Plus d'une année sans gouvernement de plein exercice, la Belgique demeure parmi
les meilleurs élèves de l'Europe en ces temps de crise internationale. Interpellant.
Alors qu'un journaliste demandait au chanteur - rockeur belge, Arno, son
avis sur la situation politique belge, il eut cette réponse affectueuse :
" la Belgique
est un pays imaginaire".
C'est qu'Arno est fidèle à ses convictions puisqu'il abonda dans le même
sens à l'annonce de la crise politique en 2007 déjà : " la Belgique n'existe pas, je
le sais, j'y suis né ". D'aucuns verront dans les propos du chanteur à la
voix rocailleuse un pessimisme en l'avenir du pays, voire la négation de son
statut de nation. Pourtant Arno aime viscéralement son pays et particulièrement
sa capitale Bruxelles. Il aime " traîner " dans ses quartiers
populaires tels ceux du " Matongé ", fief
des communautés africaines ; les Marolles chargées d'une histoire séculaire du
vieux Bruxelles ou encore la
Grand-Place où défile jour et nuit
une multitude de touristes du monde entier. Par ses formules poétiques, le
chanteur résume l'état dans lequel les responsables politiques ont plongé le
pays : dans un vertige sans fin. Plus d'une année, depuis la chute du
gouvernement d'Yves Leterme, et bientôt une année
depuis les élections législatives (7 juin), et la Belgique vogue au gré de
disputes communautaires kafkaïennes : flamands contre Wallons, nord contre le
sud, Bruxelles contre tous, etc. En plein milieu de cette comédie des origines
et de surenchère linguistique, la
Belgique a présidé les destinées de l'Union européenne avec …
un succès reconnu par tous. L'UE a été présidée, du 1er juillet au 31 décembre 2010,
par le gouvernement d'un pays, la
Belgique, lui-même démissionnaire. Mieux, en mars dernier, les
flamands conduits par le parti nationaliste " N & VA " ont menacé
de voter une mention contre le gouvernement d'Yves Leterme,
démissionnaire et qui assure la conduite des affaires courantes de l'Etat ! Autrement
dit, faire démissionner un gouvernement démissionnaire depuis… 11 mois ! Les
constitutionnalistes avaient le tournis. Cette Belgique " imaginaire "
dont parle le chanteur Arno est ailleurs : dans la tête et la vie courante de
tous les jours. Habitués aux sautes d'humeur de leurs responsables politiques, les
Belges savent que ce n'est rien d'autre qu'un énième épisode de la vie " conjugale
" passionnelle que vivent flamands et Wallons depuis plus de 170 ans. Bruxelles
est la ville qui cristallise toutes ces vieilles querelles. On y recense plus
de 170 (âge de la Belgique)
nationalités différentes. La ville a les atouts d'une grande capitale
européenne tout en gardant un caractère provincial. Les Bruxellois aiment leurs
quartiers et y vivent la nuit. En témoigne le nombre de " bistrots " de
quartier où ils se retrouvent pour commenter les faits du jour et en rire. Cet
aspect de gros bourg contraste avec sa vitalité diplomatique. Bruxelles vit
tous les jours des événements internationaux. Endéans son statut de capitale de
l'UE, siège des Institutions européennes et de l'Otan, Bruxelles est aussi le
siège de dizaines d'autres structures internationales telles l'Organisation
mondiale des douanes par exemple.
Sans gouvernement de plein exercice
depuis avril (chute du gouvernement) 2010, la Belgique n'est pas hors
du coup des grandes opérations internationales. Elle a été le premier pays à
rejoindre, avec 4 bombardiers mirages, la première escadrille qui attaqua le 19
mars les positions militaires de Kadhafi. Ses représentants commerciaux, y
compris les princes héritiers, n'arrêtent pas de sillonner le monde, jusqu'en
Chine et au Brésil, pour vendre la marque belge. Et dans la conjoncture
actuelle de crise économique internationale, la Belgique s'en tire, tout
compte fait, pas mal du tout. Elle bénéficie encore de la confiance des agences
de notation et figure parmi les plus disciplinés d'Europe avec 3 % de déficit
public, taux qu'aspire atteindre, fin 2012, des pays comme la France, l'Italie et bien d'autres.
Cette situation surréaliste du pays, qualifiée " d'imaginaire " par
le chanteur Arno, n'est en réalité qu'une autre façon de mettre la Belgique au-dessus de
toute autre considération d'origine, de langue ou de culture. Un pays qui survivra
aux fantasmes des nationalistes opportunistes et calculateurs de tous bords.
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Posté Le : 14/05/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com