Algérie

Beihdja Rahal à L'Expression «La sauvegarde de ce legs ancestral est essentielle...»



Publié le 27.03.2024 dans le Quotidien l’Expression

La reine de la nouba et célèbre musicienne et interprète algérienne de la musique arabo-andalouse, est actuellement en Algérie pour animer trois dates exceptionnelles de concerts: un à Alger, le 30 mars, le second, le 1er avril à Tizi Ouzou et le troisième, le 05 avril, à Oran. Elle nous parle ici à cette occasion de la sortie de son 29ème album, qu'elle va présenter au public, mais aussi de son amour de la transmission de la musique andalouse et de la préservation et sauvegarde de notre patrimoine musical et culturel algérien...
L'Expression: Vous êtes en Algérie pour animer des concerts durant ce mois de Ramadhan, peut-on connaître votre actualité?

Beihdja Rahal: Mon premier concert est au théâtre national Mahieddine Bachtarzi le samedi 30 mars à 22h00. C'est un concert-évènement car c'est le seul que je vais animer dans la capitale. Le 1er avril à 22h00, je serai à la Maison de la culture Mouloud Mammeri à Tizi Ouzou. Je suis ravie de retrouver le public qui m'a accueillie en janvier 2020 à l'occasion de l'hommage que nous avions rendu à Cheikh Al-Hasnaoui. J'ai eu l'immense honneur de le rencontrer en mars 2001 à l'Ile de la Réunion, je voulais partager ces souvenirs avec ses fans au coeur du village où il est né. Je serai ensuite à la salle Maghreb à Oran le vendredi 5 avril à 22h30

Vous avez sorti un nouvel album, le 29ème. Peut-on savoir de quoi il s'agit et la particularité de cet album?

Nouba «MezdjDil-Mdjenba» est un album où on peut écouter une fusion entre deux modes dil et mdjanba. J'ai entamé une série d'enregistrements dans le but de mettre à la disposition du grand public des noubas andalouses avec ma voix et aussi de donner quelques codes pour les non-initiés. On a toujours interprété l'andalou en concerts et soirées privées mais on n'a pas pensé à le commercialiser. Lorsque j'ai édité mon premier album en 1995, il a été très bien accueilli. Ça m'a donné l'idée de continuer et c'est à partir de là que les interprètes, jeunes et moins jeunes ont fait de même. C'est une très bonne chose puisque maintenant, le grand public a un grand choix d'écoute. Le soir de mes concerts, je vais interpréter des extraits de ce dernier album. Il y aura une vente dédicace à la fin du concert. Je vais interpréter un programme med'h avec des nouveautés à l'occasion du mois sacré du Ramadhan.

Cela fait des années que vous enregistrez des noubas, quand comptez-vous vous arrêtez?

Hhhh! Tant que je peux le faire, je vais continuerai. Au départ, je souhaitai juste enregistrer quelques albums. Avec les années, vu ma formation solide auprès de Maîtres connus dans ce domaine tels Abderrezak Fakhardji et Mohamed Khaznadji, j'ai pensé à la sauvegarde de ce legs ancestral. La transmission principale, jusqu'à présent, reste orale. Il est donc très important d'utiliser tous les moyens pour préserver ce patrimoine. Mes albums deviennent une référence pour la jeune génération, je me dois de donner ce que je peux en gardant l'authenticité.

La transmission de notre patrimoine musical et culturel algérien semble être très important chez vous....

Effectivement, c'est le point essentiel car, si cet art a traversé des siècles, il est important que ça continue. C'est pour cette raison que j'ai créé l'association «Rythmeharmonie» à Paris où j'assure des cours et des ateliers depuis 2008. C'est une école où on retrouve plusieurs niveaux depuis l'initiation. Cette année, on a ouvert deux classes pour enfants en plus des trois classes pour adultes. Lorsqu'on parle de transmission orale, on doit donner le maximum pour éviter les déperditions. Mes maîtres m'ont légué une bonne partie des noubas andalouses, il est de mon devoir de faire de même pour les jeunes élèves. Les concerts et les enregistrements sont une autre manière de transmettre. Je demande toujours à mes élèves d'aller assister aux spectacles de musique andalouse, ça fait partie de leur formation. Tous les enseignants et professeurs devraient faire de même.

Comment Beihdja Rahal évalue la scène musicale andalouse en Algérie? Existe-t-il une relève d'après vous?

À mon époque, au conservatoire, il y avait des associations musicales mais elles n'étaient pas nombreuses. Maintenant, il y en a partout et dans toutes les villes d'Algérie, c'est une très bonne chose. Les jeunes s'inscrivent de plus en plus pour apprendre et découvrir ce patrimoine. Même au sein de notre association, en France, nous avions commencé avec 10 élèves, on se retrouve cette année avec plus de 70. C'est la preuve que la relève est là. Elle existe en Algérie, mais elle est en France aussi. Il faut qu'elle soit juste encadrée et suivie dans sa formation de départ. C'est cette jeunesse qui a pris le relais, c'est la relève.
O. HIND



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