Algérie

Béjaïa



Béjaïa
La moto est devenue une nécessité dans les villes encombrées et une passion pour certains. Mais cette pratique, qui cause des accidents de la circulation, a un besoin impérieux d'organisation.Le casque accroché à l'arrière de la moto, un motocycliste se faufile à vive allure entre les files de voitures à l'arrêt à un feu tricolore. Son compagnon s'agrippe quant à lui à la taille du conducteur, l'air amusé, inconscient du danger qui les guette. Quelques mètres plus loin, un crissement de pneus se fait entendre : le «pilote» vient d'éviter une voiture.Cela se passe au centre-ville de Béjaïa sous les yeux d'un agent de la police motorisée. Des cas comme celui-ci sont légion. Béjaïa est l'une des villes qui comptent le plus de motocycles dans ses rues. Un phénomène. Il existe tout un marché de la pièce et de la moto d'occasion au quartier dit de «l'Edimco», au chef-lieu de wilaya, et plusieurs concessionnaires se sont installés localement pour répondre aux besoins des passionnés des deux-roues.Toutefois, la réglementation qui devait suivre ce segment n'a pas accompagné l'évolution de ce type de marché et la pratique de la moto, tous types de cylindrées confondues. Parmi les lacunes, se trouvent l'inexistence du volet formation, qui participe à l'augmentation des accidents de la circulation impliquant des motos, et la frilosité des compagnies d'assurance à les prendre en charge.Pour un automobiliste qui n'est pas habitué à conduire dans une ville qui enregistre une forte présence de motos, «il est difficile parfois de se rendre compte qu'une moto roule juste à côté de vous ou qu'elle s'apprête à vous dépasser. Elles ne sont pas visibles, d'autant plus que les conducteurs ne portent pas des vêtements équipés de bandes réfléchissantes qui fonctionnent de nuit comme de jour.Certains d'entre eux circulent sans phares, ils indiquent leur position à l'aide de la torche de leur téléphone portable !». Tout est dans la manière de conduire, selon un conducteur de moto averti. «C'est le manque de concentration qui cause les accidents. En roulant en ville, le motocycliste doit prendre en compte la présence des piétons, des voitures garées et des nombreux carrefours. Ces éléments doivent l'inciter à la prudence et adapter sa vitesse, si on veut profiter de cet air de liberté», dit-il.Ainsi, les motocyclistes ont une part de responsabilité dans les accidents qui impliquent des motos. Les causes sont liées généralement à l'excès de vitesse, aux dépassements dangereux de droite comme de gauche et l'ignorance du code de la route. Le non-port du casque et d'une tenue spéciale de protection sont des facteurs aggravants. De plus en plus d'adolescents de moins de 16 ans conduisent des motos pour se rendre à l'école, des petites cylindrées de 50 à 124,9 cm3 avec, théoriquement, une autorisation paternelle.Responsabilité parentalePour le chargé de la communication du groupement de la gendarmerie de la wilaya de Béjaïa, les contraventions relevées dans les cas de contrôle sont souvent relatives à la non-qualification des usagers des motos. Pour lui, les motocyclistes ont très souvent une part de responsabilité dans les accidents qui impliquent des deux- roues. Très souvent, le motard coupe un virage au lieu de rester sur sa droite avant de se retrouver nez à nez avec un autre véhicule. D'autres, plus aventuriers, empruntent des sens interdits. Le plus grand nombre des accidents se produit sur les routes nationales, où le conducteur se lâche.La Gendarmerie nationale a décompté, en 2015, 62 accidents sur les routes nationales, 13 sur les chemins de wilaya et 10 sur les routes de campagne. Au premier semestre 2016, le même corps de sécurité a enregistré 24 accidents impliquant des motos, dont 16 se sont produits sur les routes nationales. Parmis les plus récents, on déplore celui qui s'est produit sur la RN26, à Tazmalt, le 29 juin dernier. Une moto voulant éviter une voiture qui engageait un dépassement s'est retrouvé sur le bas-côté de la route. Le motocycliste, sans casque, qui a eu de graves blessures à la tête, s'est retrouvé dans le coma avant de rendre l'âme.L'officier de police au service de la sécurité publique de la wilaya, Saïdi Farid, rappelle la responsabilité des parents, qui autorisent leurs enfants, des adolescents, à posséder une moto. Certains d'entre eux enfourchent même la moto avec leurs enfants sans protection. Le policier trouve les parents «trop permissifs» avec leurs enfants et ignorent les dangers. Le port du casque est d'abord une culture, dit-il. Au premier semestre 2016, la police a enregistré 63 accidents impliquant des motos. Des collisions qui ont engendré 81 blessés et un mort, en la personne d'un enfant de sept ans, qui a perdu la vie à Tala Ouriane, au chef-lieu de wilaya, après quelques jours de coma.Ce dernier était en compagnie de son père sur une moto. Il n'est pas rare de voir des parents prendre leur progéniture à bord de leur moto pour se rendre à l'école ou juste pour une promenade en ville. Le mois dernier, une fillette de 8 ans a été renversée par un chauffard qui a pris la fuite à bord de sa moto. Celle-ci étant dépourvue de plaque d'immatriculation, les témoins n'ont pas réussi à identifier le fuyard.


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