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Béjaïa : Ahmed Ancer au café littéraire Culture : les autres articles



Malgré tout, la presse était plus libre qu'à partir de l'année 2000». Le constat est d'Ahmed Ancer, journaliste, et auteur de l'essai Encre rouge publié par El Watan en 2001.
Ahmed Ancer était, samedi dernier, l'invité du café littéraire de Béjaïa pour une rencontre-débat au théâtre de la ville relatif au passé et au présent de la presse algérienne.La comparaison est faite avec la décennie noire où le journaliste était «entre le marteau et l'enclume». «64 journalistes et plus de 100 autres travailleurs dans la presse ont été assassinés à partir de 1993», rappelle M. Ancer qui avait fait partie des six journalistes d'El Watan emprisonnés pendant huit jours en janvier 1993 après que le journal ait donné l'information, jugée alors «prématurée» par les pouvoirs publics, de l'assassinat de gendarmes à Laghouat.
Malgré ce lourd tribut, la presse avait donc joui d'une certaine liberté dont elle a perdu aujourd'hui des pans. Jusqu'en 1988, se souvient Ahmed Ancer, les journalistes de la presse étatique s'étaient regroupés pour des revendications salariales, «mais très rapidement une revendication de liberté s'est exprimée dans les rédactions». L'avènement de la loi de 1990 a créé une brèche dans laquelle se sont engouffrés des collectifs de journalistes pour créer leurs propres titres.
«La scène a continué à s'enrichir avec des succès très diversifiés. Plus les tirages de la presse privée augmentaient, plus ceux de la presse étatique diminuaient.»L'hôte du café littéraire invite, cependant, à «ne pas croire que le FLN, y compris celui de Hamrouche, a lâché les choses facilement». Au lendemain de l'interruption du processus électoral, l'Etat a tenté d'ailleurs de reprendre les rênes avec le retour de l'imprimatur et la fermeture d'un premier journal, L'hebdo libéré en l'occurrence, après la publication d'un dossier sur les magistrats faussaires.
Depuis 2000, le pouvoir en place a préféré jouer la carte de la publicité institutionnelle qu'«il a utilisée comme levier», observe l'auteur d'Encre rouge.Conséquence : «Il n'y a aujourd'hui qu'une minorité de titres qui peuvent se targuer d'avoir une ligne éditoriale indépendante.» Parce que n'étant pas suffisamment dotés de moyens et assurés d'une manne publicitaire gérée par l'ANEP, «80% des titres sont obligés de tenir compte des desiderata du pouvoir». Une régression en soi à laquelle, fait remarquer le conférencier, ne sont pas étrangers les annonceurs qui pèsent de tout leur poids depuis 2000. De fil en aiguille, Ahmed Ancer en arrive à la situation actuelle du secteur dont la presse étatique constitue, du fait qu'elle subsiste encore, une particularité algérienne.
Le présent est fait aussi d'une nouvelle loi sur l'information «qui n'annule pas le code pénal» et ne fait que «préciser la restriction qui existait avant». L'orateur qui veut croire qu'on ne puisse pas revenir à la situation d'avant-1988, estime qu'il y a des avancées et des reculs tant que la presse demeure le reflet de la société et que nulle société ne peut être statique.
A charge à la classe politique de défendre cette profession, suggère-t-il. Pourquoi ' Parce que «la disparition de la liberté d'expression est plus dramatique que l'extinction d'un parti politique».


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