Algérie

Belaïd Lacarne (président de la CFA) : «Le développement de l'arbitrage, notre priorité»



A 71 ans, et après une très longue et fructueuse carrière de footballeur, arbitre et formateur, on pensait que Hadj Belaïd Lacarne était blasé. Pas du tout, c'est avec le même enthousiasme qu'il poursuit sa noble mission.

Il serait en droit de goûter aux plaisirs du parfait retraité. Eh bien non. Son bonheur, il le trouve dans son rôle de formateur et pédagogue auprès des générations montantes. Pour ne pas utiliser la langue de bois, disons que de par sa probité, il dérange certains dirigeants de clubs habitués à plus de «liberté de manÅ“uvre». Mais il sait, en revanche, qu'il est tenu en haute estime, et même en affection par de nombreux sportifs épris d'équité dans ce monde si compliqué du football algérien. A chaque prise de fonction, en effet, il assainit d'abord avant de passer à la formation.       Depuis 2009, le président Raouraoua et les membres du bureau fédéral ne pensent que se féliciter de lui avoir confié les rênes de l'arbitrage, un véritable cadeau empoisonné selon la formule consacrée. Cette saison et ce n'est pas par hasard, une nouvelle génération d'arbitres est apparue. Ils sont jeunes, dynamiques et courageux. Certains joueurs belliqueux d'ordinaire l'ont appris à leurs dépens. Lorsqu'il a fallu siffler un penalty contre l'équipe recevante ou renvoyer aux vestiaires des joueurs dépassant les limites de la correction, ces jeunes directeurs de jeu n'ont pas hésité, à la grande joie de leurs formateurs.

 C'est le principal enseignement qui saute aux yeux. Nous avons sollicité Hadj Belaïd Lacarne pour qu'il nous retrace les grandes lignes du bilan de ces dernières saisons.

Le Quotidien d'Oran.: Pouvez-vous retracer le bilan de ces dernières saisons?

 Lacarne Belaïd.: Avec mes collègues de la commission, nous avons mis en place les différents axes de développement. Nos actions ont été conformes aux orientations de la FIFA et aux lois du jeu. La formation a ciblé deux «corps» spécifiques, à savoir les directeurs de jeu et les arbitres assistants. Pour ces derniers, une attention particulière a été accordée à la loi XI (hors jeu).     Outre la théorie, nous avons introduit beaucoup d'exercices pratiques. Un travail intensif a été entrepris. Chaque région a été représentée par 35 jeunes arbitres. Nous avons réalisé 27 stages à leur intention et vu leur âge (24 ans) on peut dire que dans quelques années, ces arbitres constitueront l'élite de demain. Ces jeunes ont été lancés dans le bain, suivis et contrôlés par des techniciens, membres de la CCA.

 Au départ, nous avions 265 arbitres recensés. Après les tests physiques, il y a eu une déperdition assez nette.

 Sur les 150 candidats soumis à l'examen théorique, 137 ont été admis. Sur le plan pratique, les satisfactions sont réelles surtout dans les matches en inter-régions.

Q.O.: Qu'en est-il de la professionnalisation de l'arbitrage ?

L.B.: Dans ce volet spécifique, plusieurs actions ont été réalisées. En premier lieu, il a fallu uniformiser et adapter les programmes pédagogiques de formation moderne FIFA. Cette méthode a été appliquée avec la généralisation de l'outil informatique et du support vidéo. Nous avons dressé un fichier central actualisé en permanence des arbitres et des assistants en activité et leur encadrement. Il va de soi que nous avons sollicité des compétences en vue du rajeunissement et de la constitution de panels d'instructeurs techniques, de préparateurs physiques et évaluateurs des arbitres. Il y a une classification de tous les intervenants selon les aptitudes de chacun.

Q.O.: Pouvez-vous revenir sur les lois XI et XII ?

