Béjaïa ,un rayonnement culturel millénaire
Longtemps, Bejaïa a joué un rôle culturel singulier en accueillant des savants dans les sciences religieuses et profanes qui ont contribué à l’enrichissement du savoir dans la région et à accroître sa réputation internationale bien établie grâce à son opulente économie qui rayonnait sur toute la Méditerranée.
Le mystique Ibn Arabi, le voyageur Ibn Battouta qui y est passé en 1325 et qui a rencontré aux Indes un médecin natif de Bejaïa connu sous le nom de Djamel Eddine El Maghribi, les botanistes Ibn El Rumiya et Ibn El Baytar, le poète Ibn Hamdis, le mathématicien italien Leonardo Fibonnacci qui introduisit en Europe le système numérique moderne et le zéro bien sûr, le philosophe Raymond Lulle qui a publié ses célèbres «disputes» religieuses avec les savants de Bougie, l’historien Ibn Khaldoun que chacun connaît pour sa monumentale Mouqqadima, véritable introduction aux sciences sociales modernes, les géographes voyageurs El Idrissi et Hassan El Wazzan, plus connu sous le nom de Léon l’Africain, les théologiens Sidi Boumediène, Abderrahmane El Taâlibi et d’autres ont été parmi les notoriétés et ont séjourné dans la ville des Hammadites.
Bejaïa avait la renommée d’abriter 99 saints et même d’être la petite Mecque, tant elle recevait de visiteurs, illustres ou inconnus, qui se devaient de faire le pèlerinage dans cette ville. Certains de ces saints ont toujours pignon sur rue, à l’instar de Sidi Ouali, Yemma Gouraya, ou Sidi Abdelkader El Nadjar (XVIIe siècle), constructeur de navires et saint protecteur des marins.
Précieux patrimoine matériel et immatériel
Tous ces personnages historiques ont bien sûr laissé des témoignages de leur passage, quand ils n’y ont pas écrit des livres. Une production qui fait d’ailleurs aujourd’hui le bonheur d’une association scientifique, Gehimab, présidée par le professeur Djamil Aïssani, qui s’attache depuis plusieurs années à déterrer ce précieux patrimoine matériel et immatériel et documenter ainsi des pans entiers de l’histoire antique et moderne de Bejaïa, tout en le valorisant auprès du plus large public à travers des conférences mais aussi de nombreuses publications, dont certaines sont accessibles sur le site internet de l’association. C’est à cette association que l’on doit la découverte de la Bejaïa historique à travers une importante iconographie, des toiles de célèbres peintres qui ont été subjugués par ce pays (on peut citer Louis de Habsbourg venu à Bejaïa en 1897 où il a réalisé une trentaine d’illustrations de la ville et de ses environs), ainsi que la reconstitution et la réhabilitation de la galerie Aubry qui compte des œuvres inestimables. On peut tout autant énumérer la longue liste d’intellectuels célèbres qui ont vu le jour à Bejaïa et qui ont marqué l’histoire culturelle et même l’histoire tout court de l’Algérie. A commencer par une figure peu connue encore, Malek Ouary, né le 27 janvier 1916 à Ighil Ali, enseignant de lettres d’abord, puis journaliste, romancier («Le grain dans la meule», «Poèmes et chants de Kabylie», «Le Noël du petit cireur», «La montagne aux chacals, éd. Garnier, 1981», «La robe kabyle de Baya») qui a consacré une partie de ses efforts à conserver et faire connaître le patrimoine culturel amazigh.
Abdelhafid Idres (1946-2019), natif de Timanachine (Boukhlifa), chercheur indépendant, a publié un monumental «Grand dictionnaire français-tamazight» de 2.000 pages. Mohand Akli Haddadou, natif de Chemini (1954-2018), a plus d’une quinzaine d’œuvres à son actif («Les Berbères célèbres», «Le Coran et les grandes énigmes de l’univers», et plusieurs dictionnaires, guides et glossaires). Mouloud Kacem Naït-Belkacem (1927 -1992), fut ministre et polémiste. Grand défenseur de la langue arabe et de l’Islam, il était membre de plusieurs académies arabes. On peut aussi citer Ahmed Azeggagh, Mohand Cherif Sahli, ZahirIhaddaden, Slimane Rahmani et DyhiaLwiz, femme de lettres partie trop tôt (1985-2017).De son vrai nom Louisa Aouzelleg, originaire d’Awzellaguene, elle a écrit, en français et en tamazight, plusieurs romans («Djasadyas kounouni» (2012), «Sa aqdhifounafssiamamaka» (2013), «Berru» (2017), «Garigenni d tmurt»(2016) et décroché le prix Mohammed-Dib du roman en tamazight. Bejaïa a aussi accueilli une famille célèbre, celle des Amrouche, comme elle a enfanté des artistes de haute stature, à l’instar de Malek Bouguermouh pour le théâtre, Azzedine Meddour et Abderrahmane Bouguermouh pour le cinéma, Cheikh Saddek Abdjaoui , Djamel Allam, Madjid Soula , Amour Abdenour pour la chanson qui figurent sur une liste très longue.
Ouali M.
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Posté Le : 14/11/2023
Posté par : imekhlef
Ecrit par : rachid imekhlef
Source : Ouali M. "Horizons"