Algérie

Béjaïa, ville fantôme



La grève générale a été largement suivie, hier, dans quasiment toutes les villes et villages de la wilaya de Béjaïa.L'ensemble des administrations publiques ont été désertées. Même constat pour les écoles, les lycées et les entités économiques qui ont été paralysés durant cette première journée de protestation. Il n'y avait pas un seul bus qui assurait le transport en commun et ce, dans toutes les 52 communes de la wilaya, avons-nous constaté.
La journée d'hier rappelait bien les souvenirs d'un certain printemps noir de l'année 2001 où tous les commerces des villes et villages de la Kabylie ont baissé leurs rideaux durant plusieurs jours en réponse aux sanglantes manifestations qu'a connues la région.
Dans la ville de Béjaïa et dans d'autres localités, sauf les pharmacies sont restées ouvertes.Dans le même élan, les travailleurs de la zone d'activité commerciale (ZAC) d'Akbou ont organisé une imposante marche, depuis leurs bases industrielles, et ce, jusqu'au siège de daïra, sous forme de carrés sur la RN 26 ,coupée à la circulation pour l'occasion, scandant des slogans anti-système, rejetant catégoriquement les prochaines élections du 18 avril, qu'ils considèrent comme «scrutin de la honte».
Au chef-lieu de la wilaya, ce sont les travailleurs de la STH, une filiale de la Sonatrach, qui ont déserté leurs postes dès les premières minutes de la journée d'hier, pour organiser un grand rassemblement devant le siège de cette dernière en guise de colère contre le pouvoir et l'idée du 5e mandat que brigue Abdelaziz Bouteflika.
Le mot d'ordre de la grève générale, même s'il a connu une large adhésion à travers les contrées de la wilaya mais a sciemment soulevé quelques interrogations et critiques parmi les populations.
Pour une figure très connue de la scène politique locale Djamel Zenati, en l'occurrence, qui s'est exprimé sur Facebook, ce dernier estime que «dans la hiérarchie des formes de lutte politique, la grève générale occupe indiscutablement le sommet. Elle est le prélude à la désobéissance civile. La grève générale est une action très forte aux conséquences parfois imprévisibles.
Elle peut provoquer un retournement d'opinion et servir d'alibi aux aventuriers de tous bords. Il est donc nécessaire de faire preuve de clairvoyance et d'une extrême vigilance dans la gestion de la grève des cinq jours qui est aujourd'hui à son premier jour dans tout le pays.
Cette action ne doit pas peser négativement sur les secteurs liés à la santé, aux transports et au quotidien du citoyen et altérer le potentiel de mobilisation des populations».
Kamel Gaci


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