En instruisant le SG du FLN d'exclure Belkhadem, Bouteflika foule aux pieds les dispositions statutaires du parti.Comme l'ascension est si rapide, la chute est souvent brutale. L'ancien chef de gouvernement et proche du clan présidentiel, Abdelaziz Belkhadem, l'a appris à ses dépens. Il vient d'être limogé par le président Bouteflika. L'information a été donnée, hier, par l'agence de presse officielle APS en citant une source relevant de la présidence de la République.«Le président Bouteflika a signé un décret mettant fin aux fonctions de Abdelaziz Belkhadem en qualité de ministre d'Etat, conseiller spécial à la présidence de la République, ainsi qu'à toutes ses activités en relation avec l'ensemble des structures de l'Etat», affirme cette source.Cette source précise également «que contact a été pris avec le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) à l'effet de prendre les mesures nécessaires afin de mettre fin aux fonctions de Abdelaziz Belkhadem au sein du parti et interdire sa participation aux activités de l'ensemble de ses structures».Une sanction spectaculaire pour celui qui s'est, pourtant, toujours montré loyal au président Bouteflika. La décision et la manière avec laquelle elle a été annoncée sont énigmatiques. Qu'est-ce qui a motivé cette décision inédite ' Abdelaziz Belkhadem a-t-il commis une faute grave ' Laquelle ' Aucune explication n'est fournie par la source de l'APS.Disgrâce après le CC du FLN du 24 juinMais il semblerait que le clan présidentiel reproche une série d'agissements «impardonnables» que Abdelaziz Belkhadem aurait commis depuis son rappel au gouvernement, à la veille de l'élection présidentielle du 17 avril dernier. C'est l'explication donnée notamment par le chargé de communication du FLN, Saïd Bouhadja.La direction du l'ex-parti unique, selon lui, s'attendait à cette sanction. D'après lui, l'attitude de Belkhadem lors de la réunion du comité central du FLN, tenue le 24 juin dernier, est à l'origine de la colère des responsables de la Présidence. «Belkhadem était ministre et conseiller spécial du président de la République. Il a utilisé sa fonction pour déstabiliser le parti», lance-t-il. Pour lui, la tentative de Belkhadem de revenir, «par la force», à la tête du parti est un geste de trop. «Ses agissements portent atteinte à la personne du chef de l'Etat et au gouvernement, dont il fait partie. Il y a d'abord ses tentatives d'entrer par la force au dernier comité central (CC) avec l'aide de ses gardes de corps.Cela est grave pour un ministre qui devrait faire preuve de sagesse et de retenue», explique notre interlocuteur. Une thèse confirmée aussi par une source proche du FLN. «Belkhadem s'est présenté au CC comme étant l'envoyé du chef de l'Etat pour régler la crise au FLN. Les agents de la garde présidentielle ont noté cela.Et depuis cette date, les activités de Belkhadem étaient gelées. Vous avez, sans doute, remarqué qu'il n'est plus chargé d'effectuer des missions au nom du Président depuis cette date», ajoute notre source. De plus, les déclarations faites par l'ancien chef de gouvernement à des chaînes de télévision privées et ses révélations concernant le contenu «d'une réunion secrète entre le président Bouteflika, le chef de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia et lui-même autour de la crise du FLN » n'ont pas plu au chef de l'Etat et à son entourage.Mais l'élément déclencheur de cette décision serait aussi la participation de Abdelaziz Belkhadem à l'ouverture de l'université d'été du Front du changement (FC) aux côtés de «l'ennemi juré» du clan présidentiel, Ali Benflis.Trop ambitieux pour être toléréCe ne sont pas les seules explications. L'ambition présidentielle de Abdelaziz Belkhadem qui se voit comme «le successeur légitime» de Abdelaziz Bouteflika à la tête de l'Etat est également, jugent certains observateurs, à l'origine de cette décision. Outre ce limogeage, l'instruction donnée au SG du FLN, Amar Saadani, de prendre des mesures pour écarter Belkhadem des rangs du parti intrigue plus d'un. Il s'agit d'une ingérence de la Présidence dans les affaires internes d'un parti.Certes, le chef de l'Etat est le président d'honneur du FLN depuis son huitième congrès bis, qui a élu également Abdelaziz Belkhadem en tant secrétaire général du vieux parti. Mais cette formation politique dispose d'un règlement intérieur et des statuts qui prévoient des mesures pour résoudre tous les cas disciplinaires de ses militants.Selon Kassa Aïssi, membre du mouvement de redressement du FLN, les statuts du parti sont clairs à ce sujet. Il faut passer par la commission de discipline pour radier un militant. «Si l'instruction de la Présidence est appliquée, cela sera une première. Elle sera prise en dehors des statuts du parti», souligne-t-il, qualifiant «de confusion dans le fonctionnement des institutions de l'Etat», les déclarations faites à l'APS par cette source de la Présidence à ce sujet.
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Posté Le : 27/08/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Madjid Makedhi
Source : www.elwatan.com