Algérie

Beaucoup de ministres, peu de cohérence



Scrutée de près et plus que de coutume par l'opinion nationale, la formation du nouveau gouvernement incite finalement davantage au doute et à l'appréhension qu'à la confiance et l'espoir en un changement réel de gouvernance politique et économique.En attendant sa déclaration de politique générale, qui sera sans doute largement inspirée du programme électoral du président Abdelmadjid Tebboune, la nouvelle équipe gouvernementale, censée être "de compétences", semble a priori orientée avant tout ? du moins de par sa composante ? vers la prise en charge de l'urgence économique, dans un contexte général de tassement aggravé de l'activité et de confiance rompue entre les institutions et les opérateurs.
Certes, l'urgence est réelle et la nécessité d'y faire rapidement face pour sauver ce qui peut encore l'être est effectivement une priorité nationale, au vu surtout de la crise sociale qui menace et des conséquences fâcheuses que celle-ci pourrait faire peser sur la situation politique, déjà fort peu favorable. Sauf qu'à observer de près la composante et la structuration du nouveau gouvernement censé gérer cet "état d'urgence économique et social", l'on ne peut qu'être réticent quant à l'efficience de l'action qu'il pourrait déployer et mettre en ?uvre dans les mois à venir.
De prime abord, il est à craindre d'abord que la pléthore de ministres, de ministres délégués et de secrétaires d'Etat, soit une "foule" de 39 hauts fonctionnaires en tout, ne corresponde qu'à autant de petits centres de décisions atomisés et confus, qui donneraient lieu, comme par le passé, à une déconnexion dommageable entre différents services de l'administration, avec au bout le risque d'une gestion complètement incohérente de la politique d'ensemble.
Face à des enjeux majeurs, telle que la nécessaire régulation du commerce extérieur, la maîtrise des importations et la lutte contre la fraude et la surfacturation, il est ainsi peu cohérent que les futures actions à mettre en ?uvre en ce domaine soient éparpillées entre un grand ministère du Commerce et un autre délégué au commerce extérieur.
Et il en est de même pour l'autre enjeu non moins capital, qui est la relance de l'industrie locale pour réanimer la sphère productive, et dont la supervision sera désormais dispersée entre un grand portefeuille pour l'Industrie, un autre pour la microentreprise et deux autres ministères délégués chargés respectivement des start-up et de l'industrie pharmaceutique.
Autant de ministres en somme, qui risquent de donner lieu à autant d'interférences et de confusions, voire à de graves lenteurs dans la prise de décisions, alors que l'Exécutif dans son ensemble ne dispose, pour faire face à l'urgence économique, ni d'assez de temps ni d'assez de ressources financières.


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