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Bejaia : la bêtise humaine dénoncée au festival du théâtre


Bejaia : la bêtise humaine dénoncée au festival du théâtre
BEJAIA- Le festival international du théâtre, ouvert depuis jeudi à Bejaia, a déroulé deux pièces "fort captivantes", porteuses d'une même tonalité : l'amour et la cause humaine.
"Retour à Haïfa", une adaptation de la mythique oeuvre de Ghassan Kanafani, produite par Yahia El Yachtaoui, autant que "Schône neue libe" ( Les meilleurs amours) de l'actrice et productrice Allemande Ulrike Dûregger, dépeignent deux tableaux, deux situations, à tragédies variables, truffées de contrastes mais qui renvoient à la même chute : la bêtise, le rejet de l'autre, l'exclusion.
A Haïfa, et dans d'autres contrées spoliées, les Palestiniens, en avril 1948, ont été arrachés de force à leurs terres et maisons, puis astreints au cantonnement dans de multiples camps de réfugiés, et dans des conditions innommables.Mais leur calvaire n'en était pas pour autant clos. Dans la hâte des expulsions, et pour échapper au purgatoire colonialiste, beaucoup ont dû s'enfuir, en laissant derrière eux leurs progénitures. Parmi eux, un couple, qui a dû fuir, en abandonnant dans sa maison son bébé. Une tragédie poussée à son paroxysme et qui continue d'agiter encore des milliers de familles palestiniennes. A l'évidence, la trame ne doit rien à la fiction, mais à la transposition réelle au théâtre, d'un déchirement social qui n'en finit pas. Mahmoud Darwiche, le célèbre poète, l'a vécu dans sa chair, et en est devenu le pourfendeur et l'interprète le plus éloquent. Et c'est cet aspect, tragique, que la pièce a, au fait, traité et mis en relief.
Vingt ans après, en effet, le bébé, devenu adulte et élevé par une juive polonaise, a été mobilisé dans l'armée ennemie, livrant combat à ses frères de sang. Et quand son père fut autorisé, en 1967, à visiter sa maison, c'était l'ineffable choc. "Tu es désormais étranger à ton pays mais aussi à toi- même", se disait-il le coeur déchiré. Il en était littéralement soufflé et abasourdi.
Une trame furieuse qui traduit, par delà la tragédie personnelle du père, la situation ambivalente de tous ces enfants surpris à se ballotter entre deux mères, deux terres, deux identités distinctes. Moins, douloureuse mais tout aussi poignante, la chronique d'Ulrike Düregger, ne déroge pas à cette tonalité.
"Schône neue libe", met en scène et pourfend le peu de cas fait des relations humaines, les distances imposées par les conventions sociales pour isoler les communautés les unes des autres, et l'attachement accordé à la préservation de leur singularité, et ce dans un monde qui se veut plus ouvert, et tendant à se rapetisser en espace villageois.
Exploitant le thème de l'amour et de la romance, l'auteur y a cultivé le contraste à l'extrême. Un homme-une femme. Il est noir, elle est blanche. Lui musulman, elle sans religion connue. Il est du Sud, elle est du Nord. Et pour corser le tout, ils ne parlent pas les mêmes langues. Rien, à priori, ne plaide en faveur de leur rapprochement encore moins de leur fusion.
Et pourtant, ils succombent à l'amour- passion. Mais, rapidement, leur flamme s'émousse, non pas à cause de leur différence, mais en raison des influences de leur environnement, plus précisément des parents de la fille, fortement hostiles à leur union.
S'en suit alors une séparation concédée, mais non assumée, et qui ouvre un débat à la fois philosophique et de bon sens sur leur échec. L'histoire finit en happy-end : le triomphe de l'amour et de la raison sur la bêtise.
Un thème, à priori léger, mais très sérieusement développé et rendu encore plus touchant par le jeu admirable des comédiens.
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