Algérie

Béjaia - Tourisme balnéaire à Tichy: Bricolage et clochardisation





Malgré l’ouverture en grande pompe le 1er juin dernier de la saison estivale à Tichy par le wali de Béjaïa et la consécration de deux conseils de wilaya tenus en l’espace d’un mois en présence de tous les directeurs de l’exécutif et des réunions avec les présidents d’APC des villes côtières, c’est toujours la morosité dans les différents segments en prise directe avec le tourisme local.

En ce mois de juillet caniculaire, les touristes se font encore désirer et certains acteurs ne mettent pas de gants pour indexer une mauvaise gestion de la destination. Faire du secteur du tourisme une locomotive de la croissance, c’est l’ambition que les autorités locales ont affichée à l’occasion de l’ouverture officielle de la saison estivale à Tichy. Mais pour le moment, la situation ne milite pas en faveur de l’atteinte de cet objectif.

En effet, les différents réceptifs sont très loin d’afficher le plein, comme c’était le cas par le passé. Pour avoir une idée de la situation agonisante dans laquelle se trouve le tourisme à Tichy, il suffit de faire un tour à la plage pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts. Des baraques de fortune ont été érigées, plusieurs dizaines de tentes y ont été plantées pour servir de camping sauvage et de lieu de beuverie.

Prenant acte que les familles et le commun des mortels ne pouvaient plus prétendre descendre en soirée vers la plage pour prendre un bol d’air rafraîchissant sans être importunés comme cette jeune fille qui descendait tranquillement vers la plage, qui s’est vu en pleine matinée interpellée et invitée par de jeunes «touristes» torse nu et en état d’ébriété, canettes de bière à la main à venir trinquer avec eux.

Coursés et rattrapés par des jeunes de la ville, ces effrontés auront sans doute compris à leur dépens que les mœurs à Tichy (ville très accueillante au demeurant) ne sont pas si délurées que certains le prétendent. Le président de l’APC s’est attelé cette semaine enfin, avec l’aide de la force publique, au démantèlement d’une dizaine de baraques et d’une cinquantaine de tentes érigées illégalement sur la plage. En ville, la situation n’est pas plus gaie.

Des vendeurs ambulants et certains autres commerces pratiquant des prix plus que prohibitifs au vu des prestations qu’ils proposent, empiètent allègrement sur l’espace public sans que personne s’en offusque. En tout état de cause, tout le monde s’accorde à dire que la station balnéaire n’a pas encore fini de manger son pain noir et que la destination ne fait plus recette.

Car une certaine clientèle haut de gamme, qui avait ses habitudes ici, a depuis longtemps déserté les lieux au profit d’une catégorie plus juvénile, moins regardante, en mal de sensations fortes, qui trouve à dormir où elle peut, où elle veut, sur la plage, en ville à la belle étoile, sur des cartons de fortune, où entassée dans des garages que des marchands de sommeille sans vergogne leur louent deux cent dinars la paillasse par nuitée.

L’autorité locale, habillée en civil ou en uniforme, à cause d’un certain laxisme, a permis ces débordements qui se sont développés au fil des années, qui ont engendré par voie de conséquence certains fléaux dont la ville aura beaucoup de mal à se défaire si les élus ne prennent pas conscience des enjeux qui pourraient en découler pour une ville qui, il y a encore quelques années, était considérée comme une destination phare à l’échelle nationale.


Hocine Adrar




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