Algérie

Belhadj remporte l'AFC Champions League et entre dans l'histoire



Belhadj remporte l'AFC Champions League et entre dans l'histoire
Belhadj : «Je vous avais bien dit, en Autriche, que j'étais à Al Sadd pour ce titre !»
Grâce à un match héroïque et une grosse débauche d'énergie tout au long des 120' de jeu, la formation qatarie d'Al Sadd a réussi à créer l'exploit en remportant samedi dernier, pour la deuxième fois de son histoire, l'AFC Champions League, soit la Ligue des champions asiatique, en disposant en finale de la redoutable équipe sud-coréenne du Jeonbuk Hyundai Motors, (2-2) au terme du match (4-2), lors de la fatidique séance de tirs au but. Soutenu par plus de 40.000 supporters dans son fétiche stade de la Coupe du Monde de Jeonbuk (la Confédération asiatique avait désigné cette enceinte bien avant l'entame de la compétition et donc avant la qualification en finale de l'équipe hôte), la formation sud-coréenne avait pourtant réussi à faire le plus difficile en ouvrant tôt dans le match le score grâce à un joli coup franc direct transformé par l'un des deux Brésiliens de l'équipe, en l'occurrence Eninho (18'). Un avantage qui sera de courte durée puisque Al Sadd parviendra à revenir à la marque à la 29', après qu'un défenseur de Jeonbuk eut marqué contre son camp. Au retour des vestiaires et contre toute attente, c'est Al Sadd qui parviendra à prendre l'avantage, suite à un joli but de Kader Keita, à la 60'. Le club doyen du Qatar maintiendra ce score jusqu'à la 90'+1, le moment choisi par Lee Sang Hong pour remettre les pendules à l'heure et envoyer les deux équipes aux prolongations. Des prolongations qui ne donneront rien et c'est donc aux tirs au but qu'Al Sadd, grâce notamment à deux arrêts décisifs de son portier, réussira à remporter cette belle finale en brandissant le trophée tant convoité.
Nadir a transformé le tir au but de la victoire
Comme attendu, l'international algérien de cette équipe d'Al Sadd, Nadir Belhadj, a été aligné d'entrée de jeu par son entraîneur, George Fosati. Disponible sur son côté gauche, l'Algérien, qui a pris part à l'intégralité des 120', a sorti un excellent match. Pour couronner sa belle prestation, c'est lui qui fut l'auteur du dernier penalty victorieux lors de cette séance de tirs au but. Son joli contre-pied sur le gardien sud-coréen a permis à ses coéquipiers d'Al Sadd d'enclencher les festivités et savourer le triomphe final. Par cette belle consécration, l'ancien pensionnaire de Portsmouth entre dans l'histoire de cette compétition asiatique, puisqu'il devient le tout premier joueur Algérien à la remporter. Une distinction qui a fait tant plaisir au joueur et qui lui a certainement donné raison quant à son choix d'opter pour ce club d'Al Sadd.
Enorme match de sa part
Aligné au poste de milieu gauche, Nadir Belhadj a, de l'avis de tous les observateurs et autres spécialistes qui ont suivi cette finale sur le petit écran, sorti un énorme match, aussi bien sur le plan offensif que sur le plan défensif. Omniprésent sur l'ensemble de son couloir gauche, l'enfant d'El Bahia n'a pas failli à sa mission et aura été l'un des tout meilleurs joueurs sur le terrain. Le célèbre commentateur tunisien de la chaîne Al-Jazeera Sport, en l'occurrence Issam Al-Chouali, n'a pas tari d'éloges sur lui, tout au long de la partie, saluant notamment sa fouge et sa combativité dans le jeu. Si par le passé, l'arrière gauche des Verts s'était souvent fait remarquer par ses nombreux déchets techniques et ses gestes de trop, cette fois-ci et au cours de cette finale, il a joué simple et surtout juste. Ce n'est d'ailleurs pas par hasard que le second but de son équipe est venu de sa part. En effet, suite à une belle remontée de balle de Nadir de la défense, celui-ci, à l'approche des 30 mètres du but adverse, remet sur le côté le cuir à Khalfan qui centre en direction de l'Ivoirien Kader Keita, lequel d'une belle volée réussit à tromper la vigilance du portier adverse et à donner l'avantage à Al Sadd. Sur le centre de Khalfan, on notera aussi l'intelligence de l'Algérien qui, bien qu'il pouvait intercepter le ballon, s'est néanmoins effacé et l'a laissé filer à son camarade ivoirien. Une action bien huilée qui n'a pas manqué d'agacer le coach sud-coréen.
