude». Les Ukrainiens de la compagnie du Corbeau blanc ont offert un interlude burlesque qui ne broie pas du tout du noir. Au contraire. Ils voient la vie en rose de par une création scénique très musicale et chatoyante.