Algérie

Beau d'en-haut, aveugle d'en bas !


Beau d'en-haut, aveugle d'en bas !
Il n'y a pas à être navré ou perplexe, le système qui ne changera pas c'est ça. Hna ! Hna ! C'est comme ça, à admettre ou à réfuter !
Perverti en nihiliste par la triple révolution du moustachu au burnous qui voulait en pétrir un homme nouveau, l'Algérien reste capable de tout. Même plus du pire que du meilleur. Il peut brûler sa ville après une banale défaite de son équipe locale ou nationale. Il peut détruire sa mairie, sa Sonelgaz ou son Algérienne des eaux, sous le prétexte de protester contre les tares de sa Maman l'Etat qui lui offre son service qui relève justement de ces structures saccagées par les casseurs.
C'est-là une logique typique acquise de la colère destructrice qui nous habite, à défaut de logement, d'emploi, ou d'humeur bonne au mauvais moment. Cette réaction qu'on n'a pas encore comprise d'en-haut est valable aussi bien pour les émeutiers que pour les déserteurs de leur bled par voie de mer. Sans être fou, on peut prendre le risque fou de cracher sur sa mère-patrie et prendre la mer à 30 passagers sur une felouque de six places. On ose l'aventure alors que Maman l'Etat garantit le plein emploi dans le pré-emploi ou le filet social. Sous des lunettes officielles, l'incompréhension parait totale, sans comprendre que la coupure est totale entre gouvernés et agouvernants. Entre les deux la langue de bois des uns n'est pas celle des autres. Les normes, les repères et les attentes ne sont plus les mêmes, et les deux mondes ne partagent ni valeurs, ni ambitions, ni projets.
Là où ceux d'en-haut trouvent leur gêne par ces crimes et délits de la marche à contre-sens, de la casse d'édifices et de la brulure de la mer ou de son corps, les Algériens d'en bas trouvent leur canal pour dire leurs grands désespoirs. Le chaos a dépassé le seuil du tort et de la raison, et la fracture ne fait qu'enfler.
Deux autismes se regardant, voilà à quoi ont abouti 50 ans d'enfourchement d'une majorité de plèbe par une heureuse minorité d'héritiers de leur Algérie. Quiconque mécontent utilise le moindre prétexte d'un wali qui ne sourit pas, d'un maire corrompu jusqu'au cou, ou d'un sbire qui ne répond pas à une requête, pour brûler son APC, barrer la route de son douar oublié en brûlant des pneus, ou casser tout ce qui porte l'odeur de sa Maman l'Etat. Dans l'autre camp qui a en main le Pouvoir, on découvre le sommet de l'étonnement par la surdité d'une société civile qu'on a soi-même fabriquée pour dialoguer. On s'y demande pourquoi autant d'amas d'associations restent incapables d'arrêter la furie des enfants quand ils se déchainent dans leur chahut. Bizarre dans leur tête d'officiels qu'on ait enfanté autant de comités de quartiers, d'associations, de ligues ou de fédérations, qui se révèlent d'aucune utilité, à part celle de bouffer les subventions. C'est-là l'étonnement qui suscite le même étonnement de l'autre côté de la cassure : Siadna d'en-haut n'ont-ils pas encore compris que cette masse de baltaguiyas agrées est la création de leurs propres services ' Ignorent-ils que ce qu'ils appellent société civile a été fabriqué de toutes pièces pour qu'il occupe le rôle de simple clientèle de la bureaucratie décentralisée '
En réalité, quand les maitres du haut sortent d'Alger, et vont voir cette société de faux, ils devraient savoir qu'en fait, ils se parlent à eux-mêmes. C'est pour cela que tout leur semble beau et heureux, en dehors de l'autre Algérie, celle des harraga, de la marge et des perpétuels grognards, qui ne rencontre ni wali ni vizir. Et qui se convainc que la cime est aveugle à son égard !
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