Ces arbres, qui représentent une véritable richesse à portée économique et sociale, sont ravagés par une maladie mystérieuse.
Les fellahs de la commune de Hidoussa, dans la daïra de Merouana, lancent un appel de détresse à tous les responsables du secteur de l’agriculture et ceux des forêts pour les aider à sauver ce qui reste de leurs noyers, en danger de dépérissement.
«Depuis environs deux à trois ans on a commencé à constater que nos noyers ne sont plus rentables comme ils l’étaient avant. Les feuilles tombent très tôt et ne donnent aucune chance au fruit de naître», nous explique Brahim Yakhlef, un des agriculteurs touchés par ce problème.
Il s’agit d’une richesse forestière et fruitière qui s’étend sur des dizaines d’hectares, traversant les communes de Nafla et R’haouet.
Actuellement les petits fellahs sont obligés d’abattre leurs noyers pour planter à leur place d’autres arbres fruitiers, des pommiers notamment.
«Ils (les petits fellahs) ne peuvent supporter plusieurs saisons de perte consécutives, mais il y en a, comme moi, qui ont d’autres terres et qui tiennent à leurs noyers; les miens je les ai plantés en 1973, je ne peux m’en débarrasser facilement; d’autres ont des arbres qui ont plus de 100 ans d’existence», poursuit notre interlocuteur.
Son ami Abdelaâli Maâche nous fera savoir que c’est sa famille, son arrière-grand-père en l’occurrence, qui a introduit le noyer à Hidoussa. L’arbre couvrira toute la région, notamment Nafla et R’haouet surtout.
La commune de Hidoussa est restée longtemps réputée par ses noix accompagnées de son miel préparées localement.
«Avant, un noyer à lui seul pouvait donner plus de trois quintaux de noix et de très bonne qualité. On en vendait et en offrait à nos visiteurs et ça n’en finissait pas», ajoutent nos interlocuteurs.
Les habitués de la région venaient et continuent de venir chaque saison pour y acheter les noix, seulement ces dernières années ils sont déçus par les petites quantités qu’ils trouvent, et parfois il n’y en a pas du tout.
A l’APC de Hidoussa, l’on confirme ce problème qui nuit profondément aux bourses des petits fellahs. «On a contacté les autorités concernées, la direction de l’agriculture et le parc de Belezma ; une équipe technique a été envoyée et a fait des prélèvements; tout ce qu’on nous a dit après c’est que notre noyer a besoin d’être arrosé régulièrement avec des produits déterminés. Mais, le problème c’est que les noyers sont des arbres très hauts, dépassant les 20 mètres pour certains, comment pourrait faire un simple fellah pour l’arroser dans sa partie supérieure?», s’est interrogé le vice-président d’APC, Driss Bouaâli.
Responsabilités partagées
Pour les agriculteurs, l’Etat doit intervenir avec des moyens importants pour sauver leurs noyers qui sont devenus, en plus de leur portée économique, une empreinte culturelle de la région.
«On égouttait nos noix dans notre miel local et ça avait une saveur unique qui faisait venir les gens de partout, c’était notre symbole d’hospitalité locale avec le lait et le beurre préparés à la maison et la bonne galette chaouie», raconte le vieux moudjahid Cherif Alouache.
Pour Issa Lâabed, ancien cadre du parc de Belezma, il y a des fellahs qui sont aussi responsables du risque de disparition du noyer de la région de Hidoussa.
«Avant que je ne quitte le parc, il y a environ cinq ans, le noyer se portait à merveille et il y avait de très bonnes productions avec des noix de grand calibre. Mais certains fellahs, plus intéressés par la rentabilité, ont commencé à abattre leurs noyers pour les vendre sous forme de bois ou de mesouak, puis les remplacer par des pommiers productifs au bout de trois ans au maximum», indique-t-il.
Ce connaisseur de la région a toujours insisté sur la nécessité de préserver ces noyers même s’il ne produisent pas, «rien que pour l’esthétique paysagère; ils se marient à merveille avec la nature montagneuse de Hidoussa et c’est devenu avec les années, un écotype propre à la région, c’est un arbre mixte à caractère fruitier et forestier».
Et d’ajouter: «Lors de la dernière visite du ministre de l’Agriculture à Hidoussa, en 2002, l’on avait soulevé la nécessité de préserver le noyer dans la région, et celui-ci avait exigé que des recherches soient faites pour une intervention rapide, mais on attends toujours ».
Avec les nombreux programmes mis en place par le ministère de l’Agriculture pour le développement agricole et le reboisement des zones forestières, il serait temps d’intervenir pour sauver ce qui reste des noyers de Hidoussa.
Ferdaous Rayan
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Posté Le : 19/10/2011
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Ferdaous Rayan
Source : El Watan.com du mercredi 19 octobre 2011