Bedoui et les autres : les casseroles comme seuls souvenirs

Qui se souvient de Noureddine Bedoui, l'ancien Premier ministre ' Si ça ne tenait qu'au temps, la question ne devrait même pas se poser, tellement ça remonte à «avant-hier», pour reprendre l'expression du terroir utilisée pour signifier un fait de survenance récente. Dans le cas précis, c'est même «très récent». Comme il n'y a pas que le temps dans la vie, la nomination de Bedoui à un virage caractéristique de la déliquescence institutionnelle de l'Etat est encore trop fraîche dans les mémoires pour mériter un rangement dans le grenier à vieilleries. Son limogeage, dans des conditions tout aussi significatives en ce qu'il annonçait la «fin d'une époque», est encore plus frais. Pourtant, les Algériens qui ont dû oublier jusqu'à son existence physique doivent être nombreux. Il est des «trucs» comme ça, des visages dont on se souvient, du moins qu'on n'oublie pas facilement. Et d'autres moins, ou plus. Mais il arrive que les personnages qui n'inspirent rien et ceux qui attirent ostensiblement l'attention partagent la même vocation, soient mobilisés dans la même «entreprise» et finissent par revenir au son des mêmes casseroles. La seule différence est que la «variété» Bedoui n'a que ça pour se rappeler à notre bon (mauvais) souvenir. «Impliqué dans des affaires liées à la corruption et au trafic du foncier, du temps où il était wali à Constantine, Noureddine Bedoui vient d'être entendu pour la dernière fois par les services de sécurité de la capitale de l'est du pays. L'instruction étant bouclée, le dossier a été transmis au parquet il y a quelques jours de cela .» C'est ce que nous a appris le Soir d'Algérie dans son édition d'hier. Mais Bedoui n'est pas le seul dans ces «retours» pléthoriques et sporadiques au-devant de la scène. Si l'évocation de son nom à la faveur d'une «affaire» fait... sursauter plus que les autres, c'est parce que, spontanément, tout le monde ou presque peut avoir la même réaction à l'instant précis : ah, on l'avait oublié, celui-là ! Pour autant, ce n'est pas parce que dans sa «catégorie», on n'a que ça pour exister, que chez les autres, il y a autre chose de plus vertueux à faire valoir. C'est juste une histoire de «profiles» dont les uns sont plus visibles que les autres. Un peu comme dans une équipe de foot. Un «milieu de couloir» n'a aucune chance d'attirer les lumières autant qu'un attaquant de pointe ou meneur de jeu, même s'il est tout aussi... brillant. Mais ils font quand même équipe et à l'heure des bilans, chacun en aura pour ce qu'il a donné au collectif. Ou n'a pas donné.S. L.