Il s'adjuge son 1er titre majeur et met fin à une série de 3 finales de suite perdues
Cette victoire en finale de la Ligue des Champions asiatique est très importante aux yeux de Nadir Belhadj, puisqu'elle demeure l'une de ses meilleures consécrations dans sa riche carrière. C'est tout simplement son premier titre majeur qu'il remporte avec l'un de ses clubs. Même s'il a fait partie de l'effectif lyonnais ayant décroché le titre de champion de France en 2008, l'Algérien n'avait joué durant cette saison que six mois pour l'OL, avant d'être prêté en janvier à Lens. La victoire de samedi dernier met surtout fin à une série de trois finales perdues auparavant par l'Algérien (Coupe de France en 2005 avec Sedan, Coupe de la Ligue en 2008 avec Lens et Coupe d'Angleterre en 2010 avec Portsmouth). Voilà donc le joueur qui goûte enfin au bonheur d'une consécration en finale d'un tournoi majeur.
Il est à souligner, cependant, qu'en août 2007, et avant le coup d'envoi du championnat de Ligue 1, Belhadj avait remporté le Trophée des champions avec l'OL, face au FC Sochaux (2-1).
Rendez-vous pris face au Barça le mois prochain
Le sacre obtenu par Al Sadd samedi dernier est d'autant plus savoureux et précieux qu'il permet au club qatari d'avoir le droit de participer au mois prochain au tournoi final de la Coupe du monde des clubs qui aura lieu au Japon, du 8 au 18 décembre. Ce tournoi, qui regroupe comme tout le monde le sait les vainqueurs des six compétitions continentales de la saison écoulée, verra donc notamment la présence cette année du champion d'Europe, le FC Barcelone, et aussi du vainqueur de la Copa Libertadores, le FC Santos du Brésilien Neymar. En remportant son premier match dans ce tournoi, soit le quart de finale, Al Sadd pourrait avoir la chance (ou la malchance, tout dépend) de croiser le fer avec le club catalan en demi-finale. Un match de prestige qui fait d'ores et déjà rêver notre compatriote qui aura l'occasion de croiser, une nouvelle fois, la star argentine et planétaire, Leo Messi.
Il est à rappeler que Belhadj avait déjà affronté le FC Barcelone durant sa carrière. C'était en 2007 avec l'Olympique Lyonnais, lors de la phase de poules de l'UEFA.

Le temps leur a donné raison
Ah, ce qu'il dû subir comme insultes et quolibets ! Nadir Belhadj se souviendra longtemps de l'été 2010, et pas seulement en raison de la Coupe du monde. En effet, son transfert de Portsmouth vers Al Sadd du Qatar avait provoqué beaucoup de remous, de nombreuses voix avaient prédit la fin du joueur. Même l'agent qui a été derrière son transfert, Farid Ayad, avait été critiqué par certains médias qui l'avaient accusé d'être un mercenaire pour qui seules les commissions à toucher importaient. Le temps a fini par donner raison aux deux hommes.

Belhadj : «Je vous avais bien dit, en Autriche, que j'étais à Al Sadd pour ce titre !»
La fête a été double pour vous puisque vous avez été sacré champion d'Asie des clubs avec Al Sadd, la veille de l'Aïd El Adha. Vous êtes un privilégié'
(Rires) C'est vrai que j'ai passé un week-end formidable. Je ne peux vous décrire mon bonheur d'avoir remporté ce titre. Rappelez-vous bien, je vous avais bien dit, lorsque vous étiez venu me voir en Autriche, au mois de juillet 2010, juste après mon engagement avec Al Sadd, que j'avais signé dans un grand club qui avait pour ambition de remporter la Ligue des champions asiatique. Beaucoup m'avaient pris pour un fou, mais vous voyez bien que ça s'est réalisé. De plus, il y a eu l'Aïd derrière. C'était donc la joie continue pour moi. En cette occasion, je présente mes meilleurs v'ux de bonheur au peuple algérien, au peuple qatari et à tous les musulmans à travers le monde.
