Revoilà la question du port du foulard islamique de nouveau à la porte
des écoles. En se prononçant sur son interdiction, la Communauté flamande vient
de déclencher une nouvelle polémique sur un sujet sensible, non dénudé
d'arrière-pensées communautaires, voire de violence identitaire.
Le Conseil de la Communauté flamande a choisi la date symbolique du 11
septembre pour proclamer l'interdiction du port du foulard islamique, dans les
700 établissements scolaires dont il a la charge. La «mèche» a été allumée dès
le 1er septembre, jour de rentrée scolaire en Belgique, par les directeurs de
deux athénées (lycées) à Anvers qui ont signifié à quelques-unes de leurs
élèves d'ôter le fameux foulard, dit islamique, à l'entrée des écoles.
S'en est suivi une plainte devant
le Conseil d'Etat (la plus haute juridiction en Belgique) déposée par deux
élèves et des réactions d'associations et de notoriété publiques. Qu'à cela ne
tienne, et avant que le Conseil d'Etat ne se prononce (la semaine prochaine),
le Conseil de l'enseignement de la Communauté flamande s'est vite empressé
d'adresser une note aux 700 établissements qu'il gère pour leur enjoindre
d'interdire le port du foulard islamique.
Du coup, la Ligue arabe
européenne (LAE), une association née en 2002, en réaction au sentiment
anti-islamiste exacerbé au lendemain des événements du 11 septembre et de la
«croisade» déclenchée par Georges en Afghanistan et bientôt l'Irak (2003),
riposte en affirmant être prête à créer son propre réseau d'enseignement pour
les musulmanes portant le voile. «Nous sommes contre la ségrégation, mais si
c'est ainsi, nous sommes prêts à ouvrir notre propre école. Nous gérons bien 70
mosquées dans la ville d'Anvers», a déclaré son président Karim Hassoun. Il
faut dire que jusque là, un tiers des écoles en Flandre interdisait le port du
voile. Le reste des établissements le tolérait dans une certaine mesure.
C'est pourquoi, en se prononçant
avant l'avis du Conseil d'Etat, le Conseil de la Communauté flamande risque de
déclencher une polémique éculée et inutile sur la question. Le débat ne sera
que plus « violent » alors qu'il intervient en plein période du mois de Ramadan
pour les musulmans. A la limite, la Communauté flamande aurait pu attendre
l'avis du Conseil d'Etat.
Dans la ville de Verviers, en
Wallonie (francophone), une première manifestation a été organisée par des
élèves devant une école, en soutien aux «musulmanes» d'Anvers. Le climat n'est
pas du tout serin depuis le début du Ramadan. Des échauffourées ont éclaté au
début du Ramadan, dans la commune bruxelloise de Moelenbeek à forte densité de
populations maghrébines, suivies par des heurts avec la police dans d'autres
communes de la capitale telles celles d'Anderlecht et Saint Gilles. Pourtant,
il faut bien reconnaître à l'Etat belge sa relative tolérance sur ce genre de
questions sensibles par une certaine politique de compromis. A l'inverse de
celui de la France par exemple qui, lui, s'est prononcé en 2004 pour l'interdiction
de tout signe religieux distinctif dans les établissements publics.
Comme si la Belgique, qui fait
face à une crise communautaire (entre Flamands et Wallons) assez complexe,
avait besoin d'en rajouter «une couche» avec la communauté immigrée d'obédience
islamique. Partis du cas de deux élèves, les responsables politiques flamands
risquent de précipiter une crise identitaire supplémentaire à un pays qui n'en
a vraiment pas besoin, tant il cherche une sortie de la grave crise économique
et financière qui le frappe. Ou alors, les responsables politique flamands
veulent jeter «le voile» sur les vrais enjeux politiques de cette rentrée
sociale 2009.
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Posté Le : 15/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : M'hammedi Bouzina Med de Notre Bureau de Bruxelles
Source : www.lequotidien-oran.com