Algérie

Béjaïa Les oliveraies en fête


Publié le 25.12.2023 dans le Quotidien l’Expression

L'ambiance d'une période riche en valeur et autres enseignements sur les us et coutumes locaux règne en maître en ce moment dans toutes les régions de la wilaya de Béjaïa et plus largement en Kabylie. Et pour cause, la récolte des olives, une période qu'aucun kabyle qui se respecte ne peut rater. À la faveur du retour du soleil, et des vacances scolaires, les champs reprennent chaque jour plus de couleurs sur les hauteurs de la vallée de la Soummam. L'olivier est, certes avare cette année, la collecte ne risque pas de durer longtemps. Aidés par les journées ensoleillées de cette fin d'année, les paysans et les petits propriétaires ont repris le ramassage des olives. « La collecte est un peu retardée cette année.
Durant cette période, généralement on est en phase de trituration», regrette Djamel, un jeune du village Aït Mahiou, qui réside à Alger, mais qui ne rate jamais l'événement annuel. «Les années écoulées, la collecte se faisait durant le mois de novembre et les vacances scolaires ont été consacrées aux voyages pour ceux qui ont le goût du changement», précise-t-il comme pour signifier le retard accusé cette année. Comme chaque année, la récolte des olives débute à partir du mois de novembre dans la région de Béjaïa. Un événement lié, selon les régions, au degré de maturité des olives. L'olive doit passer de la couleur verte au dernier stade de pigmentation, le noir. Autrement dit, sa récolte est interdite. «Chez nous, la saison des olives reste codifiée. Il y avait des règles, des calendriers à respecter...
On n'a jamais commencé le ramassage des olives en octobre, mais dans certains villages, cette tradition est perdue, les gens ramassent leurs olives sans aucun respect pour le cycle de maturité!» indique encore Said. La campagne commence en même temps pour tout le monde. Dans les villages, ce sont les comités qui se chargent d'annoncer le coup d'envoi. Tout contrevenant à la règle est puni par une amende à verser à la caisse du village. Avec plus de 50 000 oliviers, la wilaya de Béjaïa produit, ces dernières années, un quart de la production nationale d'huile d'olive. Vieillies, rabougries, touchées par les incendies, mal entretenues, beaucoup d'oliveraies dépérissent sous les yeux de leurs propriétaires. C'est pourquoi cette année tout le monde s'est mis au défrichage et à l'élagage des oliviers de toutes les branches vieillies et asséchées. « L'olivier adore la coupe et a besoin d'aération pour pousser et être plus rentable», explique Nordine, un spécialiste en la matière. Avec sa scie, il sillonne les oliveraies à la demande des propriétaires pour assurer une tâche qui, jadis, était l'oeuvre des propriétaires eux-mêmes
Qu'à cela ne tienne! Béjaïa garde sa position de leader national. À la faveur du retour du soleil, qui coïncide avec les vacances scolaires, des familles entières, femmes, hommes et enfants sont dans les champs. On s'attelle à la récolte de la moindre olive tombée des oliviers. Il faut faire vite. Le temps risque de se gâter. Alors que le gaulage se fait par les hommes, les femmes et les enfants s'occupent du ramassage et de la cueillette lorsque certaines branches des oliviers sont à portée de la main. Avant le coucher du soleil, les olives sont emballées dans des sacs, puis transportées aux domiciles à dos d'âne ou en voiture pour y être stockées jusqu'à la fin de la récolte. Ce n'est qu'après que l'on commence à penser à la trituration. À chacun son choix. Certains préfèrent les huileries traditionnelles qui, dit-on, donnent de l'huile plus concentrée et d'une grande qualité, d'autres choisissent les huileries modernes.
Mais le souci de maintenir intactes toutes les vitamines et substances déterminant le goût de l'huile d'olive reste une préoccupation. D'année en année, le rendement s'affaiblit tout comme les oliviers mal entretenus. «Un découlement logique», estime ce paysan dont la production familiale ne cesse de s'effondrer au fil du temps. Il le reconnaît lui-même. Depuis qu'il a perdu la force de travailler ses terres et que ses enfants sont pris par d'autres activités, il assiste, impuissant, à la déperdition de ses oliviers qui périssent et lorsque les incendies et les broussailles s'ajoutent, le mal s'aggrave, rendant l'olive rare et, par voie de conséquence, l'huile aussi. Cette année encore, la sécheresse a fait des siennes. Mal arrosé, l'olivier a été avare. Centaines olives sont asséchées sur les branches. Une récolte médiocre en somme, générée par des conditions climatiques défavorables.
Arezki SLIMANI

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