Algérie

Béchar-Adrar-Tindouf, ou les routes caravanières



Comme il existe la route de la soie depuis Bled Echem, la Saoura est la voie transsaharienne des échanges où s'écrit l'histoire d'un passé entre l'Algérie du Nord et l'Afrique subsaharienne menant vers Bled-Sudan.La ville de Béchar devait contenir un chapelet d'oasis comme pour montrer les zaouïas des Kenadsa de Sidi Bouziane à celle de Sidi Mohamed Kébir d'Adrar à celle de Sidi Bélamache à Tindouf.
Tous ces ksour sur les rives de l'oued Saoura montrent comment se sont implantées des populations zénètes depuis le Gourara à Béni Ounif. Ainsi, tout au long de l'oued Zousfana et Saoura, après la sabkha du Gourara, pointent à l'horizon le Djebel Béchar et les principales oasis de Taghit, Igli, Béni Abbès, Kerzaz, Timimoun. Du point de vue géologique, le Sahara commence au Djebel Moumen.
Mais le Djebel Béchar, long de 150 km, couvert d'un calcaire noirâtre et pétri de fossiles où la vie se rafraîchit des cours d'eau dont les plus importants sont oued Ghir et l'oued Zousfana dont le confluent à Igli donne la Saoura. Mais il existe aussi l'oued Béghar.
Au sud-est de Béchar et des Kénadza s'élèvent les chaînons de Ghelb El Guenah, Guelb El Douda, Chebret Mennouma et Chebret Djihani. L'ossature tribale se compose de cinq tribus, à savoir : Dou-Mnie'-Saoura-Ouled Jarir-Chéraga-Koussours Chamal. D'une superficie de 5050 km2 limitrophe du Maroc, wilaya de Tindouf vers le sud ? Adrar à l'est ? Naâma au nord et les communes avoisinantes du Maroc : Béni Ounif ? Lahmar ? Moghel ? Boukaïs. La Saoura contient les communes Tibalbala-Taghit ? Agli ? Béni Abbès ? Alouata ? Tamatrat ? Béni Khlaf ? Karzaz ? Timoudi ? Ouled Khdir ? Alkassabi. Pour ce qui est d'El Abadla, on y trouve Al Abadla ? 'ark Faraj ? Mechra3 Houari Boumediene. En ce qui concerne Al Kénadsa et Lamrija.
Parmi les zaouïas de la wilaya de Béchar, on compte la zaouïa de Sidi M'hamed Bouziane ? à Karzaz, c'est la zaouïa Sidi Ahmed Ben Moussa. A Béni Ounif, c'est la zaouïa de Sidi Ahmed Bousmaha. A Tindouf, on connaît la zaouia de Sidi Bélaâmache.
Au sud de Mennouma s'étend la grande plaine d'Abadla. Au nord de Béchar, nous retrouvons le Djebel Grouz avec l'énorme masse de Djebel Antar et le Djebel Horreit. Tandis qu'à l'est ce sont les chaînons Menoura-Djihani, Ménouarar et Djebel Arlal. A l'est de l'oued Zousfana se trouve le Djebel Mézarif.
Au chef-lieu de la wilaya, le centre urbain de Béchar avec son faubourg de Béchar-Djedid, les ksour d'Ouakda, Boukaïs, Mogheul, El Amar et les terrains de parcours des Ouled Belghiz et des Ouled Djedir pour une superficie de 21 000 km2 selon le recensement de 1948.
Au nord par la frontière algéro-marocaine ? à l'est par les Beni Ounif ? au sud Taghit et à l'ouest les Kénadsa. Dans cette contrée de notre pays, nous constatons une mouvance confrérique telles la Senoussia, la Derkaouia et la Tidjania dans le sud-ouest, nous retrouvons la Kadiria, la Chadilia et ses dérivées, la Kerzazia, la Chikhia et la Ziania qui a le plus grand adepte au niveau des oasis du Gourara, du Touat, du Tidikelt et la Saoura en général.
