Beaucoup de pétrole, peu de carburants

Paradoxe ? L'information peut paraître farfelue et pourtant, elle est véridique : l'Algérie, qui figure parmi les plus grands exportateurs de pétrole et de gaz, importe chaque année d'importantes quantités de...carburants !Rien qu'en 2012, près de 3 millions de tonnes ont été importées pour un coût global estimé à 3,8 milliards de dollars de carburants. Entre 2010 et 2011, les importations ont augmenté de 77 %, passant de 1,3 à 2,3 millions de tonnes. Pour un pays dont les exportations reposent à 97% sur les hydrocarbures, importer de l'essence et du gasoil est tout sauf compréhensible.«C'est comme si on exportait des pommes de terre et on importait des frites», résume un internaute sur un forum de discussions. Pour le premier responsable de la compagnie nationale Sonatrach, Abelhamid Zeguine, cette situation n'est pas vraiment inquiétante dans la mesure où «pour une tonne de gasoil importée, on exporte l'équivalent de 3 tonnes de pétrole de brut, ce qui fait que la différence à payer n'est pas très importante».Peut-être que la différence à payer n'est pas importante effectivement, mais le fait est là : nous avons tout ce qu'il faut pour produire tous les carburants dont nous avons besoin, mais nous ne le faisons pas. Pourquoi ' La raison est toute simple : nous n'avons pas investi dans les raffineries. En effet, aucune usine de production de carburants n'a été construite au cours des dix dernières années.Certes, plusieurs projets ont été annoncés, mais aucun n'a été concrétisé jusque-là. Pourtant, ce ne sont pas les moyens qui manquent. Certes, un programme de réhabilitation des raffineries existantes et de construction de nouvelles usines a été lancé, mais il n'est pas certain que la production nationale répondra à l'offre, surtout quand on sait que le parc automobile national s'agrandit d'année en année. Et qui dit augmentation du nombre de véhicules dit augmentation des besoins en carburants.A titre indicatif, pas moins de 14 millions de tonnes d'essence et de gasoil ont été consommés en 2012 par les quelque 5,27 millions d'automobiles recensées. Quand on sait que 500 000 nouvelles voitures sont écoulées en moyenne chaque année par les concessionnaires automobiles, on imagine mal les importations de carburants prendre fin de sitôt.Cela d'autant plus qu'une partie de l'essence et du gasoil que nous importons part chez nos voisins marocains et tunisiens. A ce propos, la radio tunisienne Express FM a rapporté récemment qu'un quart du carburant consommé en Tunisie provient d'Algérie. De son côté, le président de l'Association marocaine de protection des consommateurs de l'Oriental (Apco) a révélé que pas moins de 15 000 Marocains vivent de l'argent provenant de la revente du carburant... algérien !