Photo : S. Zoheïr
Par Hassan Gherab
Un festival, c'est bien. Ça permet de faire connaître les dernières créations du genre auquel il se dédie. Mais pas seulement. Car, en assurant une audience aux productions, il se pose comme un stimulant pour les créateurs. Par conséquence, il encourage la production artistique.Ainsi, un festival est, d'abord, un événement cristallisant une activité culturelle donnée dans une ville, une région, un pays, voire le monde, quand il prend une dimension internationale. Il est donc une résultante, un panoramique, de la vie artistique. C'est ce statut de vitrine culturelle qui fait qu'un festival se pose, ensuite, comme un adjuvant, un catalyseur, pouvant impulser une réaction en chaîne dont le résultat sera une explosion de productions artistiques et d'activités culturelles. D'ailleurs, en marge des festivals, les organisateurs tiennent souvent des ateliers, des masters class, des tables rondes, des colloques d'où on sort, si ce n'est avec une formation, du moins avec des recommandations pour orienter, animer et organiser la vie culturelle. En un mot, pour enclencher une dynamique. Mais «enclencher» seulement.Car, comme le dit si justement Coluche, dans la vie, le tout n'est pas d'avoir des bagages, faut-il encore avoir où les poser. Encourager la création artistique et arriver à produire des 'uvres ne sert à rien si on n'a pas où les présenter. La dynamique ainsi enclenchée s'arrêtera net, butant contre le manque de segments qui véhiculeraient les produits artistiques. La preuve de l'inanité d'une telle dynamique est apportée par la centaine de festivals que l'Algérie a institutionnalisés. Chaque ville, sinon chaque région du pays a, au moins, un festival thématisé ou spécialisé, local, national ou même international. Une bonne place y est réservée pour les productions nationales. Responsables et organisateurs (commissariats) de ces rendez-vous artistiques et autres méga manifestations évoquent souvent l'après-festival qui sera, promettent-ils, un prolongement de la manifestation. On a même entendu parler de «locomotive» et de «mise sur les rails» d'une dynamique culturelle. Mais bien vite, la fièvre festivalière passée, le soufflet retombera et on se rendra compte que la mayonnaise n'a pas pris et qu'on est finalement revenu à la case départ.Pourtant, de nombreuses associations, formations artistiques et artistes, qui veulent toujours y croire, s'engagent et s'efforcent de concrétiser cet après-festival et l'entre-deux festivals en produisant ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont. Mais, quand leurs produits sont intégrés au programme de tel festival, manifestation, célébration ou rendez-vous conjoncturel, ils ne font qu'un petit tour et s'en vont. Combien de films, de pièces de théâtres, de spectacles de danses ou d'expositions ont été montés pour n'être vu qu'une fois avant de disparaître. Ils ne tournent pas. La raison en est simple : insuffisance des infrastructures et des budgets, mais aussi, et surtout, manque d'initiative et d'imagination des responsables qui se contentent de remplir les programmes officiels sans chercher à améliorer l'ordinaire de leur public, si tant est qu'ils en aient. Car les cinémas, les théâtres et les salles de spectacles ne sont visités qu'à l'occasion de' Et ce n'est pas ainsi qu'on peut former un public, une génération, qui s'intéresse à la culture, en étant conscients de sa valeur éducative, sociale, identitaire' politique.
Posté Le : 03/11/2011
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : H G
Source : www.latribune-online.com