Cette célébration rentre en fait dans un projet international, initié en Espagne (projet Nixe III), visant une réflexion et un approfondissement des mémoires de l'archiduc.
Béjaïa a célébré la semaine dernière le séjour dans la région, il y a 115 ans, de l'archiduc d'Autriche, Louis de Habsbourg (1897). Appareillant à bord d'un yacht, le Nixe-II, depuis les îles Baléares (Espagne), le fils de Léopold II, empereur d'Autriche, a du s'arrêter net dans les limites du mole Abdelkader à cause d'une collision avec une autre embarcation, La Mathilde. Contre toute attente, l'escale technique, qui ne devait pas dépasser quelques jours, allait se transformer en pérégrination exploratoire et en voyage extatique de plusieurs mois, tant la beauté de la région, à tout point de vue, l'a fasciné.
En fait ce «crochet» dans l'antre de «Yemma Gouraya», voire sa motivation, demeure encore énigmatique. Au-delà de l'incident technique, d'aucuns continuent à s'interroger sur les raisons du passage de son bateau par les côtes Bougiotes. Et les forts en thèmes, notamment l'association Espagnole «Les amis de l'Archiduc», n'excluent pas l'hypothèse que l'archiduc ait tenté de satisfaire une vieille curiosité, celle de revenir sur les pas de l'illustre sociologue Ibérique du moyen-âge, Raymond Lulle, qui a séjourné longtemps à Béjaïa et conduit les fameuses disputes avec les ulémas de la région.
Ironie de l'histoire, Louis de Habsbourg occupait en 1867, à Majorque, la maison de Raymond de Lulle, acquise en propriété et dont il en a fait sa résidence première et le point de départ et de chute, avant ou de retour de tout voyage en Méditerranée (il en avait fait à l'instar de Béjaïa, une trentaine d'escales). «Il n'est pas fortuit que le prince de Habsbourg ait été positivement influencé par celui qu'on appelât alors prince des lumières», selon le professeur Aissani, président de l'association GEHIMAB. Et cet épisode de l'avarie de son bateau, n'aura été qu'un concours de circonstance ayant précipité son projet de s'y arrêter.
Quoiqu'il en soit, ce séjour dans la capitale des Hammadides de celui qui avait également le titre princier de grand-duc de Toscane (Italie) n'avait rien de banal. Tout au contraire. En quelques mois, vécus, au demeurant, tambour battant, il a «produit une analyse historico-économique de la région d'une grande pertinence, réalisés des gravures rares, et rédigé des notes témoignages tout à fait croustillantes», soulignera M. Aissani, qui estime que ces matériaux d'exception de l'époque ont abouti à la production en allemand du premier guide touristique de Béjaïa.
Pèlerinage
En fait, c'est son 'uvre Bougie, perle de l'Afrique du Nord qui condense toutes ses découvertes et ses émotions. Il y fait étalage, avec détail, enthousiasme et poésie. Parlant de Toudja, voilà ce qu'il en dit à titre illustratif : «C'est un véritable paradis, qui, au printemps, offre au peintre une multitude d'inspirations». Puis abordant l'aqueduc s'y trouvant, il en fait une pointue description : «Dix huit pilastres carrés en pierre de grand appareil, dont les plus élevés n'ont pas moins de quinze mètres de hauteur, sont encore conservés».
Fasciné par la ferveur religieuse des habitants de la région, il reste l'un des rares auteurs, ayant écrit sur Béjaïa, à s'en appesantir, mettant surtout en relief le pèlerinage du 27e jour du ramadhan vers la mosquée Sidi-Abdelhak, dont le rite a complètement disparu des m'urs. Jusqu'au 19e siècle, avant d'accomplir le rite du hadj vers la Mecque, les habitants de la région se devait d'accomplir celui de Béjaïa, considérée alors comme la ville sainte, la petite Mecque. Quelque 20.000 pèlerins s'y donnaient rendez vous alors chaque année sur la placette encore en l'état de «Souk 27», derrière l'actuelle prison.
Aussi l'occasion de cette célébration, qui rentre en fait dans un projet international, initié en Espagne (projet Nixe III), visant une réflexion et un approfondissement des mémoires de l'archiduc, a donné l'opportunité, par delà les débats organisés au TRB, de repasser par chacun des itinéraires empruntés alors par le prince, et de comparer les modifications intervenues durant un siècle d'histoire. Les circuits en mer, ou pédestre, ont permis déjà de fixer une foule de variations. Des monuments entiers d'époque ont disparu, à l'instar des cinq fontaines (face mosquée Baba Sofiane). D'autres en revanche sont restés en l'état, l'exemple le plus édifiant étant celui de la maisonnette de M'sid El Bab.
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Posté Le : 18/11/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A Semaoun
Source : www.elwatan.com