Là n'est pas un fait nouveau. Seulement voilà, le patron de l'hebdomadaire français vient d'asséner un argumentaire pour le moins incongru lorsque, pour défendre son opinion, il se croit fondé à professer une science de la géopolitique qu'il serait seul à détenir.
En effet, BBY s'est longuement étalé, dans une interview de 13 pages dans son propre journal, se laissant aller, un peu trop à l'envi, à l'exercice périlleux de la défense des thèses marocaines sur le sujet de Sahara occidental comme l'une des dernières décolonisations en cours de réalisation.
«Les Sahraouis sont très peu nombreux : 200 000, vivant sur un vaste désert sans ressources importantes. Je crois qu'ils s'épanouiront mieux dans le cadre du Maroc que dans un tout petit pays privé de richesses, assisté et sous l'influence de l'Algérie ou de pays tiers», a-t-il déclaré. Il sait même que «la moitié des Sahraouis se sentent Marocains»Â ! Beaucoup de certitudes pour qui aurait le souci de l'objectivité ! Comment le patron de Jeune Afrique aurait-il pu le savoir ' Aurait-il lui-même effectué un référendum en lieu et place de celui de l'autodétermination auquel les Sahraouis eux-mêmes et la communauté internationale n'ont eu de cesse d'appeler contre la volonté de l'occupant marocain ' Bien évidement non. Mais disons que c'est peut-être ce «qu'il croit» vraiment.
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Le propos de Ben Yahmed appelle également d'autres remarques de fond. Peut-on se baser sur le nombre d'habitants pour qu'un peuple ait droit à son autodétermination et à un Etat ' Y a-t-il une règle universellement fixant le nombre d'habitants pour chaque Etat ' Aucune. BBY s'est-il demandé quel est le nombre d'habitants du Qatar ou du Kosovo ' Pas si sûr. Dire aussi que le Sahara occidental est privé de richesses relève de la fumisterie. Faut-il rappeler au patron de Jeune Afrique que les côtes du Sahara occidental, illégalement exploitées, sont parmi les plus riches au monde et que le Maroc y puise une bonne partie de ses ressources '
Les ressources ' Parlons-en. Il est de notoriété publique que le magazine français est grassement arrosé par la publicité de la très officielle Agence nationale de l'édition et de la publicité (ANEP) – une agence dépendant totalement du pouvoir politique – et de beaucoup d'entreprises nationales. Pendant longtemps, un deal a été passé entre Jeune Afrique et l'ANEP. «Le magazine vend l'image de l'Algérie à l'étranger en échange de la publicité», a confié une source sûre.
L'ANEP renfloue les caisses du magazine. Des journaux algériens, édités en Algérie et gérés par des Algériens, en auraient été privés pour beaucoup moins que cela pourtant. Grave incohérence où la préférence étrangère prime ! Faut-il rappeler que la pub publique est devenue, depuis une dizaine d'années, une redoutable arme utilisée par le pouvoir politique pour étouffer des journaux aux lignes éditoriales discordantes ' Un fait du prince.
Le directeur général de l'ANEP, Ahmed Boussena, qui nous a confirmé qu'effectivement, le magazine français bénéficie de la publicité et donc de l'argent de son agence, n'a pas souhaité nous fournir plus de détails : «Oui, nous donnons de la pub à Jeune Afrique, mais je ne sais pas pour le dernier numéro…
Donnez-moi un peu de temps, j'entre au bureau pour vous donner plus de détails.» Mais tout l'après-midi, son portable sonnait dans le vide !
Difficile d'expliquer le fait d'arroser avec l'argent du contribuable un magazine étranger qui défend le contraire de la position officielle de l'Algérie sur le Sahara occidental.
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Posté Le : 05/11/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Hacen Ouali
Source : www.elwatan.com