Algérie

Béchar : L'irrigation, maillon faible de l'agriculture



Les difficultés liées à l'exploitation de la plaine agricole d'Abadla, d'une superficie de 5400 ha, qui perdurent depuis des décennies, seront-elles enfin résolues 'La loi du 15 août 2010 relative aux conditions d'exploitation des terres agricoles n'a rien solutionné, et les 1158 exploitants propriétaires d'actes d'attribution ne sont pas arrivés au bout de leurs peines. C'est le constat dressé, samedi, au cours de la visite de deux jours effectuée par le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazgui, qui a inspecté le périmètre agricole et écouté les préoccupations des exploitants concernés.
Les problèmes accumulés sont d'une telle complexité que le ministre a promis de dépêcher sur place une équipe de techniciens de son département pour établir une expertise, en concertation avec les services agricoles et hydrauliques de la wilaya, en vue de régler ces problèmes en suspens et de moderniser l'ensemble du réseau d'irrigation du périmètre, une des priorités des agriculteurs.
A Taghit, en amont de la localité touristique, la digue de Laouina, d'une capacité d'emmagasinage de 3 800 000 m3, vient d'être réceptionnée. Grâce aux crues de l'oued Zouzfana, la retenue collinaire va pouvoir réalimenter la palmeraie de Taghit, asséchée, augmenter le volume des capacités des nappes phréatiques et irriguer les périmètres agricoles de proximité. Dans un de ces périmètres, un agriculteur a cultivé une parcelle de 1 ha d'ail.
Le ministre l'a encouragé à faire l'extension de son champ pour ce produit importé et cher, et a orienté les autres exploitants vers des filières déficitaires et peu consommatrices d'eau, comme l'olivier. Au cours de cette visite, la délégation ministérielle a pu observer que des fermes agricoles, quoique peu nombreuses, cultivant toutes sortes de productions, vivrière, animale, fruitière, laitière, avicole, oléicole et n'ayant bénéficié d'aucun soutien financier de l'Etat, surpasseraient celles ayant recouru au soutien de l'Etat mais dont les résultats sont en deçà des attentes.
Une huilerie privée d'une capacité de 400 tonnes/jour sera mise en service dans 6 mois. Il faut souligner que plus 5600 agriculteurs sur plus de 16 000 recensés au niveau de la Chambre agricole de Béchar avaient bénéficié, entre 2000 et 2010, de sommes colossales de l'Etat, en particulier dans la filière ph?nicicole, mais la production est nettement insuffisante. L'intervention des exploitants a été centrée surtout autour du déficit hydrique dans la wilaya aggravé par la sécheresse, l'absence des investisseurs et d'autres problèmes techniques. Ce qui expliquerait largement la dépendance agricole (90%) de la wilaya vis-à-vis des agglomérations du Nord.
Les zones humides ne sont pas suffisamment protégées
Les zones humides ne sont pas suffisamment protégées. C'est du moins les témoignages relevés, hier, à l'occasion de la Journée mondiale des zones humides, par des agents de l'environnement et des forêts au niveau du barrage Djorf Ettorba (360 millions de m3) dans la petite commune de Meridja. L'Algérie, qui a adhéré à la Convention de Ramsar (Iran) signée par plus de 190 pays, il y a 47 ans, a certes déployé des efforts au niveau de ses 2370 zones humides recensées dans le pays, mais leur protection demeure encore fragile.
Oued Guir, la vallée de la Zouzfana, oued Saoura, Dayat Ethiour, Sabkhat El Mellah, barrage Djort Ettorba, la retenue collinaire de Messouer ou Boukaïs, classés zones humides, ne bénéficient pas de mesures de protection, avance-t-on. A titre d'exemple, il existe une surpêche au niveau du barrage Djorf Ettorba, qui influe sur l'avifaune migratoire, indique un responsable de la Conservation des forêts présent sur les lieux. Il faut ajouter aussi l'absence de gardes de ces zones.
La production des poissons des eaux du barrage est passée, de 2013 à 2017, de 42 tonnes de carpes à grande bouche et carpes argentées à 174 tonnes, une exploitation confiée à deux concessionnaires qui commercialisent ces espèces à Oran, Alger, Annaba et en Tunisie. La carpe exposée pèse entre 40 à 45 kg. Une production de poissons, certes positive, mais qui se fait au détriment de la protection de la nature puisque, insiste-t-on, elle fait déserter de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs tel le flamant rose qui va vers d'autres endroits à la recherche de nourriture.
Il y a aussi, indique notre interlocuteur, le peu de soucis de protection accordée aux milieux naturels, comme ces nombreux sites écologiques et notamment l'un des plus réputés, à savoir Dayat Ethiour, un grand lac situé entre Abadla et Taghit, dont l'alimentation en eau provient essentiellement des crues des oueds Guir, Béchar et Messouar. Il y a aussi la vallée du Guir, un milieu aquatique riche en espèces végétales.
La faune est représentée par la loutre, la gazelle Dorcas, l'hyène rayée, le chacal doré, le renard famélique, le varan du désert, la gerboise des steppes, etc. Cette zone humide est un passage obligé de plusieurs espèces d'oiseaux migrateurs, qui trouvent la sécurité et le couvert de nourriture qui incitent à des escales longues entre novembre et février.


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