Algérie

Beaucoup de dépenses pour peu de résultats Croissance économique en Algérie



Beaucoup de dépenses pour peu de résultats                                    Croissance économique en Algérie
A peine 2,5% de croissance en 2011 et presque autant (2,6%) au titre de l'année 2012, c'est assurément trop peu pour garantir un minimum de nouvelles embauches et maintenir un pouvoir d'achat à même de stimuler la consommation des ménages. C'est pourtant tout ce qu'a pu offrir durant ces deux dernières années notre économie, essentiellement tirée par les programmes étatiques de développement.
Ce sont, en effet, pas moins de 500 milliards de dollars, soit environ 3 fois le produit intérieur brut, que l'Etat a consacrés sans discontinuité à la croissance depuis ces dix dernières années, pour n'obtenir au bout du compte que de piètres résultats en termes de remise en ordre de l'économie et d'ouverture de perspectives de développement. En dépit de l'abondante saignée du trésor public qui finance une part non négligeable des programmes publics, les retombées bénéfiques et durables sur la croissance restent mitigées. Un coup d'arrêt des financements publics et c'est toute la dynamique de développement qui s'arrête comme foudroyée.
Les entreprises comme les citoyens n'interviennent en effet que pour prendre une part de cette pluie de dinars générée par les budgets alloués à la réalisation de milliers de projets à travers tout le territoire national. Les entreprises comme les citoyens ne sont en effet que parcimonieusement associés à la promotion de projets financés avec leurs propres ressources, notamment lorsqu'il s'agit de projets industriels susceptibles de générer de la valeur ajoutée. Les ressources allouées à la croissance étant en grande partie prélevées de la rente d'hydrocarbures, la valeur ajoutée escomptée reste faible d'autant plus que l'essentiel des budgets affectés au développement sont captés par des importateurs et des sociétés de réalisation étrangères.
Les capitaux algériens alloués à la croissance profitent de ce fait beaucoup plus aux économies étrangères qu'à celle de l'Algérie. La facture annuelle d'importation qui avoisine les 50 milliards de dollars et celle relative aux prestations confiées à des sociétés étrangères qui empochent environ 15 milliards de dollars chaque année sont les conséquences les plus visible de la dérive de cette stratégie de la croissance presque tirée exclusivement par le budget de l'Etat.
Sans être parvenue à impulser une croissance forte et durable à son économie, l'Algérie en est réduit à devenir, non seulement, un gros importateur de marchandises et services qui ruine chaque année un peu plus son potentiel industriel, mais pire encore, un importateur net de main-d''uvre au détriment de sa population active. Les ressources de l'Etat allouées à la croissance ont effectivement la particularité d'être peu utiles au développement de l'économie productive, puisqu'à peine 7% des budgets destinés au soutien de la croissance concernent l'industrie.
Des ressources peu utiles au développement de l'économie productive
Les maigres ressources financières allouées à ce secteur sont de surcroît essentiellement destinées à la «veille économie», à savoir les vieilles entreprises publiques que l'Etat renfloue périodiquement à coups de centaines de milliards de dinars, engloutis comme on le sait dans d'inutiles opérations d'assainissements financiers. Les 700 milliards de dinars qui leur ont été octroyés auraient, à l'évidence, gagné à être alloués à la «nouvelle économie», autrement dit aux entreprises publiques et privées de nouvelle génération qui ont besoin de capitaux frais pour moderniser leur management et leurs moyens de production, à l'effet d'obtenir un surcroît de performance notamment à l'exportation.
Le recul de l'outil national de production qui en a résulté a, à l'évidence, fait le lit des importateurs dont le nombre avoisine aujourd'hui 50 000 et de la consommation de produits étrangers qui a pratiquement quintuplé, aussi bien en volume qu'en valeur durant ces cinq dernières années. De ce fait, les taux de croissance économiques enregistrés durant cette période ne sont jamais arrivés à atteindre 3%, alors que de l'avis de tous les experts en économie les dépenses engagées (près de 400 milliards de dollars) prédestinaient le pays à faire progresser son PIB d'au minimum 7% chaque année. C'est ce qui a fait dire à bon nombre d'entre eux que les points de croissance enregistrés par l'économie algérienne sont obtenus à un coût exagérément élevé. Toujours selon ces experts, l'Algérie dépenserait deux fois plus qu'il n'en faut pour, en définitive, obtenir deux fois moins de croissance.
Au risque de perpétuer des résultats aussi décevants et dangereux pour l'avenir du pays, des corrections devraient rapidement être apportées à la stratégie de soutien à la croissance en vigueur. Le groupe de réflexion chargé par le nouveau ministre de l'Industrie de faire des propositions allant dans ce sens devrait au minimum préconiser au gouvernement d'allouer davantage de ressources au développement du potentiel industriel, à la mise à niveau du tissu industriel existant, à la formation qualifiante et à la recherche-développement. Les entreprises publiques et privées locales de production et de services devraient par ailleurs être privilégiées pour l'octroi des marchés publics. Le budget de l'Etat pour l'année 2013 étant pratiquement finalisé, il est très peu probable que de telles recommandations soient prises en compte dans cette prochaine loi de finances. Le statu quo a donc toutes les chances de perdurer au détriment de la croissance.


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