Bouteflika figurera-t-il, aux côtés de ses pairs, sur la photo de la «famille méditerranéenne recomposée» ? A trois semaines du sommet constitutif de l'Union pour la Méditerranée (UPM), la question reste plus que jamais posée. Et la réponse est loin d'être officiellement tranchée.
En suspens depuis deux mois, la présence du chef de l'Etat à la naissance de l'UPM tient en haleine, à n'en plus finir, les rédactions parisiennes. Les réserves d'Alger au sujet d'Israël et ses demandes d'éclaircissement sur un projet jugé encore flou ont accrédité l'hypothèse d'un forfait algérien. Dernier officiel algérien en date à s'exprimer sur le sujet, Abdelaziz Belkhadem n'a pas levé définitivement le voile sur les intentions algériennes. Dans un entretien publié hier par Le Monde, le Chef du gouvernement n'en a pas dit plus que ce que chancelleries et médias savaient déjà. Ni confirmation ni infirmation de la participation de Bouteflika.
Dans le jeu des questions-réponses, le locataire du Palais du gouvernement a choisi visiblement d'entretenir le suspense. C'est du moins ce que laissent suggérer les éléments de langage tenus pour la circonstance. Question sans détour de Florence Beaugé, l'envoyée spéciale du journal à Alger: Bouteflika sera-t-il présent le 13 juillet à Paris pour le lancement du projet cher à Nicolas Sarkozy ? Réponse dans le pur style diplomatique du chef de file de l'équipe gouvernementale: «Je ne peux pas m'avancer, mais le Président Bouteflika nous a toujours habitués à être là quand l'Algérie doit être représentée à son plus haut niveau».
Abdelaziz Belkhadem dément-il, ce faisant, les «rumeurs» sur l'absence de Bouteflika à la cérémonie inaugurale de l'UMP ? Nouvelle réponse au ton diplomatique tout aussi pesé: «Je dis qu'il n'est pas exclu que le Président Bouteflika vienne à Paris pour ce sommet».
Faut-il voir dans ces propos le signe que l'avion présidentiel appareillera bien en direction de Paris à la mi-juillet ? Interrogé par Le Quotidien d'Oran, un familier de la relation franco-algérienne est tenté de répondre par l'affirmative. Il en veut pour argument le dernier «point» du chef de la diplomatie française à ce sujet. Interrogé mardi à l'Assemblée nationale par le député des Bouches-du-Rhône (Marseille) Renaud Muselier sur les présents et les absents, Bernard Kouchner a laissé entendre - sans citer son nom - que le président algérien sera du voyage. «Pour l'heure, Kadhafi n'a pas exprimé le besoin de venir. Il a même refusé» le projet, a précisé le patron du Quai d'Orsay dans une allusion à la charge du «guide» contre l'UPM lors du récent minisommet de Tripoli (Libye, Algérie, Tunisie, Maroc, Libye et Syrie). Hormis le chef de l'Etat libyen, «les autres seront là», a assuré le MAE français.
Alors que Paris met les dernières touches à la préparation du sommet, Alger répète par la voix de Belkhadem un propos déjà tenu par le MAE Mourad Medelci: le contenu de l'UPM «reste encore flou». A l'appui de sa remarque, le Chef du gouvernement pointe le changement du projet de Sarkozy par rapport à sa mouture initiale. «L'Algérie est favorable à toute initiative qui rapprocherait les deux rives de la Méditerranée. Mais celle qui nous a été exposée en 2007 par le président Sarkozy n'est plus celle qui nous est présentée aujourd'hui», dit-il sur le ton du regret. A s'en tenir à la réponse de son Premier ministre, l'Algérie aurait souhaité, pour des motifs de résultats et d'efficacité, une entité ouverte aux seuls pays riverains. «Initialement, il s'agissait des seuls pays de la Méditerranée (...). L'objectif était de construire une union du même type que l'Union européenne, avec des projets à géométrie variable».
Tout se passe, dans le propos de Abdelaziz Belkhadem, comme si l'Algérie souhaitait autre chose que le processus euroméditerranéen. Une union authentiquement méditerranéenne appelée, à mesure de son ancrage, à cheminer à l'image de l'Union européenne. Les réserves de l'Allemagne et de la Commission de Bruxelles notamment ont contraint Sarkozy à reformater sa copie.
«Aujourd'hui, c'est une Union pour la Méditerranée, et non plus une Union méditerranéenne (...). Cette union regroupe 44 pays et s'intègre fidèlement dans le processus de Barcelone, qui nous a déçus», précise le Chef du gouvernement. «Favorable à une union de projets à géométrie variable», l'Algérie exige que de tels chantiers ne soient pas «une couverture pour une normalisation rampante avec Israël».
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Posté Le : 19/06/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : L'un De Nos Correspondants A Paris: S Raouf
Source : www.lequotidien-oran.com