Algérie

Béchar : Colloque sur le roman algérien



Béchar : Colloque sur le roman algérien
La forte présence des écrivaines et romancières à ce 2e colloque international sur le roman algérien «Entre tradition et modernité», hier et avant-hier, n’a pas manqué de susciter dès son ouverture les questions suivantes: la femme algérienne écrit-elle en tant qu’écrivaine ou en tant que femme avec sa sensibilité féminine ?

Pourquoi écrit-on, alors que l’on ne lit plus comme avant ? La réponse à ces questions a été donnée par les premières intervenantes qui défendent l’écriture de l’écrivaine, non pas en tant que femme mais en tant qu’auteure, une écriture, assurent-elles, qui jette un regard sur la société, la vie, le temps et aussi sur les inquiétudes de la société.

C’est l’avis tranché et sans équivoque de Nadia Sebkhi, écrivaine, directrice de la revue littéraire Livresque et animatrice de forum littéraire en Algérie. «On continue à écrire, dit-elle, même si on ne lit plus comme avant et même si, comme le prédit une récente étude scientifique canadienne, affirmant que le roman est appelé, dans quelques années, à disparaître».

Pour elle et les auteures présentes, l’écriture est avant tout un besoin, une résistance pacifique et sereine pour exprimer ce qu’elles ressentent. «Les femmes écrivaines n’ont pas toutes les motivations lorsqu’elles écrivent.

Elles ne partent pas aussi du fait qu’elles sont du sexe opposé, mais pour dénoncer, comme les hommes, une réalité, une situation insupportable ou se positionner dans la société en tant que femmes», nuance Maïssa Bey, auteure algérienne de nombreux ouvrages. L’auteure de Hizya ajoute, dans son intervention intitulée «Ecriture de dedans et écriture de dehors», que l’écrivaine exprime le besoin féminin d’écrire pour éviter de plonger dans l’anxiété et briser la violence du silence tout en empruntant un style à la fois sensible et fragile.

Magdaléna Malinowska, maître de conférences à l’université de Silésie à Katowice (Pologne), a fait une communication sur «L’écriture de corps chez les romancières». Pour sa part, son compatriote Jedrzej Pawlicki, maître de conférences à Poznan.

La Pologne et l’Algérie, bien qu’éloignées géographiquement et culturellement, se ressemblent et se rejoignent sur la tradition qui pèse lourdement sur la société. «En Pologne, avoue-t-il, une catégorie de la société s’aligne sur la religion pour rejeter la modernité en s’affichant contre les droits des femmes importés d’Europe occidentale. Mais, il y a, ajoute-t-il, comme en Algérie, une forte aspiration vers une évolution à la modernité». Et de citer Joanna Bator et Olga Tokarczuk, les deux célèbres écrivaines polonaises à l’avant-garde des libertés individuelles. Une intervention aussi remarquée de Karen Bower, professeure de littérature de San Francisco, intitulée «A la rencontre d’Amina Mekahli» et bien d’autres intervenantes venues de Pologne, de France, d’Egypte, des Etats-Unis et d’Algérie.

Ce colloque a été organisé par la faculté des sciences littéraires de l’université de Béchar Tahri Mohamed, en collaboration avec Benaouda Labdaï, professeur, et Sabrina Yabdri, universitaire.






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