Batna, ville fantôme au deuxième jour de l'Aïd Batna : les autres articles

Dimanche, premier jour de l'Aïd, aucun service minimum n'a été assuré.
Les rares magasins ouverts étaient quelques échoppes de fruits et légumes qui n'ont pas pu écouler leurs marchandises la veille à cause des prix exorbitants, et quelques kiosques multiservices, sinon rien. La dernière baguette de pain et le dernier sachet de lait ont été écoulés samedi en fin d'après-midi. En gens avertis, les citoyens se sont rués vers les magasins et ont fait le plein la veille. Les quelques naïfs qui ignoraient le rituel se sont fait avoir ; ils ont en vain sollicité les rares gargotes ouvertes de les dépanner avec une ou deux baguettes. Deuxième jour de l'Aïd, la ville de Batna semblait être désertée. Tous les magasins étaient fermés. Les rares rideaux levés étaient paradoxalement ceux des boucheries. Elles n'étaient pas ouvertes pour commercialiser leur produit, mais pour proposer leur savoir-faire en matière d'équarrissage. En effet, beaucoup de citoyens en mal de savoir-faire dans le domaine ont sollicité les bouchers qui, de leur côté, n'ont pas lésiné sur la contrepartie : 1000 DA par tête.
Autres temps, autres m'urs. C'est au moment où la société semble être gagnée par plus de religiosité qu'elle perd ses valeurs d'entraide. Il est de loin révolu le temps où c'était le voisin qui venait à votre secours ; d'abord pour égorger le mouton, ensuite le lendemain pour le couper. La circonstance a fait naître un nouveau métier, égorgeur-équarisseur. A Kechida, quartier périphérique de la ville de Batna, le citoyen a déboursé 2000 DA pour l'abattage et le lendemain 1000 DA pour le couper. Voilà comment les fêtes se suivent et se ressemblent. Il est plus que jamais temps que l'Etat sévisse. Les commerçants doivent être soumis à un cahier des charges et ils devraient respecter l'engagement d'être au service du client.