Sans gouvernement de plein exercice depuis une année, la Belgique reste l'un des
meilleurs élèves de l'Europe et vient de se classer au 9ème rang pour son
respect de l'Etat de droit. Comment se fait-il ?
Le 13 juin 2010, les Belges étaient appelés à des élections législatives
anticipées. Un an après, ils n'ont toujours pas de gouvernement de plein
exercice. L'actuel gouvernement démissionnaire gère, depuis, les affaires dites
«courantes». Et la situation ne semble pas vouloir se débloquer avant la fin de
cette année, du moins pas avant la prochaine rentrée sociale en septembre
prochain.
Ce 13 juin 2011, la publication du rapport sur le classement de l'Etat de
droit dans le monde, place la
Belgique au 9ème rang. Comme cadeau d'anniversaire, avouons
que cela peut surprendre plus d'un. Que signifie un tel classement ? Plus
qu'une simple statistique, cela traduit la valeur, la crédibilité et la
solidité d'un système politique et son respect des règles de la démocratie.
Autrement dit, lorsque les Institutions politiques d'un pays sont bâties
sur le respect du choix de ses citoyens, elles «survivent aux humeurs des
hommes, des partis politiques et au… temps» pour paraphraser un ancien
président algérien disparu. Depuis une année, la Belgique est gouvernée
par une équipe de transition sans bouleversement social, émeutes, violences ou
faillite économique. Elle demeure parmi les meilleurs élèves de l'UE et les
agences internationales de notation bancaires lui gardent toute leur confiance.
Pourtant à bien observer les raisons techniques (résultat électoral) de cette
«impasse» politique, le commun des juristes y perdra son «droit». Résumons : la Belgique a un système
fédéral où le vote est obligatoire et communautaire. Au nord du pays, chez les
Flamands, c'est la N- VA,
parti nationaliste qui a décroché 27,8 % des voix et accapare ainsi 27 sièges
sur les 150 que compte la chambre (Assemblée). Au Sud, les francophones ont
plébiscité le parti socialiste (PS) avec 37,6 % des voix et… 26 sièges. C'est-à-dire
moins de sièges que le parti flamand N-VA, alors qu'il a fait un meilleur score
en pourcentage. Pourquoi ? Parce que sur les 11 millions de Belges, plus de 6
millions sont Flamands et l'attribution des sièges à l'Assemblée se fait au
prorata du nombre de la population (flamande et wallonne francophone).
Enfin, la Flandre
plus riche souhaite, en plus d'une redéfinition de la carte électorale
nationale, en particulier sur Bruxelles et sa banlieue (BHV), une scission dans
la gestion de secteurs publics sensibles tels ceux de la fiscalité, de la
sécurité sociale etc. Paradoxalement, c'est la complexité du système politique
belge qui fait sa force. Il oblige les acteurs politiques au consensus
permanent et sur tous les sujets économiques, sociaux, culturels… Ce n'est pas
toujours facile, il est vrai. En un an de négociations entre les vainqueurs des
élections, huit missions de discussions, de préformation de gouvernement, de
conciliation, etc. ont été menées sur injonction du roi, gardien de l'unité
nationale. Et ça continue. Les Belges, eux, ont manifesté dans la bonne humeur
leur impatience pour un nouveau gouvernement. Ils ont fini par baptiser leur
mouvement de «Révolution de la frite.» Dans un récent sondage, ils se sont
prononcés à une bonne majorité (57%) pour que les partis politiques continuent
de négocier le temps qu'il faudra pour un accord qui arrangerait tous les
Belges. Ils ne souhaitent pas un mauvais accord dans la précipitation.
La morale de cette «histoire belge» est que la citoyenneté en Belgique
est entière. Les Belges ne sont pas, malgré les apparences, otages de clans ou
partis politiques. Ils savent que leurs institutions nationales sont solides et
viables au-delà des hommes, des partis et clans. Ils ont conscience de
l'importance d'asseoir un gouvernement sur un projet social national. Pour la
gestion courante des affaires du pays, l'actuel gouvernement s'en sort plutôt
bien. Là encore, parce que les lois du pays sont claires, le contrôle par le
parlement est continu et les institutions hors d'atteinte de velléités ou
calculs politiciens. En 2011, les Belges ont vu leur indice salarial augmenter
de 3 %, l'épargne privée nationale augmentée et l'économie relancée après la
crise financière internationale. En démocratie, les crises politiques ne
détruisent pas les gens, leurs libertés et leurs institutions. A méditer.
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Posté Le : 15/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med
Source : www.lequotidien-oran.com