N'avez-vous pas eu des appréhensions du fait que la finale s'est déroulée dans le pays de votre adversaire, la Corée du Sud '
Nous sommes entrés sur le terrain sans faire trop de calcul. Nous connaissions déjà le climat de la ville de Séoul puisque nous avions affronté, en demi-finale, le club sud-coréen de Samsung. La température nous convenait parfaitement. Du moins, elle était plus douce que celle sévissant à Doha où il fait encore assez chaud. Le terrain était magnifique. Certes, notre adversaire évoluait devant son public, dans un stade archicomble, mais nous étions confiants. Nous savions qu'il fallait juste rester concentrés et s'appliquer.
N'avez-vous pas un peu douté après avoir encaissé le but égalisateur juste avant la fin du temps réglementaire alors que vous meniez au score '
Non, nous n'avons pas douté. Certes, nous étions en difficulté car nous ne faisions que défendre et notre adversaire monopolisait le ballon et faisait tout pour égaliser et il a même raté un paquet d'occasions, avant d'y parvenir dans les dernières minutes, mais nous avons tenu le coup. Nous n'avons pas perdu la tête. Nous nous sommes même procurés deux ou trois occasions durant les prolongations. L'essentiel est là : le résultat final.
Avant la séance des tirs au but, une caméra a capté un geste que vous avez adressé à votre entraîneur et par lequel vous demandiez à tirer en cinquième position. Pourquoi cette requête '
Parce que, depuis que je joue au football, je tire toujours en dernier lors des séances des tirs au but. Cela a été le cas lorsque nous avions remporté, avec Al Sadd, le tournoi Jassem la saison passée, cela avait été le cas également dans les clubs par où je suis passé et même lorsque je joue avec des amis dans mon quartier ou à la maison, c'est toujours le cas. Donc, en voyant que l'entraîneur notait l'ordre des tireurs, je lui ai indiqué de loin que je voulais tirer en cinquième position.
Il vous a donc fait confiance'
Oui. Il sait que j'ai l'expérience de ce genre de matches. Quand même, j'ai joué la Coupe du monde et la Ligue des champions européenne et j'ai joué dans de grands championnats européens. Il sait que je sais gérer la pression des grands rendez-vous. Effectivement, j'ai choisi le côté et j'ai tiré en m'appliquant.
Vous avez placé le tir plutôt que tiré en force. Etait-ce un choix délibéré '
Quand je tire les penalties, je le fais toujours avec le plat du pied. Jamais je ne tire en force. En posant le ballon sur le point de penalty, j'ai donc choisi le côté et j'ai placé le ballon de manière à le mettre hors de portée du gardien de but. Finalement, ce dernier est parti à contre-pied.
On imagine que la joie a été grande parmi vos coéquipiers'
Oui, c'est clair ! Al Sadd est un grand club qui voit toujours grand. Nous nous sommes fixés ce trophée comme objectif et nous avons tout fait pour l'atteindre. C'est le fruit du travail de tout un groupe. Je dédie ce titre à tous mes coéquipiers ainsi qu'à tout le peuple qatari, sans oublier, bien sûr, le peuple algérien.
Pensez-vous que c'est la consécration de la politique de football menée au Qatar ces dernières années '
C'est sûr qu'il y a eu un grand travail qui a été fait. Désormais, il y a de grands joueurs, jeunes et performants qui sont recrutés. De plus, l'organisation de la Coupe du monde 2022 a été décrochée. Donc, il y a une politique sérieuse qui est menée au Qatar. Pour preuve, la dernière fois qu'un club qatari a remporté la Coupe d'Asie des clubs remonte à plus de vingt ans. De plus, à l'époque, il n'y avait que des clubs des pays du Golfe qui y participaient. Là, en Ligue des champions asiatique, il y a les meilleures clubs d'Asie : des Coréens, des Japonais, des Iraniens' C'est devenu une compétition relevée, et la remporter est très valorisant.
Dans la foulée, vous allez participer à la Coupe du monde des clubs au mois de décembre, une compétition à laquelle un seul joueur algérien a participé : Moussa Saïb avec le Nasr d'Arabie Saoudite lors de la première édition en 2000'
Ce sera la cerise sur le gâteau ! Je suis très motivé à l'idée de jouer cette prestigieuse compétition où se retrouveront les champions de tous les continents. Il y aura notamment le Barça et un club brésilien (Santos, vainqueur de la Copa Libertadores, avec sa star Neymar, ndlr). Ce sera un gros challenge et, surtout, une nouvelle opportunité pour moi d'emmagasiner de l'expérience dans le très haut niveau.
