Algérie

Béjaïa vit ses drames en silence


Trois drames. Chaque semaine du mois de mars se singularise par le sien. Les autres jours n'ont pas, trop différé avec leurs lots de manifestations fermetures de routes, rassemblements et protestations. Béjaïa vit mal des jours faits de tension, de larmes, de complaintes et de tristesse. Au début du mois une affaire d'homicide a failli passer inaperçue. Dans un village de la commune de Féraoun, un charlatan tue Manel, cinq ans et sa propre soeur Rahima, 44 ans, victimes d'«un complot satanique dans leur propre domicile». C'était le 9 mars, dans un exercice «de sorcellerie et meurtres rituels». Il y a un peu plus d'une semaine, la ville des Béjaïa a été ébranlée par un séisme de forte magnitude sur l'échelle de Richter sans, certes, faire de victimes, mais la peur et la hantise s'y sont installées mettant à nu une situation des plus dramatiques des habitants de la ville, les mal logés dans un vieux bâti qui aurait dû être pris en charge il y a bien longtemps car, depuis qu'on parlait d'un programme de réhabilitation sans pour autant agir et la concrétiser, le séisme n'aurait pas été aussi conséquent. La semaine dernière, c'était à Oued Ghir, commune distante de Béjaïa de 10 km environ, où huit personnes sept gardiens et un détenu, ont trouvé la mort, intoxiqués par du sulfure d'hydrogène, alors qu'ils s'attelaient à nettoyer la fosse septique de la prison, qui n'est pas encore raccordée au réseau public des eaux usées. Un drame qui révèle encore le peu d'importance accordée aux règles élémentaires d'hygiène et de sécurité. Comme lors du séisme, on peut aisément parler de négligence. Si pour les premières incidents, les pouvoirs publics ont dépêché toute une délégation de ministres sans vraiment qu'il y ait de mesures spectaculaires à même de rappeler aux responsables en poste que la gestion des affaires publiques sur tous les plans n'est pas un jeu d'enfants, pour le drame du début du mois à Féraoun, ce sont les citoyens qui ont réagi en se constituant partie civile dans cette affaire de double homicide. Des citoyens qui ne sont autres que les villageois d'Ichekaben, lieu du drame. Selon un communique´ rendu public, le collectif indique que «les deux victimes sont mortes à la suite de coups suivis d'une strangulation. Les décès ont été confirmés à la polyclinique de Féraoun le mercredi 10 mars», soit une semaine avant le séisme. Et c'est le médecin de garde, qui avait alerte la gendarmerie, précise-t-on encore. Le présumé auteur de ce double crime serait le frère de la défunte Rahima» et que «le drame s'est déroulé en présence des parents et soeur de la victime». Passant les détails du crime, c'est «grâce au témoignage de la fille rescapée, aînée de la victime, que le présumé auteur du crime et ses trois complices ont été interpellés. Leur mise en liberté provisoire a suscite´ une vive indignation, qui a donné lieu à la création de ce collectif qui s'est d'abord constitué en partie civile et a organisé, le jour du crime, une «marche blanche», pour exiger «la justice pour Rahima et sa fille Manel». La marche s'ébranlera du domicile des victimes pour sillonner les artères du village. Le mois de mars est parti, laissant derrière lui des souvenirs douloureux qui ne seront pas oubliés de sitôt. Son lot de drames aura au moins valeur d'interpeller les consciences en ces temps de flottement généralisé.
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