Algérie

Béchar : Migrations d'été



Avec une canicule exceptionnelle dépassant les 45°C à l'ombre, Béchar connaît désormais un autre type de migration : celle en provenance des localités d'Oued Saoura, distantes du chef-lieu de wilaya de 200 à 400 km au sud. Les habitants de Béni Abbès, d'El Ouata, Ouled Khodeir, Igli, Ksabi, Timoudi et Kerzaz fuient la fournaise qui s'abat sur ces agglomérations oubliées. Car le thermomètre dans cette contrée longeant la rivière asséchée franchit la barre des 50°C. En débarquant à Béchar, des jeunes pour la plupart témoignent de l'enfer de la chaleur qu'ils qualifient de « feu » et remercient Dieu de « l'adoucissement » du climat à Béchar qui atteint pourtant, de jour comme de nuit, les 45 ou 46°C en ce mois de juillet finissant. Impossible pour la majorité d'entre ces migrants d'avancer vers les villes côtières du Nord en raison de l'approche du mois sacré de Ramadhan et des dépenses de voyage et séjour qu'implique un tel déplacement vers les lieux cléments du littoral d'Oran ou de Mostaganem.Donc, ils s'arrêtent à Béchar et descendent les uns chez des parents, les autres chez des amis ou connaissances pour séjourner pendant quelques jours en attendant une légère baisse de l'implacable température et pouvoir regagner ensuite leurs pénates. Pour décrire le degré de la « masse de feu » en cette période d'été qui s'abat sur cette région, un citoyen ne va pas loin dans sa description, citant l'exemple d'un 'uf qui n'a pas besoin de cuisson sur une poêle à frire mais se fait en plein air ou enfoui pendant quelques minutes sous le sable brûlant. En effet, les dunes de sable qui entourent ces oasis emmagasinent la chaleur réfléchie par les rayons du soleil dans la journée, qui est répandue durant la nuit, rendant ainsi l'atmosphère irrespirable et suffocante pour les habitants. Les humidificateurs et autres appareils de climatisation ne sont presque d'aucune utilité, car la chaleur torride y est accablante et le soleil, à partir de 9h, tape si fort que toutes activités se trouvent paralysées. Pour se doucher, il faut impérativement laisser l'eau se refroidir légèrement dans une bassine pendant au moins une demi-heure.Les habitants de ces agglomérations sont doublement pénalisés par les conditions climatiques insupportables en été et subissant en même temps des privations en matière d'approvisionnement en produits alimentaires, notamment les fruits et légumes dont les prix, au fur et à mesure de l'éloignement, sont exorbitants. Si la ville de Béchar reste toutefois privilégiée et reçoit journellement quantité de cargaisons de fruits et légumes par dizaines de camions, en provenance de Mostaganem, Mascara et Sidi Bel Abbès, par contre la région de Oued Saoura vit presque en autarcie et où les petits agriculteurs pratiquent depuis toujours la culture maraîchère vivrière. Depuis la nuit des temps, la région ne produit qu'une seule variété de richesse : les dattes succulentes commercialisées à partir du mois de juillet à Béchar et sa périphérie. Elle mérite une attention plus soutenue de la part des pouvoirs publics centraux car le flux migratoire des jeunes, pas seulement en été, s'accentue en toutes saisons, notamment chez les diplômés à la recherche d'un emploi, et qui débarquent à Béchar, incapable de leur offrir des débouchés, car la ville étouffe elle-même sous le poids de la croissance urbaine incontrôlée et du chômage.


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