La longue nuit du court
Les caméras qui furètent dans les détails de la vie, des concentrés d?émotion à peine scénarisés et déclinés à même les mots d?enfants, des faits anecdotiques voguant à hauteur d?hommes et promues fables percutantes par le seul pouvoir du conteur-réalisateur... Autant d?attraits du genre que le public a eu à redécouvrir et à apprécier. Le rendez-vous, qui égrène à l?occasion sa deuxième édition, est désormais inscrit dans le programme annuel de l?association, grâce au concours du Festival de Clermont-Ferrand (principal pourvoyeurs des films) et à la participation du théâtre régional de Béjaïa (TRB). L?ingénieux N?Roho de Mouness Khamar, jeune réalisateur algérien, a inauguré la soirée en donnant à rêver via l?escapade de deux pièces qui se libèrent d?une table de jeux d?échecs pour quêter la liberté des espaces ouverts et interdits de limites. L??uvre se tient et force la sympathie, malgré quelques imperfections techniques que le scénario réussit à faire passer presque inaperçues. Visa, du Tunisien Brahim Letaief, rit beaucoup du système d?octroi du fameux sauf-conduit qui ouvre les portes de l?Hexagone. Réussir un sans-faute dans la dictée, au pire rendre copie correcte, est la condition imposée aux candidats au voyage. L?on potasse donc, on se fie au Bescherelle, ânonne les noms se terminant par ou et prenant x à la fin, poussant le zèle jusqu?à s?instruire des subtilités du cassoulet. 29 minutes de franche rigolade en somme servie par une maîtrise technique qui fait oublier qu?on est en plein dans la caricature. Le coup de c?ur de la soirée est allé à Amal, du Marocain Ali Benkirane. A 12 ans, la petite fille rêve de devenir médecin et torture son entourage en le soumettant sans cesse à l?examen de son stéthoscope offert par le maître d?école. Mais les parents, paysans lambda de la campagne marocaine, cèdent devant les vicissitudes de leur vie difficile et se retrouvent contraints de priver la fille de son rêve et de son école. Une grande esthétique de plans et des dialogues dépouillés ont suffi à mettre en place une atmosphère et injecter une force surprenante dans le film, traitant pourtant d?une thématique assez courante. Invité surprise de la soirée, Yanis Koussim, jeune réalisateur algérien et également scénariste à Nass Mlah City 3, qui a eu à présenter deux de ses anciens courts métrages, dont Le plus beau de tous les tangos du monde. Un film sur la solitude, sur le poids du passé, quand on est plus que grand-mère assumant le trouble des longues nuits du veuvage. Regard poignant et saturé de silence, qui vous prend par les tripes, sur fond Kitch de la célèbre chanson de Tino Rossi. Omnibus (Sam Karman, France) Palme d?or au Festival de Cannes en 1992, La Méthode Bourchinkov de Grégoire Sivan... et bien d?autres bandes ont été également projetées en attendant une deuxième partie du rendez-vous prévu pour jeudi prochain.
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Posté Le : 16/10/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Slimani Mourad
Source : www.elwatan.com