La Kerzazia dans le ksar de Kerzaz et la Ziania dans le Ghir et le ksar de Kénadza. Chaque ksar organise une ziara annuellement pour honorer le wali al salih (Saint). Il y a Sidi Erragani à Reggane, Sidi Abdelkader El Djilani, Sidi Hadj Belkacem à Timimoun, de Sidi Slimane à Ouchen et Sidi Benbouziane à Kenadsa.
En 2008, il a été recensé 31 zaouïas dont 25 dans la seule wilaya d'Adrar. La majorité des zaouïas, soit 19, se concentrent dans le Touat et cinq pour le Gourara. La plus réputée des zaouïas à Adrar est la zaouïa de Sidi Mohamed Ben Lekbir.
Pour enchaîner avec une des communes de Béchar, l'on sait que ce nom a pour origine des premiers occupants quarante ans après la mort de Sidna Othmane, où un certain Mehdi Ben Youcef venant de Saguiet El Hamra s'est installé à Béni Abbès. Ceci a été retrouvé dans le manuscrit Arihla Alaachia en 1662 par un certain El Ayachi.
La région des Béni Abbès était habitée durant la préhistoire, comme l'attestent les gravures rupestres qui remontent au néolithique dans la région de Marhouma. Les premiers habitants appartiennent à la tribu des Béni Hassane. Ce sont eux qui ont construit les deux ksour, Ghar Al Diba (Grotte de la louve) et Harrasse Al Leïl (Les Gardiens de nuit). Le récit indique que Mehdi Benyoucef, descendant des Béni Abbès, s'installe à Ali Ben Moumen avec son fils Mohamed.
Deux frères Ali Benyahia accompagnés de Khalfi Ben Abdelwassaâ vont s'installer à Béni Annes venant de Maïz et fondent le ksar d'Ouled Rahou. Il reste que dans la région de Béchar et des Beni Abbès se forme un métissage des différentes tribus de provenances diverses.
On peut citer les Ouled Mahdi, les Ouled Rahou, les Chaâmbas, les Ghénanmas et les Laâtawnas. Des Berbères venant d'Igli et de Maazer et des Touaregs et habitent le ksar de Ksiba. Les gens de Béni Abbès sont appelés les Abbabsas.
Il faut dire que le patrimoine béchari a été vulgarisé grâce la troupe El Ferda à la fois lyrique et spirituelle entonne des «Mdayah» tels Ya Karim El Kourama et de Sidi M'hamed Ben bouziane alwali assalah des Kénadsa, medh qui glorifie Dieu et son prophôte Sidna Mohamed (QSSSL) dans une Hadra, éloge à Ahl Beït. C'est le style des Gnawa avec le rythme des karkabous. C'est la world music de chez nous. Assez souvent, on remarque les poèmes de Sidi Kaddour Al Alami.
Tindouf est célèbre par sa chorégraphie féminine et la danse des «Azawane» orchestrée par les femmes des Réguibâte. Mais il existe la zaouïa de Sidi Ahmed Réguibi où on fait la procession durant le Moussem. Les Réguibate de Tindouf sont d'origine berbéro-sanhadjie et parlent la langue hassaïnya et sont malékites/sunnites.

Par le Dr Boudjemâa Haïchour
Chercheur-universitaire
Ancien ministre


Notes :
1- De Colomb Cl : Notes sur les Oasis du Sahara- Touat Sahara» Paris 1860 .
2- Champt F. D. : Une oasis du Sahara Nord occidental édition CNRS 1969 page 488.
3- Ceard L. : Des Gens et des choses de Colomb Béchar Alger Thipo-Litho 1930.
4- François Beslay : Les Réguibate» de la paix française au F. Polisario L'Harmattan Paris 1984 Page 189.
5- Pierre Denis : Les derniers nomades L'Harmattan Paris 1989 Page 631.
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