De notre correspondant à Tizi Ouzou
Malik Boumati
Y a-t-il une vie culturelle à Tizi Ouzou ' Ceux qui vivent loin de la région et qui lisent certains de nos confrères vont croire que la ville des genêts est, sérieusement, la capitale mondiale de la culture. Pourtant, dans cette wilaya, où la Maison de la culture Mouloud Mammeri, est encore et toujours la seule enceinte culturelle qui rassemble, à un certain degré, les artistes et les amoureux des arts, l'on ne peut encore parler d'une vie culturelle à Tizi Ouzou, tant que la Maison de la culture Mouloud Mammeri est considérée comme la Mecque de la culture dans la région, tant que les centres culturels et les maisons de jeunes, éparpillés à travers les communes, ne sont pas mis réellement à la disposition des jeunes et des centaines d'associations activant dans la wilaya. Tant que les pouvoirs publics ne prennent pas en charge la question d'une gestion «sérieuse et optimale» de ces centres culturels et maisons de jeunes, dont certains sont dirigés comme des propriétés privées, malgré les dénonciations dont ils ont fait l'objet de la part du mouvement associatif. Tizi Ouzou souffre de ses infrastructures culturelles, mais souffre, aussi, de son public, qui a abandonné l'art et la culture, au profit du produit léger, limité à la chanson festive. Ce même public, qui ne s'intéresse plus au livre et à la lecture, poussant les libraires à fermer boutique et à transformer leurs locaux en pizzerias et restaurants fast food. Des trésors qui disparaissent, face à l'impuissance de tous. Il est vrai que la responsabilité de ce désastre n'incombe pas au public lui-même, dans la mesure où, pour qu'un public trouve un intérêt quelconque dans une activité artistique et culturelle, on doit lui inculquer les fondements des arts et de la culture. On doit lui apprendre à aimer l'art et la culture. Et, à ce titre, l'école algérienne a complètement raté sa mission, ayant abandonné la culture et les arts, au profit de considérations extrapédagogiques, qui ont fait tant de mal à l'école algérienne.Pour revenir aux infrastructures, dont l'absence empêche une réelle vie culturelle, Tizi Ouzou continue à vivre sans salles de cinéma, depuis leur fermeture durant les années quatre-vingt-dix. Les cinéphiles de la région, qui ne manquaient aucune projection de films, y compris nocturne, dans les différentes salles de la ville, ont fini par perdre cette passion, qu'ils avaient pour le septième art. Depuis le temps que l'on parle de réhabilitation des salles de cinéma de la wilaya, les responsables en charge du secteur ont, enfin, fini par lancer les travaux de réhabilitation de trois salles, à savoir celles de Tizi Ouzou, d'Aïn El Hammam et de Tizi-Gheniff. Cette dernière doit être démolie, pour être reconstruite, selon les responsables du secteur, qui ont annoncé la nouvelle à la presse. Reste à espérer que les travaux de réhabilitation ne s'éterniseront pas, comme cela a été le cas pour le Théâtre régional Kateb-Yacine, de la ville des genêts, qui a non seulement pris cinq longues années, mais qui, en plus, a fini par une instabilité dans sa direction, au lendemain de son inauguration.Il reste donc encore beaucoup à faire, pour avoir une vie culturelle réelle à Tizi Ouzou, et ce n'est pas seulement une question d'infrastructures. Parce que les arts et la culture ont aussi besoin d'être animés par des gens engagés et ouverts d'esprit. L'initiative doit être encouragée, notamment par certains directeurs de maisons de jeunes et centres culturels de la wilaya, qui gèrent leurs structures selon leurs humeurs personnelles. Le mouvement associatif doit être encouragé à multiplier les activités, pour arriver à parfaire ses démarches et entreprises.
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Posté Le : 20/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M B
Source : www.latribune-online.com