L.B.: Comme je l'ai dit, les efforts ont ciblé les thèmes d'actualité et particulièrement les lois XI et XII avec leurs innombrables situations, l'exécution du coup de pied de réparation et les différentes lois du jeu qui restent, à ce jour, différemment interprétées sur les terrains. La CFA est arrivée à mettre en place des préparateurs physiques. Des programmes mensuels ont été envoyés aux arbitres et arbitres assistants.

Q.O.: Quelques mots sur les équipements mis à la disposition des arbitres…

L.B: A ce propos, le président Raouraoua n'a pas lésiné sur les moyens. Il faut lui rendre hommage parce qu'il a dégagé tous les moyens nécessaires. Les arbitres ont été dotés de ces outils de communication modernes, à savoir les oreillettes et les «Bip» aux assistants. Un temps est nécessaire pour une bonne utilisation. Par ailleurs, les arbitres seront équipés d'une tenue de sortie civile. Les mesures ont été prises et il ne reste que le fournisseur. Des badges des différents grades sont prévus. Tous ces équipements seront disponibles pour la saison 2011-2012.

Q.O.: Qu'en est-il du droit de réserve et l'éthique sportive ?

L.B: Effectivement. Au cours de l'actuelle saison et particulièrement, en cette fin de championnat, nos arbitres ont été la cible de présidents et gestionnaires de clubs et ont été accusés à tort, de tous les maux. Ils on été discrédités aux yeux de leur famille et de l'opinion sportive, portant ainsi atteinte à leur honneur. Le droit de réserve imposé à nos arbitres n'est pas de nature à mettre fin à ces dépassements inacceptables en l'absence de réaction de la FAF.

 A cet effet, il est impératif que la FAF use de tous les moyens que lui confère la réglementation pour que cessent ces agressions morales au corps arbitral afin que ce dernier puisse exercer avec confiance dans l'accomplissement de sa mission. Il est tout à fait évident qu'aucun développement ne peut se faire sans le respect de l'éthique sportive et la prise de sanction devant tout dépassement, si les faits sont avérés.

Q.O.: On imagine que vous êtes plutôt satisfait…

L.B.: Effectivement, car des arbitres fédéraux tels Chenène, Ghorbal, Halalchi, Habibana, Zerrouki, Aouina, Babou et Sahraoui ont répondu à nos attentes. Les actions se poursuivront également au niveau des arbitres assistants pour parachever le travail entrepris.

 Un chef de département administratif va être installé, ce qui va nous permettre de nous consacrer à la formation. Il y aura des propositions au grade de fédéral. Enfin, je tiens à préciser que les indemnités d'arbitrage seront pratiquement doublées. Ce qui mettra à l'aise nos arbitres.

 Nous continuerons pour notre part à accompagner ces jeunes dans leur carrière, c'est notre devoir d'anciens de la corporation. Je tiens à remercier les responsables de la ligue de Relizane pour leur disponibilité lors des stages de formation.

Q.O.: On vous laisse le soin de conclure cet entretien.

L.B.: A travers cette synthèse, la CFA se félicite de la réalisation de l'intégralité des actions inscrites au plan de développement de l'arbitrage national grâce, d'abord, et je me plais à le souligner, aux moyens mis à notre disposition par le président Raouraoua et du bureau fédéral. Tous ont adhéré au plan d'action. Il est évident que l'arbitrage national n'atteindra un fonctionnement harmonieux qu'une fois que toutes les structures gestionnaires, inter-région, CRA, CWA connaîtront le même schéma, car les prérogatives de ces structures en matière de développement et formation de l'arbitrage sont importantes. J'affirme que la commission fédérale des arbitres a réalisé son plan d'action avant l'échéance prévue (mars au lieu de juin 2011) et j'estime que l'arbitrage national est mis à niveau. Il est, en tous cas, sur la bonne voie et sa progression ne sera possible que le jour où toutes les structures se mettront à l'heure du professionnalisme.




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