Abdelaziz Belkhadem a été débarqué hier de son poste de Secrétaire général du FLN par 160 voix contre 156 des membres du comité central. Une éviction qui fait suite à une longue bataille menée par différents segments du parti et qui renvoie à l'historique des putschs et des opérations téléguidés par «en haut» au sein du vieux parti. La présidentielle n'est plus loin et les séismes qui frappent le FLN n'en sont peut-être que des avant-goûts.
16h45, c'est fini. L'huissier de justice, après un deuxième décompte des bulletins, vient de confirmer le départ de Abdelaziz Belkhadem. 160 voix ont voté la défiance, alors qu'ils étaient 156 à lui apporter leur soutien. Quatre minuscules voix d'écart qui ont poussé celui qui a dirigé le parti depuis 2004 vers la sortie, sous les acclamations de ses adversaires et la grande détresse de ses fidèles. Dans un dernier baroud d'honneur, l'ex-patron du FLN a tenu à féliciter ses adversaires : «Je souhaite bonne chance à mon successeur, a-t-il déclaré. Et j'espère que celui qui me remplacera assurera l'unité du parti.»
Puis il est reparti comme il était arrivé : par la petite porte qui se trouve près de l'estrade, au moment où des voix dans la salle scandaient le nom de Abderrezak Bouhara, pour lui succéder et laissant ses adversaires d'hier se féliciter du caractère démocratique du vote. «C'est un jour extraordinaire pour tous ceux qui veulent que le parti retrouve ses idéaux, s'enflamme Rachid Boukerzaza, du mouvement des redresseurs. Il faut que le parti retrouve ses idéaux et sorte de la logique de l'argent dans laquelle le FLN a été entraîné ces dernières années.» Dès le matin, l'hôtel Riyad de Sidi Fredj, où s'est tenue la réunion du comité central du FLN, avait des airs de Fort Alamo. Barrages de gendarmerie et escadrons des forces antiémeute filtraient tous les véhicules. Tenus à l'écart de l'hôtel, une vingtaine de jeunes militants pro- Belkhadem avaient accroché des banderoles appelant à voter pour leur candidat'
Ambiance. Rapidement les premiers couacs entre le camp des redresseurs et ceux des fidèles au secrétaire général du parti sont apparus. Les premiers reprochant à l'équipe de Belkhadem de vouloir imposer la surveillance de l'urne par trois huissiers, alors que le règlement intérieur du parti stipule que cette tâche est dévolue à des membres désignés par le parti. «Belkhadem reprend ses mauvaises habitudes, juge un membre du parti sous le couvert de l'anonymat. Il veut nous imposer la présence de trois huissiers, les mêmes qui étaient présents lors de la précédente réunion du comité central.» Pendant deux heures, les deux camps se sont renvoyés la responsabilité du retard pris pour l'ouverture du vote. Une solution sera enfin trouvée : chaque camp désigne deux surveillants, accompagné d'un huissier. A 13h, le vote 'qui devait commencer à 10h' peut débuter. Dans la salle, les deux camps qui ont décidé de se partager l'espace se regardent en coin. Plus de 300 personnes se retrouvent confinées dans une salle sans climatisation.
Les pro-Belkhadem, qui continuent à espérer, s'assoient au premier rang et s'applaudissent mutuellement dès que leur nom est appelé à aller voter. Les adversaires prennent possession de l'arrière salle. Ils ne lâchent pas du regard les urnes et le patron du parti. Son arrivée se fait discrètement, par la petite porte. Dans son costume bleu anthracite, il écoute l'imam psalmodier le Coran. S'ensuit l'hymne national. Son visage reste impassible. «Ça va saigner, avertit un des nombreux journalistes présents. Il faut s'attendre à ce que les coups pleuvent.» Après avoir annoncé le début du vote, il est le premier à se diriger vers l'urne, sous les applaudissements. Il passera le reste de l'après-midi assis sur une chaise placée sur l'estrade, ignorant ses adversaires et échangeant quelques sourires avec ses proches.
Un peu avant 17h, les résultats officiels tombent. Abdelwahid Bouabdallah, député et ancien PDG d'Air Algérie, ne partage pas l'euphorie générale. «C'est une petite victoire, on peut craindre une cassure dans le parti. Belkhadem n'était pas obligé de mettre en place ce vote, car cela n'est écrit nulle part dans les statuts du parti. S'il l'a fait, c'est pour sauvegarder l'unité du FLN.» Mustapha Maâzouza, membre du comité central, est venu de Biskra. Ce farouche adversaire de Belkhadem reconnaît que ce dernier a été «beau perdant» et que le parti «a donné une leçon de démocratie qui devrait inspirer les autres formations politiques». Et d'ajouter : «Je soutiens Bouhara car sa candidature est la plus fédératrice.»
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Posté Le : 01/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Salim Mesbah
Source : www.elwatan.com