Algérie

Béjaia.. Impressionnante marée humaine


C'est une impressionnante marée humaine qui a déferlé hier à Béjaia, à l'occasion du 8 mars, journée internationale de la femme. Femmes, hommes et enfants se sont donné rendez-vous par milliers, sur le grand boulevard de la Liberté. Dès les premières heures de la matinée, un flux inhabituel de bus et de voitures, pour ceux qui venaient des villes et villages de la région, a été constaté au niveau de la gare routière et de la gare des chemins de fer. Emblèmes Algérien et Amazigh bien en vue, noués autour du cou, sur la taille ou sur les épaules, les femmes ont marqué de leur empreinte cette journée mémorable.Depuis les années 1990, jamais la ville de Yemma Gouraya n'a vécu une journée pareille, avec autant de femmes dans la rue. Elles sont sorties pour revendiquer l'abolition du code de la famille, et revendiquer l'égalité des sexes en droits, mais aussi pour manifester leur soutien au mouvement populaire qui déferle sur le pays depuis trois semaines, exigeant le départ du système, et dénoncer le cinquième mandat auquel postule le Président de la république.
Ces deux dernières revendications ont, par ailleurs, déteint sur les revendications féminines. Mais ça se comprend, commente un couple venu avec leurs deux enfants. «L'abolition du code de la famille et l'égalité des sexes en droits, ainsi que toutes les autres revendications féminines, ne sauraient être dissociées de l'exigence du départ du système politique en place. C'est même un frein à toute émancipation de la femme», explique l'épouse, l'emblème national en écharpe sur son cou. «Aussi loin que remontent mes souvenirs, jamais un tsunami humain pareil n'est venu se répandre sur les artères de la ville depuis le 5 juillet 1962», raconte, émue, Khoukha. Elle n'a pas tort, la vieille dame.
A la vue des centaines d'emblèmes déployés par l'impressionnante foule, qui chante à tue-tête d'une seule voix, c'est une vraie liesse populaire à laquelle la capitale de la Soummam a été conviée. Il est manifestement évident que la fête ne se terminera pas de sitôt, car à l'heure où nous rédigeons ces lignes, les familles affluent encore au centre ville, qui est totalement bloqué. Klaxons, chants, youyous laissent penser que la fête va se prolonger dans la soirée.
En attendant, un groupe de femmes syndicalistes et enseignantes est en plein préparatifs de la manifestation qui aura lieu samedi. Considérant l'engagement des premières signataires de l'appel, il y a lieu de s'attendre à une grande adhésion des femmes.