Connu surtout pour son combat pour La Casbah d'Alger, l'écrivain, historien et moudjahid Belkacem Babaci a, en réalité, livré plusieurs combats sur plusieurs fronts et porté différentes casquettes dont celle d'officier de l'ANP.Un des premiers combats de Belkacem Babaci a été celui de la lutte pour la libération du pays du joug colonial, dans les maquis et les djebels d'Algérie. Il a, des décennies plus tard, activement participé à la lutte contre le terrorisme. Comme l'avait fait remarquer Mira Gacem, samedi dernier, au siège de la Fondation Casbah à Alger, Belkacem Babaci a été aussi à l'avant-garde du combat pour la restitution des biens culturels et autres, spoliés par la France coloniale.
Belkacem Babaci, né en 1939 à Alger, est mort le 10 septembre 2019 dans la ville qui l'a vu naître et grandir. En commémoration du premier anniversaire de son décès, la Fondation Casbah a abrité, samedi, une rencontre en hommage au grand Homme sous le slogan «Parcours sans fin d'un passionné». La rencontre a été organisée par la Fondation Casbah, en collaboration avec le portail historique et culturel Babzman. Comme pour confirmer ce «parcours sans fin», Babaci est apparu dans une vidéo datant de 2015, où il lançait un message pour sauver la vieille média qui, a-t-il dit, «a été le centre du monde au temps des Ottomans» et dans laquelle l'histoire et la légende se côtoient harmonieusement. La Casbah, ce patrimoine «unique dans le Bassin méditerranéen», est, a-t-il ajouté, «la plus belle et la plus riche en histoire» des vieilles villes dans le monde.
Après avoir désigné les responsables de la détérioration de ce patrimoine classé par l'Unesco, l'ancien président de la Fondation Casbah a fait remarquer qu'elle a un besoin en urgence d'un véritable «plan Marshall».
Ali Mebtouche, l'actuel président de La Fondation Casbah, chiffres à l'appui, a dressé un état des lieux peu reluisant de cette «Casbah en péril», malgré des sommes colossales dégagées.
Ainsi, sur les 1 700 maisons recensées en 1962, seules 200 à 300 maisons «tiennent debout» aujourd'hui. Les pouvoirs publics sont les responsables de cette situation, a-t-il répété plusieurs fois tout au long de son intervention.
Mira Gacem, directrice de la revue et du portail Babzman, a axé son intervention sur la question et la notion des biens spoliés et des procédures nécessaires à la récupération de ce patrimoine culturel ou historique, comme, à titre d'exemple, les crânes des résistants de la bataille de Zaâtcha.La notion de «biens spoliés» qui existe depuis l'Antiquité, a-t-elle rappelé, est aujourd'hui «au c?ur de l'actualité» et de réflexions en Europe et ailleurs. Ce sont Paris et Londres qui détiennent le «triste record» dans le domaine du vol du patrimoine des autres peuples, qualifié de «bien mal acquis» par l'oratrice. Les anciennes colonies commencent à faire des démarches pour récupérer ce qui leur appartient.
Mira Gacem a aussi rappelé la restitution par la France de la dépouille mortelle de Saartjie Baartman, appelée «la Venus Hottentote» à l'Afrique du Sud en 2002, et des têtes maories, à la Nouvelle-Zélande en 2011.
Concernant les biens algériens spoliés, la procédure de récupération est double et compliquée, car ils sont souvent considérés comme un «bien français» (la fameuse appropriation culturelle). En conclusion, la directrice de Babzman a appelé la société civile à «s'organiser en marge du politique» afin de récupérer ce qui nous appartient. C'est, en quelque sorte, porter le combat sur un autre front, celui de la culture.
Kader B.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 14/09/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kader Bakou
Source : www.lesoirdalgerie.com