Etes-vous conscient que vous allez disputer votre deuxième Coupe du monde en deux ans '
(Rires) Oui, c'est vrai, quoique ce sera cette fois-ci une Coupe du monde des clubs. Je n'arrive pas à y croire ! C'est un privilège, en effet. J'espère être à la hauteur de cet événement.
On imagine que vos coéquipiers en sélection qui évoluent dans les pays du Golfe ont été parmi les premiers à vous féliciter pour votre sacre'
C'est vrai qu'ils sont contents pour moi. Chacun d'eux a fait un choix en toute conscience et ce serait une erreur de considérer qu'ils sont partis à l'aventure. Le championnat du Qatar et celui de l'Arabie Saoudite ne sont pas si faibles qu'on le laisse penser et il y a des choses intéressantes à y faire. Madjid Bougherra va participer, avec Lekhwiya, à la prochaine édition de la Ligue des champions asiatique et il a la possibilité de faire des choses intéressantes.
Lorsque vous avez brandi le trophée samedi, vous êtes-vous remémoré l'été 2010 quand votre transfert au Qatar vous avait valu des critiques virulentes en Algérie '
Je n'ai aucune revanche à prendre sur quiconque. Certes, on m'avait carrément descendu en flammes à l'époque et ça m'avait fait mal, mais je savais que je n'étais pas parti dans un club quelconque. Al Sadd a de l'ambition et il l'a prouvé. Je me f' de ce que les gens veulent raconter. Je viens de répondre tranquillement, sur le terrain, à mes détracteurs. Je préfère travailler et laisser les gens parler.
Lors de la cérémonie de remise du trophée, nous vous avons vu brandir le drapeau national. Vous l'avez donc préparé en cas de victoire '
Non, je n'ai rien préparé du tout. C'est quelqu'un qui me l'a remis à la fin du match. Je ne sais même pas si c'est un Algérien. Je suis monté sur l'estrade en arborant l'emblème national ainsi que le drapeau du Qatar et l'écusson de mon club, Al Sadd. C'était un grand moment de fierté pour moi.
Vous enchainez les joies puisque vous retrouverez les Verts à l'occasion du stage de préparation des matches amicaux contre la Tunisie et le Cameroun'
Oui, c'est une vraie joie, comme à chaque fois que je suis convoqué. Nous aurons à bien travailler à l'occasion de ces deux matches qui seront des tests très intéressants. Comme nous voulons gagner à tous les coups, même les rencontres amicales, nous voulons gagner ces matches-là. J'espère que nous nous montrerons à la hauteur, tout comme l'ont fait mes coéquipiers lors du match face à la République centrafricaine.
Pour ce stage, il y aura des nouveaux, dont Sofiane Feghouli. Le connaissez-vous '
Je le connais par ses performances plutôt que sur un plan personnel. Il est clair que c'est un joueur de talent, susceptible de nous ramener un plus. Tout renfort de qualité est le bienvenu. Cela a toujours été notre devise au sein de la sélection. Il ne regrettera pas son choix, c'est sûr. Pour notre part, nous lui souhaitons d'ores et déjà la bienvenue et nous ferons en sorte qu'il se sente comme chez lui.
Pour terminer, une dédicace à l'occasion de l'Aïd ElAdha et de votre sacre asiatique '
Je dis Aïdkoum mabrouk à tous les Algériens où qu'ils soient. Je passe un salut particulier à ma famille qui m'a soutenu dans les bons et mauvais moments, à mes coéquipiers à Al Sadd, à tout le peuple qatari qui est d'une grande gentillesse et qui m'a fait sentir, depuis mon arrivée, que j'étais chez moi, à mes amis qui ont toujours cru en moi et ne m'ont jamais laissé tomber. Je n'oublierai pas de citer Farid Ayad qui m'a transféré au Qatar et qui a subi beaucoup de critiques, alors que le temps lui a donné raison puisque non seulement d'autres Algériens sont venus après, et j'ai remporté un titre continental. Qu'il en soit remercié.


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