Algérie

BEJAIA La rentrée universitaire s'annonce orageuse



S'achemine-t-on vers une nouvelle année universitaire tendue à Béjaïa '
Le souvenir de l'année écoulée, marquée, pour rappel, par un large mouvement estudiantin à l'échelle nationale de contestation des nouvelles réformes universitaires et la protestation initiée par le collectif des enseignants contre ce qu'ils ont qualifié «de gestion autocratique et personnelle du recteur» ayant fortement secoué durant le deuxième semestre l'Université de Béjaïa, est encore dans toutes les mémoires. Les vacances d'été n'ont visiblement pas apaisé les esprits à Béjaïa. La montée au créneau du collectif des enseignants universitaires, le week-end dernier, à travers une déclaration virulente fustigeant, une autre fois, «l'autoritarisme du recteur dans la gestion de l'établissement universitaire Abderrahmane-Mira», promet une rentrée orageuse à Béjaïa. Mettant sur la table tous les griefs retenus contre le recteur l'année passée, entre autres, «l'agression des enseignants, aussi bien sur le plan moral (P-V de la honte du conseil de direction) que physique (lors du forum), les intimidations envers le corps ATS (…), le blocage des œuvres sociales, l'affichage d'une note de service dégradante pour l'Université, (interdiction d'accès à l'intérieur de l'enceinte universitaire pour les collègues retraités, sauf avec un bon, la tenue réglementaire pour les enseignants et ATS, le non-payement à temps des salaires ; le non-payement des enseignants vacataires et des heures complémentaires», le collectif des enseignants note dans sa déclaration que cette prochaine rentrée est «encore plus dommageable pour les enseignants, les ATS, nos étudiants, notre université et sa région». Abordant le cas des 4 000 nouveaux bacheliers de la wilaya ayant choisi droit, économie, langue arabe et sociologie qui se sont vu refuser une inscription à l'Université de Béjaïa pour être orientés vers d'autres universités du pays, les enseignants se sont interrogés dans leur document sur les causes de la fermeture de ces filières «sans avis et sans consultation des spécialistes et des intervenants dans lesdites filières». «Si cela est dicté par un manque d'encadrement, de places pédagogiques ou autres motifs, pourquoi donc ouvrir, durant la même année, des filières nouvelles (mines, sciences infirmières…) sachant qu'en termes d'encadrement, elles nécessiteront plus d'efforts et, pour le moins, plus de postes budgétaires», reproche t-on au premier responsable de l'Université. S'agissant de l'ouverture de la nouvelle filière sciences infirmières (domaine des sciences de la nature et de la vie), c'est un véritable pavé dans la mare qui est lancé par le collectif des enseignants qui affirment qu'«elle n'est même pas habilitée par le ministère de la Santé ni reconnue par le dernier statut des paramédicaux du 20 mars 2011 (Art 45 alinéa 1)». Le collectif des enseignants soutient que cette fermeture a été décidée «de manière unilatérale par le recteur et son argument de manque de places pédagogiques est discutable». «Une gestion rationnelle de l'espace prouvera le contraire ! L'ouverture de filières ou leur fermeture est un acte qui engage l'avenir de nos étudiants. Il est du ressort des comités scientifiques des départements, des conseils scientifiques des facultés et du conseil scientifique de l'Université. Ces comités et conseils servent-ils à quelque chose ' La désinvolture du recteur est assimilable à un “acte criminel” commis à l'encontre d'une génération d'étudiants», écrivent les enseignants, tout en se démarquant de cette décision qualifiée d'«irréfléchie». «Le comble de l'incompétence et du bricolage est atteint quand un département (celui de sociologie, ndlr) est érigé en faculté, en février 2011, pour ne recruter aucun étudiant pour la rentrée en cours ! Même constat pour les sciences politiques qui n'ont d'existence que de nom», s'indignent les enseignants universitaires de Béjaïa, tout en dénonçant ce qu'ils qualifient, d'opération “copier-coller” compromettant l'avenir de ceux qui s'y sont inscrits». Parlant du volet logement, le même collectif souligne que 900 enseignants demeurent non logés et aucun programme de prise en charge ne se profile à l'horizon. «Les logements qui se libèrent sont distribués d'une manière opaque et profitent souvent à une clientèle qu'il faudrait entretenir. A cela s'ajoute un manque criant de bureaux dans les deux campus. Le nombre de bureaux en cours de construction ne répondra pas aux besoins des enseignants à Targa Ouzemmour et à Aboudaou», constatent amèrement les enseignants de l'Université Abderrahmane-Mira de Béjaïa dans leur déclaration. Les rédacteurs du document soutiennent que la réhabilitation des bonnes règles de gestion souhaitée par la famille universitaire passe «par le départ du premier responsable qui n'a d'autres horizons à nous offrir que des discours trompeurs et une gestion clanique». «Son échec est patent, et il l'assumera seul ! Nous ferons face à cette politique qui vise à détruire notre université arrachée de haute lutte par la population en 1981 ! Nous continuerons le combat pour la gestion démocratique de l'université et la mise en place du principe de l'élection aux postes de responsabilités», conclut le collectif des enseignants qui annoncent la tenue d'une assemblée générale pour la rentrée afin de discuter des moyens à mettre en œuvre à même de faire cesser ces «dérives».


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)